
Comment passe-t-on d’une fabrique de jelly anglaise à un studio de design complètement barré ? Sam Bompas, fantasque co-fondateur de Bompas & Parr nous explique.
Dans la série des entrepreneurs excentriques so british, nous vous parlions déjà de Mr Bingo, cet artiste qui insulte ses fans par carte postale à coups de dessins trashy. À Londres, il y a aussi Sam Bompas et Harry Parr, deux copains à la tête du plus rocambolesque des empires food depuis 2007. À la croisée entre cuisine, magie, design, art et sciences, leur studio de design culinaire cartonne, tant chez les marques que dans les musées. Leur secret ? Avoir transformé leur passion et leur imagination sans limite en un business fun et florissant.
« Je crois que mon estomac peut tout encaisser, j’aimerais passer mon temps à boire et manger »
Pour la faire courte, Sam et Harry se sont rencontrés à 13 ans. Ils allaient à l’école ensemble et jouaient dans le même orchestre. L’un a fait des études d’architecture, l’autre a suivi le chemin du marketing. Mais ils se sont trouvé un terrain d’entente : l’amour de la cuisine et le plaisir de partager un repas.
« Nous avons toujours eu de grandes ambitions quant aux secteurs de l’alimentation et des boissons. D’une entreprise fabricant de la jelly où nous imaginions déjà des concepts un peu dingues et impossibles à fabriquer (les deux se sont notamment fait remarquer en fabricant des monuments connus à partir de gelée, ndlr), nous sommes aujourd’hui un studio de création multi-sensoriel, nous explique Sam Bompass. Nous pouvons aujourd’hui contrôler tous les aspects d’un repas : le son, les couleurs, la musique, l’odeur, les perceptions, émuler tous les sens en fait ». Nous faire manger de la nourriture augmentée en somme !
Parmi leurs projets les plus fous pour des marques, un feu d’artifice multi-sensoriel fait de confettis de banane comestibles et d’explosifs rouges à l’odeur de fraise, un nuage habitable de gin & tonic ou encore un bar à cocktails niché dans un lagon sous-marin en plein Westfield, à Londres… à en croire le fondateur, si tout ce qu’il y a de plus fou a été fait, il reste encore à faire.
À la question « est-ce que bâtir votre boîte était un rêve de gamin ? », il rétorque illico : « oh mon dieu… non ! Mais manger, boire, aimer ce qu’on fait, oui. Nous avons créé cette entreprise pour partager notre passion avec les gens. Aujourd’hui, je crois que mon estomac peut tout encaisser, j’ai envie de passer mon temps à boire et à manger… »
La preuve, les deux entrepreneurs ont même fondé le British Museum of Food, une institution culturelle consacrée aux évolutions de l’art culinaire, à sa science, son histoire et à sa magie. À terme, Harry Parr et Sam Bompas aimeraient qu’elle devienne un acteur majeur de la ville, peut-être même « un musée de renommée mondiale ».
Un laboratoire de recherche en guise de cuisine
Chefs cuisiniers, scientifiques, architectes, designers, vidéastes, motion designers, marketers et même psychologues… le studio regorge de spécialistes hétéroclites. Quitte à troubler nos perceptions gustatives, autant miser sur différents talents et approches du goût. « Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine, sans compter les intervenants auxquels nous faisons appel à l’extérieur, explique Sam Bompass. Cela nous confère une approche plus spécifique en fonction de chaque projet, plus de contexte, de compréhension, d’insights ».
Au studio, on passe des journées à designer des projets, à déambuler dans les rues à la recherche d’idées insolites ou à rencontrer des entrepreneurs en tout genre. En cuisine, on expérimente sans relâche et l’on teste de nouvelles recettes. Qu’il s’agisse de meringues géantes ou de glaces qui ne fondent jamais, rien n’est jamais trop extravagant. « Pour forger de bonnes idées, il faut du temps et de la recherche, souligne Sam Bompass. C’est pour cela que j’engage tout le monde à partager ses idées et à travailler sur chaque brief client ».
Londres, un vivier bouillonnant de créativité
Tout, de la manière dont les deux fondateurs s’habillent aux expériences épiques qu’ils proposent aux marques, est millimétré. Millimétré mais toujours sensationnel, avec la dose d’humour qui convient !
« La clé, c’est d’être enthousiaste tout le temps, d’avoir des idées en boucle et de savoir les présenter de manière attractive, explique le fondateur. Nous avons le souci du détail et sommes du genre à vouloir innover sans cesse. Le week-end, je passe mon temps à regarder ce qu’il se passe ailleurs. Pour créer en permanence et éviter de faire la même chose, on est obligé de savoir ce que font les gens, ce qui les anime, ce qui résonne chez eux culturellement. Londres est l’endroit idéal pour le faire, c’est une véritable machine à créativité et à divertissement ! »
Entre deux crèmes glacées ratées, les deux fondateurs prennent aussi le temps de monter sur scène pour raconter leur histoire et donner des conseils aux entrepreneurs en herbe. Leçon numéro une : « quand tu as une idée, donne-toi vraiment les moyens de la mettre en œuvre. » C’est bête et méchant, mais manifestement pas logique pour tout le monde. « Ça peut avoir des conséquences que tu n’imagines même pas ! Un peu comme durant un stand-up. Le moment le plus drôle est souvent celui auquel tu ne t’attends pas et qui est provoqué par un trouble-fête dans la foule ». Leçon numéro deux : « ouvre-toi à l’imprévu. Laisse ton environnement te déstabiliser et être TON trouble-fête ! » Vous voilà parés.
(Photo : Bompass & Parr pour Heinz)
Participer à la conversation