
Qui n'a pas levé les yeux au ciel en voyant ces photos de citadins collés les uns autres publiées dans la presse ? Sauf que ces photos tiennent plus d'une mauvaise perspective que d'un non-respect des règles.
Depuis le début de la crise, les médias font face à un boom de l’information – même si ça ne résout pas les problèmes financiers de la presse écrite. Le JT de 20h est redevenu un rendez-vous quotidien pour beaucoup de Français et les chaînes d’infos en continu tournent à plein régime avec des centaines d’heures consacrées à la pandémie chaque semaine.
Chacun y va de son petit commentaire et les éditorialistes se lâchent plus que jamais. Parmi les sujets qui font le plus parler râler, le non-respect des règles. À mesure que le déconfinement approche, on évoque un relâchement généralisé. Pour alimenter le sujet, médias et réseaux sociaux s’appuient sur des photos. Celles des rues bondées qui donnent l’impression que les citadins ne savent décidément pas respecter les règles. Sauf que les photos masquent parfois une réalité beaucoup plus en règle avec les recommandation sanitaires.
Deux objectifs, deux « réalités »
Pour une fois, ce n’est pas une histoire de deepfake mais simplement de choix de prise de vue et de matériel utilisé. Par la magie de la physique optique, un téléobjectif va « écraser » les distances et donner l’impression que les gens sont collés les uns aux autres. La même scène avec un objectif grand angle permet d’apprécier correctement les distances et de saluer les citadins qui pratiquent la distanciation physique.
Deux photographes danois ont réalisé une expérience pour l’agence photo Ritzau Scanpix. Ólafur Steinar Gestsson et Philip Davali ont ainsi pris les mêmes scènes en double, en changeant d’objectif. Les résultats sont saisissant. Les Danois qui font la queue collés-serrés sont en réalité à deux mètres de distance. Le parc bondé est en fait occupé par quelques groupes éloignés les uns des autres.
La même scène, d'abord avec un téléobjectif puis avec un grand angle

© EPA / Philip Davali / Olafur Steinar RyE

© EPA / Philip Davali / Olafur Steinar RyE
Une après-midi au parc, d'abord avec un téléobjectif puis avec un grand angle

© EPA / Philip Davali / Olafur Steinar RyE

© EPA / Philip Davali / Olafur Steinar RyE
Une question de perspective
Sur Twitter, le britannique Luke Williams, a utilisé un autre moyen pour démontrer la même chose. Il a publié un long thread dans lequel il démontre que les photos de la plage de Bournemouth publiées par le Daily Mail sont trompeuses. En s’appuyant sur différents éléments du paysage – un panneau, un magasin de glaces, un immeuble reconnaissable et les falaises en arrière-plan – il a déterminé les distances réelles entre les personnes. Distances qui sont compatibles avec la distanciation physique obligatoire.
Ok... buckle up, have I got a thread for you on rage inducing photos!
Our story begins earlier today and this "shocking" photo of people allegedly not social distancing at Bournemouth beach pic.twitter.com/1dVHFQH6sV
— Luke W (@alukeonlife) April 27, 2020
Des utilisateurs norvégiens ont fait le même travail en réponse aux photographies publiés par le tabloïd local Dagbladet.
Det kan nok stemme. Ned til trærne i enden er det ca 450m.
— Patrick (@PatSharpX) April 4, 2020
Il paraît qu’une photo vaut mille mots… Au temps du coronavirus, son explication en vaut beaucoup plus.
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