L'ubiquité à l'honneur des Napoleons

Les Napoleons : derrière le mythe de l’ubiquité

© David Roberts via Getty images

Internet et les nouvelles technologies nous incitent à penser notre mode de vie comme ubiquitaire. Mais est-ce vraiment le cas ? C’est toute la question de cette 11e édition des Napoleons.

Être ici et partout à la fois, c’est la promesse du digital depuis quinze ans. Mais que cache cette ubiquité et cette volonté d’aller toujours plus vite ? Pour leur 11e édition, du 8 au 11 janvier à Val d’Isère, Les Napoleons veulent éplucher cette notion aux enjeux complexes, à la croisée des sciences, de la tech, de la politique et de la philo.

Sommes-nous vraiment des dieux ?

« Après le progrès, l’engagement, la vérité, la peur, le temps… On s’est dit qu’il fallait se pencher sur l’ubiquité de notre époque et cette vague d’injonctions contradictoires auxquelles nous sommes soumis », expliquent Mondher Abdennadher et Olivier Moulierac, fondateurs des Napoleons.

Car l’ubiquité est un mythe de la modernité. « Être présent partout, à tout moment et en toute occasion était hier un privilège réservé aux dieux. Les géants du numérique ne s’y sont pas trompés. Le mantra anytime, anywhere, any device, qui a façonné une grande partie de la transformation numérique de nos sociétés, n’a rien fait d’autre que mettre à notre portée un peu de ce rêve divin », poursuivent-ils. Sauf que voilà : nous sommes en train de redescendre de l’Olympe. On croyait l’ubiquité acquise, la voici remise en question.

L’ubiquité, un fantasme tenace

Informations et médias, culture et arts, technologies… la volonté d’ubiquité n’est pas nouvelle. Mais le sentiment d’ubiquité n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui, alors que la 5G promet d’accélérer encore nos télécommunications ou que les hologrammes se multiplient. « Il y a une ubiquité liée aux technologies, comme les voiles d’invisibilité, l’intelligence artificielle ou encore la physique quantique…Évidemment, nous ne sommes pas physiquement incarnés ici et là au même moment, mais l’usage des smartphones et de tous les devices qui nous permettent de nous démultiplier nous incitent à penser que nous sommes présents partout. »

À ce titre, la mobilité est un secteur particulièrement intéressant à observer. Concerné par nature par cette idée d’ubiquité, il doit composer avec des tensions très fortes. « On veut être projeté partout, plus rapidement y compris dans l’espace et sur la Lune, ou sur notre continent… mais en même temps on est soucieux de préserver la nature et l’environnement et on veut moins prendre l’avion. Il y a donc des injonctions contradictoires liées à l’utopie ou cette envie d’ubiquité. Aux Napoleons, notre volonté est justement de traiter ce clair-obscur. »

Sciences, philosophie et spiritualité

Cette année encore, les speakers présents aux Napoleons seront variés et de haute volée. Avec des philosophes, comme Gaspard Koening, le prêtre bouddhiste Federico Procopio, Karina Bahloul, première femme imam de France mais aussi des scientifiques pour parler physique quantique ou encore la spécialiste des nouveaux modes de travail, Laëtitia Vitaud. « On a aussi envie de traiter de l’ubiquité dans nos vie, dans le travail par exemple, avec l’injonction très forte à aligner nos vies. »

Cette notion soulève aussi d’autres questions, comme celle de l’inégalité ubiquitaire. L’ubiquité est-elle une nouvelle forme d’élitisme ? Comment inclure les personnes qui n’ont pas accès à la technologie ou aux voyages ?

Le piège de la dispersion

Surtout, la notion d’ubiquité, avec ces idées associées de vitesse et de conquête spatiale, va à rebours des tendances slow et less que l’on observe depuis quelques années. L’un des meilleurs exemples étant les discours nouveaux autour de la déconnexion (Bruno Patino, auteur de La civilisation du poisson rouge sera l’un des speakers de cette édition 2020). Bref, à trop d’ubiquité, ne serions-nous pas en train de nous disperser et de nous perdre ?

« Chacun développe les réactions qu’il peut face aux injonctions très fortes, parfois violentes, que l’on reçoit, estiment encore Mondher Abdennadher et Olivier Moulierac. On va essayer de se replier. Parfois le repli détériore ou diminue, parce qu’on s’enferme, mais il est parfois positif quand c’est un repli qui nous aide à retourner à l’essentiel. »

À vouloir être partout à la fois, n’est-ce pas finalement être nulle part ? Vous avez trois jours pour vous faire votre idée !

 

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