« Cheugy » or not « cheugy » ? Telle est la question sur TikTok

« Cheugy » or not « cheugy » ? Telle est la question selon la GenZ

© Mean Girls (2004)

Les jeunes Américains ont un nouveau mot pour qualifier le style et les tics de langage passés de mode de leurs aînés millennials, et c’est sur TikTok qu’ils s’en moquent le mieux. 

Comment appelle-t-on une personne qui porte encore des Uggs à 30 ans, collectionne les citations clichées telles que « vis, ris, aime », possède un porte-clés à l’effigie des Minions et porte des jeans slims avec option t-shirt imprimé « rock’n & roll » ? 

#Cheugy

Sur TikTok, de jeunes utilisateurs américains s’emparent de ce néologisme peu flatteur pour décrire le style de leurs aînés millennials, soit des individus généralement nés entre le début des années 1980 et la fin des années 1990.

« Cheugy » , soit littéralement « ringard », « passé de mode » ou « basique » en français, incarnerait le contraire de tout ce qui est tendance, selon Urban Dictionnary : « Élégant au collège et au lycée mais plus à la mode. Utilisé lorsque quelqu'un suit toujours ces tendances obsolètes. Cela peut inclure, mais sans s'y limiter, la mode, les habitudes sur les réseaux sociaux, l'utilisation de l'argot, etc. »

Selon le New York Times, c’est Gaby Rasson, une développeuse Web de 23 ans qui aurait inventé le terme en 2013. Alors qu’elle est encore au lycée, elle tente de définir le style de certaines personnes qui semblent toujours être à rebours de la tendance, en décalage ou qui essayent, mais échouent à être vraiment dans le coup. 

Hallie Cain, une jeune femme de 24 ans, résume bien le phénomène dans une vidéo TikTok :

@webkinzwhore143

Expand 👏 your 👏 vocabulary 👏 to 👏 include 👏 made 👏 up 👏 words 👏#greenscreen #cheugy #cheug

♬ original sound - Hal

Le terme est aujourd’hui plus largement associé à toute forme de ringardise, bien que le style de vie du début des années 2010 et les femmes de la génération Y soient le plus souvent visés. 

Moqueries de bonne guerre

« “Cheugy” n’est que le dernier d'une longue série de termes de niche sur Internet, grâce auxquels les gens s’amusent à catégoriser des archétypes très spécifiques », commente le New York Times, le plus souvent au travers de mèmes et de publications façon « starter pack ».

Parfois considéré comme une énième façon de se moquer systématiquement des femmes, le terme est pourtant devenu le marqueur de certaines différences générationnelles entre Z et Y. Pour beaucoup d'utilisateurs, la tendance est aussi l'occasion de faire preuve d'autodérision quant à leurs années lycée. Des stickers pour ordinateur, aux robes de bal promo, en passant par l'iconique collier au ras du cou, l'univers #cheugy de TikTok, qui cumule plus de 93 millions de vues, incite les jeunes à donner leur avis sur ce qu'ils considèrent comme passé de mode.

Parmi les archétypes « cheugy » des millennials français, on pourrait se risquer à replonger dans l’esthétique Skyblog des années 2000 ou dans les tréfonds de MSN, cette plateforme de chat où des émoticônes enflammés, ancêtre de nos emojis légèrement plus pudiques, régnaient en maîtres. Au collège et au lycée, ce sont sans doute des baskets Converse et des sacs à dos Eastpak dont il faut se souvenir, en particulier ceux sur lesquels copains et copines ont dessiné ou écrit les pires mièvreries. 

« Cheugy » un jour, mais pas toujours

Mais que l’on se rassure, tout finit par être « cheugy » un jour ou l’autre, s’accordent à dire la plupart des jeunes détracteurs. Parfois, ce qui l'est un jour revient à la mode le lendemain, comme ces pantalons de jogging en velours, considérés comme le summum du « ringard cool », illustre Hallie Cain dans un commentaire en dessous de sa vidéo. Trop « cheugy » la ceinture « G » de Gucci ou la robe bustier en satin ? Attendez de voir demain...

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.

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