Une armée de micro-influenceurs surfe sur l’inflation pour faire la promotion d’une coopérative d’achat dont l’efficacité semble trop belle pour être vraie.
« Mes courses sont gratuites, et vous ? » Face caméra, Soodasept, connu aussi sous le pseudo de « parrain zébré » nous montre le contenu de son caddie et son ticket de caisse. « Je suis inscrit dans une coopérative depuis deux ans et demi et, à ce jour, je ne paye plus mes courses », explique-t-il tandis qu’il affiche la phrase « le mois dernier j’ai gagné 943 euros non imposables ». Ce fringuant bonimenteur est loin d’être le seul sur TikTok à faire la promotion de cette coopérative miracle qui, en ces temps de récession économique, semble particulièrement merveilleuse.
Sous les hashtags #BonPlan (946.4M vues) ou #CarteCadeau (28.7M vues), une petite armée de tiktokeurs se met chaque jour en scène en train de recevoir des chèques cadeaux ou bien d’utiliser une carte prépayée pour faire un plein d’essence. Tous finissent leurs vidéos avec le même message mystérieux : « Si tu veux aussi savoir comment je fais, contacte-moi directement. » Derrière ces micro-influenceurs, on trouve plusieurs noms d’organismes censés accéder à ces bons d’achat. CoopKdo, Cardboost, Achats Solidaires… Tous sont en fait reliés à un seul et même organisme. Il s’agit d’Emrys La Carte, une entreprise qui se présente comme une coopérative d’achat et qui existe depuis 2015. Le hashtag #EmrysLaCarte comptabilise à lui seul 585 000 vues.
Bienvenue dans la maison qui rend fou
Sur le papier, le fonctionnement d’Emrys paraît simple. Plutôt que de payer ses achats quotidiens en carte bleue ou en espèce, les membres des coopératives se commandent des chèques ou des cartes cadeaux de la valeur qu’ils souhaitent. En commandant régulièrement ces chèques, ils accumulent des points qui leur permettent d’obtenir des chèques gratuits.
Mais tout ça n’est que la façade de la coopérative. Quand on entre dans les détails de l’organisation, on tombe sur un dédale organisationnel savamment pensé pour pousser l'engagement des adhérents. Dans un premier temps, l'inscription chez Emrys passe par un parrain. Gardez ce détail en tête, il est important. Une fois que vous êtes entré, il faut payer une cotisation annuelle. Trois niveaux sont proposés : à 10, 40 ou 100 euros. La plupart des gens prendront la première licence pour bénéficier des chèques cadeaux, les deux autres licences permettent surtout de devenir parrain auprès d’autres clients ou d’associations tout en bénéficiant d'autres avantages.
Mais ce n’est pas tout. Emrys repose sur un système économique interne basé sur des « coins » et des « parts ». Concrètement, chaque achat vous rapporte un certain nombre de pièces en fonction de l’enseigne choisie. Au bout de 6 coins, l’utilisateur gagne une part qui vient composer un pot commun organisé autour du parrain qui l’a fait entrer. Cette part va augmenter en valeur au fur et à mesure qu’un utilisateur ou un membre de son réseau achète des cartes et des chèques cadeaux. Quand la part atteint la valeur de 100 euros, elle est alors « cyclée », ce qui rapporte 9 euros à l’utilisateur de base qui va aussi monter d’un niveau (comme dans un jeu vidéo). Il se retrouve alors avec une nouvelle part de niveau 1 et une part de niveau 2, qui lui rapportera un peu plus une fois qu’elle est cyclée. Ça vous paraît atrocement long et compliqué ? C'est tout à fait normal. Ce système absurdement compliqué est conçu de cette manière pour que vous restiez le plus longtemps possible tout en vous donnant l'impression de progresser.
Est-ce vraiment un bon plan ?
