Voulez-vous savoir ce que dit Charles à Camilla ? La lecture labiale peut vous y aider...
Que disent les célébrités quand elles pensent que personne ne les écoute ? Demandez à TikTok. Les vidéos décryptant les échanges intimes entre célébrités se sont popularisées sur le réseau social.
Au milieu de l'ostentation du couronnement du roi Charles en mai dernier, ce qui a retenu l'attention des utilisateurs de TikTok, c'est une conversation privée. L'échange entre le roi et son épouse, la reine Camilla, a défrayé la chronique après que le tiktokeur Krystin Kalvoy, spécialiste des vidéos de lecture labiale, a déchiffré son contenu. Dans la vidéo, on peut y voir le couple attendre dans une calèche devant l'abbaye de Westminster. Selon la version du tiktokeur, le monarque y aurait exprimé son mécontentement de devoir attendre quelques minutes à l'extérieur de l'église. Bien que la véracité du doublage de Kalvoy ne puisse être confirmée, la vidéo est rapidement devenue virale.
La nouvelle ère des potins TikTok
La vidéo est venue s’ajouter à une tendance qui envahit le réseau social depuis plusieurs mois : la « lecture labiale ». L’objectif : dévoiler des bribes de conversations privées entre célébrités. Jennifer Lopez et Ben Affleck, tout comme Kendall Jenner et Bad Bunny, toujours sous le regard des médias, sont déjà devenus les stars involontaires de ces posts. Ces vidéos ne révèlent pas de grands secrets. Elles dévoilent de vagues phrases qui déclenchent l'imagination des téléspectateurs à l’image de l’échange entre Taylor Swift et la chanteuse Phoebe Bridgers lors de la cérémonie des iHeartRadio music awards. Selon la tiktokeuse Nina Dellinger, l'une des lectrices sur lèvres les plus performantes sur les réseaux sociaux, Swift aurait déclaré : « C'est le genre de personne que j'aime, donc c'est génial de l'avoir autour de moi à plein temps. » Le fragment sans contexte a atteint des millions de vues et des centaines de commentaires.
Sur leurs lèvres...
Nina Dellinger, avec plus d'un million de followers sur la plateforme reconnaît que sa capacité à lire sur les lèvres est quelque chose qu'elle a découvert par hasard au lycée. « Au début, ce n'était pas conscient. J'étais assise en classe et je regardais les gens, et j'ai réalisé que je pouvais comprendre ce qu'ils disaient, mais je n'y pensais pas trop », se souvient-elle dans une interview dans EL PAÍS. En 2020, pour lutter contre l'ennui du confinement, Dellinger télécharge TikTok et la magie opère. « J'ai publié une vidéo en duo, où j'ai lu sur les lèvres d'un créateur de contenu qui avait posté une vidéo parlant sans son. » Elle ne s'attendait pas à ce que son message devienne viral et fasse d'elle une star de la lecture sur les lèvres. Parmi ses vidéos les plus visionnées figure celle de la chanteuse Olivia Rodrigo dans une conversation avec l'actrice Iris Apatow qui a atteint les 33,6 millions de vues et 3,1 millions de likes. Mais s'impliquer dans une conversation trop privée peut avoir des conséquences. C'est pourquoi Dellinger avoue se fixer des limites et ne pas divulguer tout ce qu'elle considère « trop personnel ou diffamatoire » comme les noms, les dates et les informations sensibles. Pour l'instant, dit-elle, elle n'a jamais reçu de plainte des célébrités impliquées dans ses vidéos.
Dilemmes éthiques et juridiques
Malgré les millions de vues des vidéos, certains condamnent cette nouvelle mode, soulignant que les célébrités méritent également leur vie privée. Mais si le phénomène soulève des dilemmes éthiques, viole t-il pour autant les droits légaux à la vie privée ? Selon l'avocat Ignacio Palomar Ruiz, la clé est de savoir si la conversation contient des informations « d'intérêt public ». Selon lui, cela dépend du lieu de la conversation et si le fait d'en informer peut être attribué au droit à l'information et à la liberté d'expression : « Si les images utilisées pour la lecture labiale sont celles d'une personne célèbre lors d'un événement public ou dans des lieux publics, la pratique est compatible avec le droit à la vie privée et n'est pas considérée comme une intrusion illégitime. Mais, dit-il, « cela ne veut pas dire carte blanche pour enregistrer des célébrités en public et publier les lectures labiales correspondantes ».
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