Après le succès de sa fabrique à histoire, la designer Maëlle Chassard, co-fondatrice de Lunii, tente de mettre une alternative aux portables dans les mains des enfants de 7 à 11 ans.
Si vous avez grandi dans les années 90 et 2000, vous vous souvenez sans doute de cette période au collège ou les smartphones n'étaient pas généralisés. À cette époque, les lecteurs MP3, Walkmans et lecteurs de CD étaient les gadgets qui permettaient de se créer un univers, majoritairement sonore. C'est cette tendance que Maëlle Chassard, la co-fondatrice de Lunii, voudrait ressusciter, avec une touche de modernité en sortant d'ici la fin de l'année 2023 FLAM, un baladeur pour préadolescents permettant d'écouter des livres audio interactifs ainsi que de la musique.
Qui a eu cette idée folle un jour de remplacer le smarphone ?
Le défi paraît insurmontable, tant le smartphone semble avoir pris la place des jouets et des baladeurs. Depuis 2020, on sait que les enfants reçoivent leur premier smartphone vers l'âge de 9 ans. Ils l'utilisent pour joueur aux jeux vidéo, écouter de la musique et faire leur première expérience sur les réseaux sociaux, malgré l'interdiction d'inscription aux moins de 13 ans. Cependant, Maëlle Chassard n'est pas n'importe qui. Elle est la designeuse de la Fabrique à histoire, une boite bleu et jaune en forme de radio, lancée en 2014 et qui permet aux enfants de 3 à 7 ans d'écouter des histoires interactives avec plusieurs embranchements. L'objet a fait un vrai carton en se vendant à plus d'un million d'exemplaires tout en lançant cette tendance des petites liseuses d'histoires et de berceuses rétro. Forte de cette expérience, Lunii tente donc une seconde fois d'imposer une mode à contre-courant des usage.
Eviter le scrolling
« On sait que les smartphones arrivent majoritairement avec l'entrée au collège vers 11 ans, explique Maëlle Chassard. C'est normal, car a cet âge on a un besoin d'autonomie de la part des enfants et un besoin d'être rassuré de la part des parents. Mais on sait aussi que beaucoup d'enfants ont en fait leur premier portable bien avant, dès 8 ou 9 ans. Notre idée c'est de repousser au maximum cet accès précoce au smartphone ou en tout cas, d'apporter une alternative. On le considère comme une sorte de cocon imaginatif et musical ». Pour cela, l'objet va carrément chercher son inspiration dans le design des objets des années 90. De loin, le FLAM ressemble à une Gameboy Color avec des boutons tournants qui rappelle les lecteurs MP3. L'objet est équipé d'un écran, « mais ce dernier n'est pas tactile », précise Maëlle « pour éviter le scrolling et imposer une forme de distance avec l'aspect visuel ». Par ailleurs, ce dernier permet surtout d'aider à la navigation qui se veut plus complexe que la fabrique à histoire et d'afficher des fiches de personnage ou des choix d'embranchement narratif pendant certaines phases de dialogue. Le reste du temps, il s'éteint pour laisser l'univers sonore prendre le pas.
Un objet à soi
Pour s'adapter aux besoins des 7-11 ans, le catalogue de Flam fournira des histoires interactives plus matures « qui donnent des frissons » ainsi que des jeux de rôle créés en partenariat avec la marque Donjon & Dragon. Reste à savoir si cela sera suffisant pour contrer l'attractivité d'un smartphone ou d'une console de jeu, d'autant que le prix annoncé est de 99 euros. « Le prix est assez élevé, mais il faut aussi le voir comme un investissement dans un objet qui restera longtemps dans les mains des enfants et auquel ils devront faire attention », précise Maëlle. Pour voir si l'objet provoque l'engouement, notamment chez les parents qui cherchent à lutter contre les écrans omniprésents, rendez-vous le 23 mai pour le lancement de la campagne Ullule.
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