
On savait que certains streamers tiraient (très bien) leur épingle du jeu. Mais la grande majorité ne touche que des miettes.
Drôle d’exercice que de devoir assumer ses millions devant tout le monde. Après la fuite de données massive qui a eu lieu mercredi 6 octobre, les streamers de Twitch ont vu leurs revenus issus des abonnements payants révélés au grand jour. Les tops par pays ou par genre n’ont pas tardé à être diffusés sur les réseaux tandis que les streamers les plus riches se sont parfois fendus d’un thread sur Twitter pour clarifier les choses. Au-delà de cet exercice de transparence, les chiffres ont aussi permis de comprendre comment se répartissait la richesse sur la plateforme. Et cette dernière est fortement inégalitaire.
Les écarts de revenus entre streamers sont énormes
D’après @Ackanir, un twittos ingénieur qui a compulsé les chiffres, le revenu moyen des streamers s’élève à 51 dollars par mois. Ce dernier a aussi calculé le revenu médian des streamers, c’est-à-dire le montant du revenu qui divise une population en deux groupes égaux. Concrètement, la moitié des créateurs de contenu sur Twitch gagne 0.11 dollar par mois ! À l’inverse, la moitié des revenus générés sur la plateforme sont possédés par 0.4 % des streamers. Ces résultats rappellent fortement les écarts habituels de l’économie de la création. Pour rappel, 68 % des créateurs de contenus ont gagné moins de 1 000 euros en 2020 tandis que sur Patreon, seuls 2 % des créateurs gagneraient un montant annuel équivalent ou supérieur au salaire minimal américain.
Peu de femmes ou de français dans le top 100
Le classement des revenus permet de faire d’autres comparaisons. La première qui frappe, c’est la différence entre homme et femme. D’après Numérama qui a compulsé la liste, on ne compte que trois femmes dans le top 100 (Pokimane à la 34e place, Amouranth à la 48e place et Sintica, à la 71e place). On peut aussi noter l'écart entre les streamers français et les américains. Seuls deux Français font partie du top 100 : ZeratoR et Locklear et leurs 1.4 et 1.1 million de dollars, quand les premiers du classement cumulent entre 9,6 et 5,8 millions de dollars en deux ans.
Les revenus des subs ne sont pas des données précises
C’est l’autre grande leçon de cette fuite de données. Dans un thread liké plus de 43 000 fois, ZeratoR, premier streamer français du classement, indique que les chiffres sont justes, mais imprécis. S’il a bien gagné 1,4 million de dollars entre 2019 et 2021, il précise toutefois qu’il s’agit bien d’argent issu des subs, ces abonnements payants de 5 dollars environ auxquels les viewers souscrivent auprès du streamer. Dans ces 5 dollars, Twitch prélève un pourcentage plus ou moins élevé en fonction de la notoriété du streamer. Au niveau de ZeratoR, ce pourcentage se situe entre 30 % et 10 %. Pour d’autres, il s’agit de 50 % tandis que pour la majeure partie des streamers, la part de Twitch s’élève plutôt a 70 %.
ZeratoR apporte une autre précision importante. Cet argent ne va pas directement dans sa poche, mais alimente bel et bien son entreprise. Il s’agit donc de son chiffre d’affaires, avant impôts, mais aussi avant dépenses. Le streamer est réputé pour les grands évènements qu’il organise et qui peuvent coûter entre 400 000 et un million d’euros. Enfin, ces chiffres ne prennent pas en compte les revenus additionnels des streamers, issus de la publicité, des partenariats et des opérations spéciales. Il s’avère difficile de chiffrer ces derniers tant ils peuvent varier d’un mois à l’autre et d’un streamer à l’autre.
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