Alors que la réalité est déjà anxiogène, nous continuons à dévorer films, séries et romans « catastrophe ». C'est bizarre mais c'est pour notre bien.
La situation nous impose d’être confinés, et pour beaucoup angoissés. Dans ce contexte, on aurait pu croire que la fiction nous aiderait à nous changer les idées. Pour éviter de penser à la crise dans laquelle nous sommes, on aurait pu croire qu’on se tournerait vers nos films et séries préférées, déjà visionnés de nombreuses fois. N'importe quoi qui ne parlerait pas de virus ou de fin du monde. Et pourtant, à l’image de Contagion de Soderbergh, les films et livres catastrophe sont plus populaires que jamais.
La fiction pour mieux comprendre la réalité
Dans un article publié sur Medium, la journaliste et autrice Sady Doyle nous éclaire sur notre appétence pour la fiction apocalyptique dans une réalité déjà bien sombre. Pour comprendre une situation nouvelle, nous la comparons généralement à d’autres situations connues. Mais en ce qui concerne la pandémie de Covid-19, les éléments de comparaison nous manquent. La grippe de Hong-Kong qui avait fait 31 000 morts en 1969 était passée quasiment inaperçue en France et n’a pas fait l’objet d'un confinement. Il faut donc remontrer jusqu’à la grippe espagnole de 1918 pour se trouver face à un véritable scénario catastrophe qui avait mené au confinement d’une partie de la population aux États-Unis. Plus d’un siècle après, la fiction est donc le moyen le plus accessible pour comprendre notre situation.
Regarder des films catastrophe pour se sentir mieux
Se plonger dans la littérature apocalyptique aurait également un effet cathartique. En mettant des mots ou des images sur nos angoisses, la fiction nous permet de mieux affronter les difficultés à vivre pendant la crise. Et même à simplement comprendre que nous sommes dans une situation de crise. Pour Sady Doyle, ces œuvres de fiction nous aident à « penser l’impensable », à imaginer des désastres dont l’impact nous dépassent.
Ne pas confondre les œuvres de fiction avec des manuels de survie
De la même façon que la Cli-Fi, le dérivé écologique de la science-fiction, nous pousse à modifier nos comportements, la fiction « catastrophe » nous donne des clés pour réagir. Mais attention à ne pas confondre un blockbuster hollywoodien et un manuel de survie pour la fin du monde. Dans un article publié sur The Conversation, Katherine Shwetz explique que la fiction apocalyptique est plus un moyen de réfléchir à notre société qu’une façon de gérer la crise. La littérature comme le cinéma permettent de mettre en lumière la façon dont un virus « amplifie des peurs complexes et diverses à propos des changements dans nos communautés et dans le monde. » Et ça, c’est toujours utile. Avant, pendant et après une crise.
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