Adelaide Damoah -MTArt

Contre « l’effet » Kim Kardashian, les artistes engagés montrent la voie

© Adelaide Damoah - MTArt

En croisade contre l’hyper-sexualisation et le narcissisme des réseaux sociaux, Marine Tanguy ne jure que par les artistes engagés pour nous désintoxiquer. À la tête de MTArt, à la fois galerie d’art et agence de talents, elle réussit à embarquer les marques avec elle.

Une fois, Marine Tanguy a tenté l’expérience, juste pour être sûre. Sur son compte Instagram, elle poste une photo de ses fesses pour comparer le taux d’engagement avec ses publications précédentes, sur lesquelles il n’y a que peu de nudité. Elle reçoit, en moyenne, 75% de vues en plus que d’habitude. Rien de surprenant à cela, explique-t-elle. En particulier dans un monde où « Kim Kardashian a plus d’influence que Le Louvre » sur les jeunes – les adolescentes surtout.

Dès lors, son combat est clair : l’art, plutôt que des paires de fesses, devrait régenter nos flux, aussi bien que notre quotidien. Il y va même de notre santé mentale.

Investir dans des artistes qui catalysent le changement

À 30 ans, cette Française basée à Londres est à la tête de MTArt, une galerie peu orthodoxe faisant la promotion « d’artistes visuels influents » et se spécialisant dans la gestion de talents. Et malgré son jeune âge, Marine Tanguy sait de quoi elle parle. Elle a dirigé sa première galerie à 21 ans et a ouvert la sienne à Los Angeles à 23 ans. En 2015, elle lance une agence hybride. Objectif : réunir des artistes au contenu inspirant et booster leur carrière intelligemment.

 
 
 
 
 
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Chaque mois, un comité de sélection passe en revue près de 200 portfolios. Mais attention, pas question d’intégrer l’agence sans être porteur d’une « vision forte ». Stéréotypes du genre, éthique du progrès, vies numériques, conflits sociaux… les thèmes abordés par les artistes résonnent avec l’époque.

Véritables stars de l’agence, Adelaide Damoah et David Aiu Servan-Schreiber sont là depuis le début. La première, cofondatrice du Black British Female Artists Collective, se décrit souvent comme « un pinceau vivant ». Se couvrant de peinture à l’huile à chacune de ses performances live, elle utilise son corps pour explorer les thèmes du féminisme, de la race et de l’identité. David Aiu Servan-Schreiber, lui, s’intéresse davantage à la préservation de l’environnement. Sa dernière série « Planet » interroge notre vision de la religion à une époque où nos prières mériteraient d’être adressées à notre propre planète.

 
 
 
 
 
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Être exposé à des contenus visuels constructifs augmente le bien-être

Pour Marine Tanguy, « une jeune fille de 15 ans » a besoin de ce type d’imaginaire, en particulier à l’ère des influenceurs et des contenus sponsorisés. « Le problème, c’est qu’on n’intègre pas le contenu au bon endroit, se désole la fondatrice. Une visite au musée ne pourra pas contrer les effets d’images néfastes et addictives. Plus le contenu est superficiel, plus les insécurités se renforcent, poursuit-elle, mais l’inverse est vrai aussi. » Preuve à l’appui. Il y a quelques années, la fondatrice conduit une étude qui la mène à un constat plus positif : 84% des personnes qui ont été quotidiennement exposées à des contenus visuels constructifs voient leur bien-être augmenter.

Ici, les marques peuvent avoir un rôle à jouer, en s’associant à la vision d’artistes dans la promotion de certains messages notamment. Grâce à MTArt, Adelaide Damoah est la première artiste noire à avoir fait figurer son travail dans une campagne de marque Chloé. L’évangélisation à des images plus saines se fait aussi du côté des agences et des influenceurs. À l’aide de M&C Saatchi et du photographe de mode Rankin, Marine Tanguy lançait l’initiative « Visual Diet », un ensemble de guidelines visant à responsabiliser créateurs de contenus et serial likers sur les réseaux sociaux. « Si nous sommes tous responsables des images que nous publions, chaque like est aussi une responsabilité », conclut Marine Tanguy.

Liker, c'est militer ?

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.

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commentaires

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  1. Avatar Stievenard dit :

    Je suis d'accord sur le fond. Pourtant Marine Tanguy s'est elle-même beaucoup mise en scène. Notamment pendant la période de sa grossesse où elle est allée jusqu'au nu. Je me suis juste posé la question : Un donneur de leçon ne devrait-il pas être également donneur d'exemple ? Peut-être n'ai-je pas compris la subtilité de son propos. Et je m'excuse de mon intervention si c'est le cas.

  2. Avatar Fanny dit :

    C'est vraiment drôle *.
    Marine Tanguy est l'archétype du narcissisme au grand jour. Elle mise sur son image pour incarner, à outrance, son agence. Agence tout juste épinglée par "Balance ton Agency", après Havas, Paul Marius et d'autres. Dans ce cas, les accusations sont : fraude fiscale, harcèlement moral et travail dissimulé. Mais sans doute un petit selfie dans un hôtel de luxe permettra-t-il de faire oublier tout cela.

    * Ce serait drôle si 28 personnes ne s'étaient pas manifestées comme victimes de ses agissements. Procès à suivre.

  3. Avatar Fanny dit :

    C'est vraiment drôle*. Marine Tanguy est l'archétype du narcissisme au grand jour. Elle mise sur son image pour incarner, à outrance, son agence. Agence tout juste épinglée par "Balance ton Agency". Dans ce cas, les accusations sont fraude fiscale, harcèlement moral et travail dissimulé. Mais sans doute un petit selfie dans un hôtel de luxe permettra-t-il de faire oublier toute cela et de désintoxiquer le web de ces allégations (avant le procès).
    * Ce serait drôle sans les 28 présumées victimes de ses agissements

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