Jeune femme sceptique devant un incendie

37 % des adolescents britanniques pensent que le changement climatique n'est pas si grave

Sur YouTube, les jeunes seraient influencés par une nouvelle génération de contenus de « déni climatique ».

Dans un rapport baptisé « Le nouveau déni climatique », le Center for Countering Digital Hate (CCDH), une ONG qui lutte contre la désinformation en ligne, observe un glissement : du « vieux déni », selon lequel le changement climatique ne se produit pas ou n’est pas d’origine anthropique, vers un « nouveau déni ». D'après ce dernier, les solutions climatiques ne fonctionnent pas, la science du climat et les mouvements climatiques ne sont pas fiables, et les effets du réchauffement climatique sont inoffensifs voire bénéfiques.

Discréditer les solutions en faveur de l’action climatique

Alors que les vidéos YouTube promouvant un nouveau type de déni climatique prolifèrent sur la plateforme, une enquête* alerte : un tiers des adolescents britanniques (37 %) estiment que le changement climatique est volontairement « exagéré » . Selon les chercheurs du CCDH, le phénomène résulte d'un changement de stratégie dans ce qu'ils appellent les « nouveaux récits de déni » autour de la crise climatique. Ces nouveaux récits qui remettent en question la science et les solutions au changement climatique représenteraient 70 % des vidéos sur le déni climatique, contre 35 % en 2018. « Les négationnistes du climat ne peuvent plus prétendre que le changement climatique ne se produit pas – ils ont donc modifié leur stratégie », indique le rapport.

Du « vieux déni » au « nouveau déni » : pourquoi ce glissement ?

Selon les auteurs, ce changement de nature du déni serait dû au fait que les preuves scientifiques sont désormais mieux acceptées et difficiles à contester : « Les scientifiques ont gagné la bataille pour informer le public sur le changement climatique et ses causes, c'est pourquoi ceux qui s'opposent à l'action climatique ont cyniquement mis l'accent sur la sape de la confiance dans les solutions et dans la science elle-même », explique Imran Ahmed, directeur général du CCDH. Il ajoute : « Les jeunes passent énormément de temps sur les plateformes de partage de vidéos comme YouTube. Ces nouvelles formes de déni climatique, qui ont proliféré rapidement au cours des six dernières années, visent à semer la confusion et à affaiblir le soutien du public à l’action climatique dans les décennies à venir. »

YouTube gagne des millions grâce aux comptes négationnistes du climat

En 2021, face à la pression des annonceurs qui refusaient que leurs publicités soient accompagnées d'affirmations inexactes sur le changement climatique, YouTube et Google propriétaire de la plateforme vidéo, avaient annoncé interdire les publicités et la monétisation de contenus de désinformation climatique. Aujourd'hui, le rapport constate que les règles de YouTube ne couvrent pas les nouvelles allégations de déni. Selon le CCDH, de grandes marques et des organisations à but non lucratif financent de nombreuses vidéos contenant de nouveaux messages de déni. « Des plateformes comme YouTube ont développé une technologie pour monopoliser l'attention des jeunes et ne devraient pas la diriger vers le déni du climat. Toutes les entreprises de médias sociaux doivent cesser d’amplifier et de profiter du déni climatique qui menace d’agir face à la crise la plus urgente de l’histoire de l’humanité. Le rapport New Climate Denial montre un changement inquiétant dans les tactiques utilisées pour faire dérailler l’action nécessaire pour éviter de nouvelles catastrophes », déplore Michael Khoo, expert en désinformation climatique chez les Amis de la Terre. Selon les auteurs du rapport la plateforme générerait potentiellement jusqu’à 13,4 millions de dollars (environ 12 000 euros) par an de revenus publicitaires provenant des chaînes publiant du contenu négationniste du climat.

Interrogé par The Guardian, un porte-parole de YouTube a déclaré : « Notre politique en matière de changement climatique interdit la diffusion de publicités sur du contenu qui contredit le consensus scientifique bien établi autour de l’existence et des causes du changement climatique. Les débats ou discussions sur des sujets liés au changement climatique, y compris autour des politiques publiques ou de la recherche, sont autorisés. Cependant, lorsque le contenu franchit la limite du déni du changement climatique, nous cessons de diffuser des publicités sur ces vidéos. Nous affichons également des panneaux d’information sous les vidéos pertinentes pour fournir des informations supplémentaires sur le changement climatique et le contexte provenant de tiers. » Toutefois, après avoir examiné le contenu signalé par le CCDH, YouTube reconnaît que certaines des vidéos partagées enfreignaient sa politique en matière de changement climatique et a supprimé les publicités qui y étaient diffusées.

*Enquête menée par la société de sondage Survation.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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