La simulation d’aviation est l’une des représentations les plus précises de la Terre et intéresse de près certaines rédactions.
Longtemps attendu par les fans de simulation aéronautique, Flight Simulator 2020 est sorti au mois d'août 2020. Développé par le studio bordelais Asobo Studio, le jeu offre pour la première fois une reproduction quasi fidèle de la Terre et de ses grandes villes.
Cette précision n’intéresse pas seulement les pilotes virtuels. Certains journalistes d’investigation envisagent aussi d’utiliser « Flight Sim » comme un outil d’investigation. C’est le cas de Giancarlo Fierolla, journaliste pour la rédaction de Bellingcats. Cette dernière a pour spécialité de géolocaliser des scènes de guerre, des camps terroristes ou des accidents à l’aide de ressources open source. Pour cela, les journalistes analysent des photos et des vidéos publiés sur les réseaux, des images satellites ou bien Google Maps pour informer le public.
Survoler l'Ukraine à la recherche de champs de bataille
Dans un article de blog, le journaliste raconte comment il a pu enquêter sur certains endroits grâce au jeu : un camp de concentration chinois de Xinjiang, un champ de bataille à Savur-Mohyla en Ukraine identifié grâce à la présence de cratères témoignant des bombardements, ou bien encore un camp militaire de Kuzminski en Russie. Giancarlo Fierolla note cependant que le rendu des bâtiments, générés à l’aide d’un algorithme, donne parfois des imprécisions, voire même de grosses erreurs. C’est notamment le cas de la région nord de Damas qui est présentée avec de nombreux immeubles dans le jeu alors que la ville est totalement défigurée à cause des bombardements.
Ces inexactitudes sont le produit de la conception même du terrain de jeu. Ce dernier a été généré à partir d’images satellites fournies par le moteur de recherche Bing de Microsoft. Les développeurs ont ensuite ajouté manuellement ou de manière automatique, des bâtiments et de la végétation. Le communiqué parle même de 1,5 milliard de buildings répartis sur 2 millions de villes. Il est ainsi possible de survoler les grandes métropoles et de s’orienter visuellement pour retrouver sa rue, son immeuble ou son dernier lieu de vacances, mais le procédé n’est pas 100% parfait. « Même si l’intelligence artificielle a fait un travail impressionnant pour représenter des paysages urbains, le jeu possède d’importantes limitations pour être utilisé comme un outil de géolocalisation précis », explique-t-il.
S'amuser à trouver les centrales nucléaires françaises
Cela n’empêche pas le journaliste d’être optimiste sur l’utilité de Flight Simulator. « La manière dont le jeu simule la topographie ainsi que l’éclairage dynamique et la possibilité de changer les conditions météorologiques pourrait aider les enquêteurs à ressentir "l’ambiance" de certains endroits qu’ils sont en train d’explorer. »
De plus, certains bâtiments qui sont complètement floutés sur les images satellites de Bing semblent être modélisés, même de manière non précise dans le jeu. Le journaliste s’est par exemple amusé à survoler les centrales nucléaires françaises qui sont pourtant invisibles sur le moteur de recherche de Microsoft. Sans être parfait dans sa simulation, Flight Simulator pourrait donc tout à fait aider des journalistes dans des futures enquêtes, mais aussi de simples citoyens à explorer de manière virtuelle des endroits sensibles et des zones de guerre.
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