Grâce à un leak, on en sait plus sur les rouages des systèmes de promotion des cryptomonnaies par les influenceurs sur les réseaux sociaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un sacré foutoir.
Sur Twitter, @ZachXBT (197.000 abonnés) est habitué à démanteler les systèmes d’arnaques dans le monde des cryptos. Lundi dernier, il a partagé une liste d’influenceurs, classés selon leurs tarifs pour « shiller » des cryptomonnaies. Le « shilling » désigne ici le fait de promouvoir activement et de manière malveillante une crypto pour gonfler sa valeur et attirer de nouveaux investisseurs vers elle. Très courant sur les réseaux, cette pratique et ses dessous n’ont jamais été très clairs, et le caractère publicitaire de ce type de promotion est souvent dissimulé. Pour en savoir plus, des journalistes de Motherboard Vice ont mené l’enquête.
De 150 à 25 000 $ : Les « Shill » tweets valent de l'or
Mettez-vous dans la peau d’un cryptotrader qui vient de lancer sa monnaie virtuelle et doit la faire grandir pour en tirer profit. Quel est votre premier réflexe ? Faire appel à des personnalités du web aux communautés de followers déjà importantes, afin qu’elles appuient le lancement de votre projet. Pour cela, tout initiateur d’un projet de cryptomonnaie peut simplement payer des influenceurs pour retweeter ou promouvoir ses projets auprès de centaines de milliers ou de millions de personnes sur les réseaux sociaux. Et ce peu importe la viabilité de son projet.
Pour débattre sur le phénomène, ZachXBT a diffusé cette liste qui répertorie scrupuleusement les noms d’une centaine d’influenceurs adeptes du shilling, tout en mettant en relation le prix à payer pour s’accorder leurs services et leur nombre d’abonnés sur les réseaux. On y retrouve de nombreux comptes un peu obscurs, des « crypto-spécialistes » autoproclamés, mais aussi des personnalités publiques comme l’actrice américaine Lindsay Lohan, ou l’ex-baseballer pro Steve Ascher.
Au fil de cette liste, les sommes dépensées dans ces opérations promo paraissent astronomiques. Pour un tweet promotionnel (dit « shill tweet » ) les prix peuvent varier, allant de 175 $ pour des comptes aux audiences plus modestes, à presque 25 000 $ pour des tweets sur des gros comptes comme celui de Lindsay Lohan. Et bien évidemment, la plupart de ces tweets sont lancés de façon peu scrupuleuse, et apparaissent comme des tweets normaux aux yeux du monde en omettant bien souvent de mentionner l’aspect promotionnel et publicitaire de la démarche.
Faire le ménage, très peu pour Twitter
Pour aller plus loin, l’équipe de Vice a souhaité interroger les influenceurs mentionnés dans la liste. Sur une soixantaine de sondés, peu ont daigné s’exprimer. Certains ont démenti les faits, quand d’autres ont confirmé à demi-mot les tarifs mentionnés. Ce qui ressort des conversations avec ces différents influenceurs, c’est que ces opérations de shilling participent à un système assez incontrôlable, et que la plupart de ces shill tweets sont lancés sans même que les influenceurs vérifient la fiabilité du projet promu, ne serait-ce qu’un minimum.
Alors certes, depuis l’aura virale de cette liste sur Twitter, quelques influenceurs ont clarifié les traits de leurs tarifs, ou fait le ménage en supprimant certains tweets. Reste que dans l'ensemble, ces pratiques manquent cruellement de transparence et d’éthique. Pour se repérer dans tout cela, les communautés cryptos ne peuvent alors compter que sur leur bon sens... et un peu de chance.
Source : Motherboard Vice
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