La vision du travail traditionnel est bousculée de tous les côtés, et de nombreux experts recommandent notamment de réduire le temps de travail. Une étude estime le temps de travail minimum nécessaire à une bonne santé mentale.
Flexibilité, temps de travail réduit ou aménagé… les gourous du bien-être au travail ne cessent de recommander aux entreprises de revoir leur conception du travail. Exit horaires à rallonge et culture du présentéisme ! Des semaines de travail plus light seraient bénéfiques pour la productivité, pour l’environnement et pour le bien-être des salariés.
Mais attention : derrière les théories, une vérité. Celle que ne pas travailler du tout, c’est mauvais pour la santé. Une étude publiée dans la revue Social Science & Medecine se penche sur le sujet.
Le travail, source de… bonne santé mentale
On a tendance à pointer du doigt les méfaits du travail sur la santé mentale. Entre stress, dépression et burn-out : le travail continue de tuer. Alors forcément, on pourrait se dire que travailler moins serait une bonne idée. Sauf qu’en réalité, le travail… c’est aussi la santé.
Le Dr Brendan Burchell, sociologue à l’Université de Cambridge et co-auteur de l’étude, explique que tout comme nous avons besoin de vitamine C ou de sommeil pour être en bonne santé, nous aurions besoin d’un minimum d’heures travaillées (et payées) pour être au top. La meilleure preuve ? Les effets du chômage sur les individus. « Nous savons que le chômage a souvent un impact négatif sur le bien-être des gens. Ça affecte leur identité, leur statut, la façon dont ils utilisent leur temps et leur sens du bien commun », analyse le chercheur dans les colonnes de The Independent.
Et si les machines nous remplacent en entreprise ?
Le point de départ de l’étude, c’est donc le constat que travailler est nécessaire à notre équilibre. Sauf que le marché incertain de l’emploi n’est pas le seul facteur qui pourrait bousculer la situation. Les chercheurs citent les prédictions qui imaginent qu’à l’avenir, nous serons remplacés par des robots ou des intelligences artificielles en entreprise. Évidemment, nous n’en sommes pas encore là – et certains experts estiment même que la situation ne se présentera jamais. Cependant, l’hypothèse est à considérer. Dès lors, il convient de se poser la question : combien de temps devons-nous travailler au minimum pour bénéficier des avantages permis par le travail sur notre bien-être et notre santé mentale ?
8h par semaine
Les expériences, menées sur plus de 89 000 individus âgés de 16 à 64 ans entre 2009 et 2018, montrent que les bienfaits du travail se font sentir même sur des périodes très courtes. Les chercheurs révèlent que travailler 8h par semaine permettrait d’améliorer de 30% la santé mentale des personnes sans emploi.
Loin de préconiser que nous passions toutes et tous aux semaines de 8h, l’étude soulève que ce pourrait être une réponse aux problèmes de chômage et / ou d’automatisation. « S’il n’y a pas de travail pour tout le monde, il faudra repenser les normes, estime la Dr Daiga Kamerade. Il faudra repenser la distribution des heures de travail, pour que tout le monde puisse bénéficier des avantages sur la santé mentale du travail – même si ça veut dire que nous aurons des semaines bien plus courtes. »
Pas vraiment un argument à avancer à votre boss, donc. Mais plutôt une solution potentielle pour faire face à un marché de l’emploi en plein bouleversement.
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