tiktok

Sur TikTok, les vidéos virales d'usines chinoises cachent une triste réalité

© TikTok

Sur TikTok, les vidéos hypnotiques montrant des ouvriers et des machines exécuter des tâches répétitives se multiplient.

Une rangée de gants verts plongée dans un bac de latex liquide gris, une ouvrière qui peigne des cheveux de perruque sur une planche à clous, un homme qui règle la hauteur de flammes de briquets… Sur TikTok, on trouve facilement de nombreuses vidéos estampillées ASMR ou oddly satisfying montrant des chaînes de productions dans des usines chinoises. Ce genre est très populaire, et le hashtag #factory compte plus de 930 millions de vues sur la plateforme.

Être fier de son travail

Filmée au téléphone portable par les ouvriers eux-mêmes, cette nouvelle tendance vidéo pourrait être interprétée comme une forme de documentation de leur travail quotidien. D’après Xinyuan Wang, un chercheur en anthropologie à l’University College de Londres interrogé par Rest Of The World, le smartphone est le premier achat réalisé par les masses d’immigrés chinois qui ont quitté la campagne pour venir travailler dans les villes. Le fait de filmer un travail répétitif (on parle de plus de 2 000 gestes identiques par jour) et fatigant permet de valoriser ce dernier à coups de likes et de vues. Mais une autre logique se cache derrière. 

Publicité déguisée

Comme pour les magnifiques vidéos de Li Ziqui qui montrent une campagne un peu trop idyllique, les images d’usines semblent faire partie d’un dispositif de propagande mis en place par les usines et les sites d’e-commerce. L’article de Rest Of The World a par exemple identifié la marque Bioa Mall derrière les vidéos de gants et de briquets. Cette manière de promouvoir ces produits cache d’ailleurs une autre réalité : la crise des matières premières et la fermeture de 19% des petits commerces du pays font monter une pression de plus en plus forte sur les ouvriers chinois. Ces derniers doivent alors mettre en scène leur efficacité pour éviter de voir leur emploi délocalisé dans les pays d’Asie du Sud Ouest.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire