Lancée anonymement sur Instagram, la pétition qui dénonce le diktat des tailles dans le milieu de la mode a déjà récolté plus de 15 800 signatures.
Ce cri d’alerte a été posté le 30 août sur le compte Instagram @shitmodelmgmt. Défenseur anonyme des victimes de l’industrie de la mode, il s’était déjà fait connaître il y quelques années pour avoir incité les mannequins à dénoncer les abus sexuels perpétrés par des designers, des photographes, des agents et des directeurs de casting. Ce sont les standards de taille inatteignables imposés aux modèles que dénonce aujourd’hui le compte aux plus de 166 000 abonnés. À la clé, une pétition qui appelle à un réel changement de la part des marques et des créateurs.
Des standards de maigreur inatteignables
« Il n'y a absolument aucune réglementation suivie dans l'industrie du mannequinat, alors je suppose que je vais jouer selon mes propres règles, poursuit le compte lanceur d’alerte. (...) Il est temps de responsabiliser les concepteurs pour les dommages qu’ils causent. »
Selon un sondage mené auprès de 4 481 de ses abonnés, @shitmodelmgmt estime que 65% auraient déclaré souffrir d’un trouble alimentaire lié aux injonctions esthétiques du secteur et à la modélisation des vêtements. De même et sur 4 753 d’entre eux, 79% auraient été forcés de perdre du poids pour obtenir un emploi ou se faire caster. D’autres enfin déclarent avoir été forcés de restreindre leur alimentation et admettent qu'au moins une personne dans l'industrie de la mode a déjà parlé de leur corps de façon négative.
« Je sais que mes enquêtes ne font pas office d’études scientifiques, précise le compte, je pense cependant que je me base sur un échantillon de modèles signifiant. »
Produire moins, mieux et pour de vrais corps
Selon I-D, les mensurations standards imposées aux mannequins haute couture (32 / 24 / 34 pour 1m80 environ) remonteraient à la Seconde Guerre mondiale, période à laquelle la pénurie de tissu a forcé les créateurs à se baser sur des corps plus minces pour optimiser la rentabilité de la production.
Une mesure qui n’a que peu changé depuis, rappelle le magazine. En 2018, le créateur Tom Ford déclarait : « Il y a une raison pratique pour laquelle la plupart des modèles sont de la même taille, cela s'appelle une collection d'échantillons (...), soit une sélection de mesures normalisées pour les modèles. »
En France, la question de la maigreur sur les podiums avait été timidement abordée en 2017 lorsque Kering et LVMH avaient affirmé bannir les mannequins taille 32 (chez les femmes) et 42 (chez les hommes) de leurs défilés. Alors que l’industrie s’essaye à plus d’inclusivité en matière de tailles, de couleur de peau et de genre, il semble qu’il y ait toujours un problème au cœur du réacteur...
Mais surtout, lorsque je les regarde, faméliques, tristes, cernées, sortant de je ne sais quel conflit mondial majeur, la marque qu'elles portent NE ME FAIT PAS DU TOUT ENVIE. Je me sens en rupture totale avec la démarche de ces marques. Est-ce qu'on porte des vêtements pour en mourir ou pour se faire plaisir et se sentir belle ? En outre, je n'accepte pas ce diktat de la maigreur que les marques imposent aux mannequins, dans lesquelles je suis supposée me projeter. Par solidarité féminine, je dis NON, STOP, arrêtez votre tyrannie. Arrêtez de considérer les femmes comme des tas d'os qui n'ont pas le droit au plaisir, au sourire, à jouir de la vie, tout simplement !