Après avoir rendu payant l’accès à son badge de certification, Twitter a fait face à un afflux de faux comptes parodiques se moquant ouvertement des marques. Récit.
Qui aurait pu imaginer que rendre payant le système de certification des comptes de Twitter pourrait casser la confiance sur ce réseau social ? Tout le monde… sauf Elon Musk apparemment.
L’humour est de retour sur Twitter
Mais le milliardaire s'est peut-être rendu compte de son erreur puisque, discrètement, il a coupé cette option payante vendredi 11 novembre après la déferlante de création de faux comptes parodiques ou trollesques ayant payé le fameux badge bleu. En effet, durant toute la semaine, de très nombreux petits malins se sont fait passer pour de grandes marques afin de mieux les moquer. Exemples ? L’exportateur de fruits Chiquitas qui en 1954 avait participé au renversement du président démocratiquement élu du Guatemala a vu un compte proclamer qu’il venait juste de renverser le président brésilien.
Le laboratoire pharmaceutique Elly Lilly a vu sa valeur boursière baisser de 6 % soit près de 20 milliards de dollars, après qu’un faux compte a indiqué qu’il rendait l’insuline gratuite aux États-Unis. Tesla, l’autre entreprise de Musk a aussi connu son moment de gloire quand un compte aux couleurs de la marque a annoncé qu’une de ses voitures avait « heurté les tours du World Trade Center ».
Les personnalités médiatiques ou politiques n'ont pas été épargnées. Après s’être abondamment moqué de Musk en faisant des comptes à son effigie, les trolls se sont attaqués à OJ Simpson à qui ils ont fait avouer le meurtre de Nicole Brown et Ronald Goldman et à Rudy Giuliani, l'ancien maire de New York, à qui ils font dire : « Je soutiens Kyrie Irving et Kanye West parce qu’une fois George Soros m’a poussé dans la rue et j’étais coincé sur le dos pendant plusieurs minutes comme une petite tortue ».
Quand à Mélania Trump, on vous laisse découvrir le tweet par vous-même.
C’était mieux avant ?
Face à un tel chaos, on pourrait en conclure que ces fameux badges avaient une réelle utilité. Or, il semble qu'un état des lieux offre une vision plus mitigée. Avant les initiatives brusques de Musk, le système de certification des comptes était assez opaque et pas forcément fiable. C’est ce que dévoile une étude inédite publiée par le chef de la recherche de l’institut Opinion Science, Pierre-Carl Langlais (sous le pseudo d’Alexander Doria). Dans un thread qui détaille une analyse de données, on apprend que la France comptait un très grand nombre de journalistes dans le rang des utilisateurs vérifiés, et ce, qu'importe leur nombre de followers. À l’inverse, certains activistes beaucoup plus influents comme la militante écologiste Camille Etienne (plus de 47 000 abonnés) ou le fondateur de Wikileaks Julien Assange n’avaient pas de badge.
S’il était conçu pour permettre d’identifier les personnalités marquantes utilisant le réseau de l’oiseau bleu, la certification ne semblait plus jouer ce rôle d’après Pierre-Carl Langlais. « Seulement 17 % des 7 653 comptes ayant posté en 2022 + de 10 tweets retweetés + de 100 fois sont vérifiés. Des comptes très visibles (comme @HugoDecrypte ) ne sont pas certifiés. » En revanche OpSi note que 62% des 500 personnalités les plus influentes du réseau sont vérifiées. Le badge bleu restait donc une sorte de « marque de noblesse » numérique, imparfaite et peu révélatrice. En revanche, une fois payante, la valeur que l’on pouvait attribuer à cette pastille a été totalement anéantie, ouvrant la porte aux trolls qui ont été les premiers à en profiter.
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