Différents personnages de l'animation MeatCanyon

MeatCanyon, le sale gosse de l’animation trash sur YouTube

© MeatCanyon

Cette chaîne d'animation a trouvé la formule parfaite pour subvertir les icônes de la génération Z et Alpha.

Andrew Tate qui se coupe en deux pour s’auto-embrasser, Taylor Swift en extraterrestre hypnotiseur qui commande une horde de fans déchaînées, Mister Beast qui demande à un patient en phase terminale de choisir entre une greffe de cœur ou les clés d’une Tesla gratuite… Quand on démarre une vidéo de la chaîne MeatCanyon, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, mais on a une certitude : elle va nous plonger dans un état de malaise permanent. Comme le dit si bien l’un des viewers en commentaire : « MeatCanyon a ce talent unique de faire durer éternellement une vidéo courte. »

YouTube à la sauce body horror

Fort de 6,54 millions de followers, le créateur Hunter August Hancock est devenu depuis 2021 le caricaturiste officiel des personnalités de la pop culture et des youtubeurs. À son tableau de chasse, on trouve Elon Musk, Logan Paul, Sneako (un influenceur masculiniste dont on a déjà parlé), Nikocado Avocado, mais aussi des figures de la culture populaire comme les Pokemon, Bob l'éponge ou les insupportables Mignons. Publiées toutes les deux semaines, ses vidéos ne font jamais moins de 2 millions de vues et culminent régulièrement à 11 millions.

Le secret de ce succès ne saute pourtant pas aux yeux. Les dessins de MeatCanyon sont repoussants. Les visages sont ridés, leurs expressions inquiétantes. L'esthétique tient du body horror, un sous-genre horrifique dans lequel les corps sont représentés comme maladifs ou grotesques. Mais c'est justement ce mélange entre icône de la pop culture et imagerie perturbante qui plaît aux spectateurs.

L'art de la subversion commerciale

Depuis Michael Jackson transfiguré en monstre inquiétant à l'ogre Shreck, ou le hérisson bleu Sonic mis en scène dans des fans fictions érotiques dérangeantes, Internet n'a eu de cesse de subvertir les icônes de l'enfance comme un collégien immature. Mais en plus de donner dans la parodie outrancière, Hunter August Hancock a craqué un autre élément important de la viralité : il donne un contenu parfait pour faire du format « réact ».

À la manière d'un serpent qui se mord la queue, ses vidéos sont regardées par les youtubeurs concernés qui en profite pour filmer leurs réactions en direct. Ces réactions, amplifiées par les commentaires des fans, sont ensuite décortiquées par Hunter lui-même dans des vidéos face caméra qui réalimentent sa chaine YouTube. La boucle est ainsi bouclée et les vues continuent de faire tourner cette machine à vues qu'est YouTube.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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