Les marques doivent rester discretes

« Sur Twitch, les marques doivent la jouer discrète »

© Kadyn Piercevian Unsplash

Pour la première fois, des analystes de la donnée ont publié la carte complète de la plateforme de streaming pour mettre en valeur les différentes communautés françaises. Et il y a de quoi intéresser les marques.

Le 3 juin 2020, le data analyst Nicolas Bouchaib sortait sur son compte Twitter une cartographie complète des utilisateurs du Twitch en France. L’image, semblable à un nuage coloré a connu une petite notoriété dans le milieu des streameurs qui se sont amusés à regarder où ils étaient situés sur la carte. Cette dernière permet de voir comment les communautés s’articulent entre elles et quelles sont les chaînes ou les groupes de chaînes les plus incontournables de la plateforme. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Nicolas Bouchaib et Nataniel Bahs, cofondateurs de l’entreprise FirstLink, dont la mission est justement de cartographier les communautés web. 

Pour les non-initiés, cette carte est un peu difficile à décrypter. Pouvez-vous expliquer ce qu’on y voit ?

Nicolas Bouchaib : Il s’agit d’une photographie représentant l’activité des 2,5 millions d’utilisateurs français de la plateforme durant la dernière semaine de mai. On a l’impression que la carte est réalisée à partir des streameurs les plus importants, car on voit leur nom en gros, mais ils ne représentent que 0,2 % des utilisateurs enregistrés. Les nuages colorés sont en fait des filaments qui relient chaque utilisateur à ces streameurs. Ils représentent les parcours des viewers qui vont d’une chaîne à une autre. 

Nataniel Bahs : C'est comme si on était capable d'analyser l’ensemble de l’activité du PAF et de voir le parcours des téléspectateurs d’une chaîne à une autre. 

Qu’avez-vous découvert d’intéressant ou de surprenant en réalisant cette carte ?

Nicolas Bouchaib : Contrairement à YouTube ou les dynamiques d’audience et de communauté sont totalement dictées par l’algorithme, il y a une vraie cohérence dans les parcours de visionnage des viewers sur Twitch. On a pu voir des transferts de communauté d’une chaîne à l’autre et des connivences entre streameurs qui ne se connaissent même pas, mais qui possèdent la même communauté par exemple. 

Sur votre thread vous expliquez que les communautés se forment autour des jeux, mais aussi des amitiés entre streameurs.

Nicolas Bouchaib : On a vraiment deux typologies de communautés. On a tout d’abord celle créée par les jeux et qui sont très marquées, voire un peu isolées par rapport aux autres. C’est notamment le cas de la bulle Fifa (tournant autour de la licence de jeu de football) qui forme une île qui n’est reliée au reste que par quelques streameurs comme @BruceGrannec ou @robert87000. 

L’autre typologie est plus liée aux amitiés entre streameurs. C’est le cas avec la bulle Popcorn, liée à l’émission de Domingo, un talk-show qui regroupe beaucoup d’autres créateurs. 

Nataniel Bahs : On a aussi découvert que les grands évènements qui ont régulièrement lieu sur la plateforme peuvent créer d’autres types de communautés plus éphémères. C’est notamment le cas de l’expérience GTA RP qui avait lieu pendant l’enregistrement.

Quelles sont les leçons à retenir pour les marques qui veulent aller sur la plateforme ?

Nataniel Bahs : Twitch est une plateforme assez difficile à intégrer, mais une fois qu’on est dedans, on bénéficie souvent d’une forme de connivence de la part des autres streameurs. Les marques qui tirent leur épingle du jeu sont celles qui respectent les codes de Twitch au maximum. Arriver sur la plateforme avec l'étiquette d'un média ou d'une marque comme ce fut le cas pour BFMTV n'est pas forcément une bonne idée. Il vaut mieux s’intégrer par le biais de streameurs déjà plus ou moins connus et ensuite développer son réseau sur le long terme. Il faut se souvenir aussi que le sponsoring n’est pas toujours très bien vu étant donné que la culture du sub prédomine. Là encore, les marques doivent la jouer discrète si elles veulent bénéficier d’une bonne image.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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