À première vue, Emrys semble être une initiative plutôt intéressante. Mais on se rend vite compte que tout le monde ne gagne pas du tout les mêmes avantages. Les nouveaux entrants ne bénéficient pas vraiment d’avantages et doivent s’engager longtemps dans le système avant de voir arriver de maigres compensations. De plus, les utilisateurs ayant souscrit à la cotisation de 10 euros sont limités sur les niveaux de leurs parts et ne peuvent espérer gagner que 375 euros sur plusieurs années. On est assez loin des folles promesses de nos tiktokeurs qui nous assurent ne « plus payer leurs courses ».
Pour obtenir plus de niveaux, mais aussi accélérer le cyclage de ses parts et ainsi bénéficier de remises intéressantes, il faut se lancer dans le parrainage, option uniquement accessible avec les licences à 40 ou à 100 euros. Les utilisateurs qui souscrivent à ce système tombent alors dans un schéma qui emprunte à la fois à la vente multiniveaux et la vente pyramidale, sans pour autant entrer dans les deux définitions. En effet, la vente MLN repose sur la vente d'un produit à travers un réseau proche (typiquement le système mis en place par Tupperware) tandis que la vente pyramidale repose surtout sur les gains apportés par les parrainages et non par la vente de produits. Emrys repose effectivement sur le parrainage avec une incitation des parrains à former le plus gros réseau pyramidal, mais les gains se font exclusivement en bons d'achat gratuits ce qui permet d'échapper à toute accusation d'arnaque. Pour de très rares cas, il est alors envisageable de gagner plusieurs centaines d’euros, voire l'équivalent d'un salaire en tickets cadeau. Mais pour cela, il faut sans cesse recruter de nouveaux membres. C'est ce que confirme Daniel, notre parrain zébré du début. « On est parfois critiqués dans les médias car très peu de personnes gagnent plus de 600 ou 700 euros par mois, explique-t-il. Ce n'est pas en en parlant à sa voisine et son collègue de travail que l'on va vraiment gagner sa vie avec ce système. »
Mettre sa vie dans les mains d'Emrys
C’est ici qu’intervient TikTok. Sous couvert de présenter une astuce pour « ne plus jamais payer ses courses », ces influenceurs sont surtout là pour constituer leur réseau à coups de promesses survendues dans les vidéos puis plus nuancées dans les échanges privés ou les lives qui se déroulent le soir. Le réseau vidéo n’est d’ailleurs pas le seul point de contact. Chaque parrain devient une sorte de VRP d’Emrys à lui seul et peut lancer des sites Web et des groupes Facebook pour gérer et motiver ses recrues. C'est pour cela que l'on retrouve le même système sous des noms différents comme CoopKdo ou Cardboost. Certains – très investis – décident même d'en faire leur travail à temps complet et revendiquent atteindre ce qu’ils appellent « l’autonomie financière » en gagnant l’équivalent d’un salaire en commissions. C'est la volonté de Daniel qui veut quitter son emploi dans la sécurité pour devenir ambassadeur à plein temps pour Emrys. « Mon activité principale serait de vanter les mérites de notre coopérative à travers des vidéos TikTok, des réunions Zooms et des échanges avec ceux que j'ai parrainés. »
Mais cette situation est-elle aussi avantageuse qu’elle en a l'air ? L’argent que touchent les parrains qui sont passés à temps plein n’est constitué que de bons d’achat, certes pas imposables, mais qu’ils ne peuvent dépenser que dans certaines enseignes. Être un parrain professionnel consiste donc à se mettre totalement à la merci de la coopérative tout en renonçant à une couverture sociale ou à la possibilité d’épargner. À force de pousser ses utilisateurs dans un système relativement précaire, Emrys n'est-il pas en train de transformer un « bon plan » en un travail dissimulé ? Ce serait au législateur de trancher.
Cela n'a jamais été un bon plan. Cela a toujours été une activité de blanchissage aggrave d' une vaste fraude sociale et fiscale qui lalgre un redressement fiscal d'environ un million d'euros début 2022 continue de sévir.. quand le gouvernement stoppera til cette vaste arnaque au pouvoir d'achat qui enrichit des multinationales eh une poignées de " dealers du net ". Quand cette sous disant dociete cooperative qui ne fait pas partie de l'économie sociale sera stoppée ? Bruno le maire veut stopper la fraude fiscale et sociale et à sous les yeux un magnifique exemple d'ingluenceurs en fraude qui essayent de nous faire croire qu'ils ont trouvé la solution au pouvoir d'achat ? Quand le gouvernement agira Til devant cette entreprise qui abusé des consommateurs ? Grand mystère....reflet de l'incapacité et le manque de courage agir du gouvernement.. est ce que c'est parceque dans les influenceurs se trouvent des dizaines et des fanzines de fonctionnaires forces de l'ordre ? Dont certains font aussi de la promotion sur des cryptomonnaies interdites ?? Grios scandale en perspective français....a l'aube des jeux olympiques
RETOUR DE LA SOCIÉTÉ Emrys
Je suis Florence, Chargée de Relations Presse d’Emrys la Carte. Tout d’abord merci pour l’intérêt porté à notre coopérative et d’avoir pris le temps d’écrire un article à ce sujet. Au sein d’Emrys, nous sommes toujours ouverts à recevoir des avis et opinions divergentes pour pouvoir améliorer notre système. Je souhaitais néanmoins y apporter une réponse car quelques éléments que vous citez sont erronés.
Tout d’abord, Emrys se défend de proposer « des courses gratuites » pour recruter de nouveaux membres. Malheureusement, il est très difficile de cadrer chaque adhérent et de contrôler toutes leurs pratiques et communications. Nous mettons à disposition des membres une charte de déontologie qui est disponible sur notre site internet. Celle-ci régit les règles d’utilisation de la marque Emrys et interdit entre autre la « promesse de gain », les « courses gratuites » ou toute autre allégation mensongère en vue de parrainer un membre.
Par ailleurs, concernant le plan de rémunération, les membres Emrys obtiennent des parts de niveau 1 dans le plan fidélité solidaire, grâce au cumul de leurs Emrys coins (6 Emrys coins = 1 part de niveau 1 créée). Il n’existe pas de part d’une valeur de 100 euros permettant d’obtenir le cyclage d’une part et la prime de 9 euros associée. Comme vous le dites justement, les gains obtenus ne sont pas les mêmes pour tout le monde car ils dépendent de plusieurs facteurs et surtout du niveau d’implication individuelle de chaque membre.
Quant à la question du « travail dissimulé », les membres qui ont le statut Enchanteurs ont la possibilité de se mettre en société et de facturer à Emrys leurs primes carrière, ce qui leurs permet de participer à toutes les cotisations sociales et de bénéficier de tous leurs droits sociaux en tant qu’entrepreneurs. Cela signifie que ceux qui s'investissent pleinement dans l'activité d'Emrys ont la possibilité de cotiser pour le chômage, la retraite et autres avantages sociaux, et ainsi obtenir une meilleure sécurité financière. Il est vrai que pour atteindre un niveau de revenus élevé au sein du système d'Emrys, cela demande un investissement en temps et en énergie, notamment en animant des groupes sur les réseaux sociaux, en créant du contenu régulièrement et en répondant aux messages des membres. Cependant, il est important de noter que le système d'Emrys est basé sur un modèle de marketing relationnel, où la réussite dépend de l'effort et de l'engagement individuel.
Encore une fois, je vous remercie d'avoir pris le temps d'écrire votre article. Nous sommes toujours prêts à écouter et à apprendre des opinions de ceux qui remettent en question notre système.
Si vous avez des questions supplémentaires ou si vous souhaitez approfondir certains aspects d'EMRYS, n’hésitez pas à reprendre contact à moi.