Leonardo di Caprio en Great Gatsby

Ils veulent partir en retraite à trente ans

Ils sont jeunes, Américains, et bien décidés à trimer fort pour arrêter le boulot au plus vite... Leurs conseils pour celles et ceux qui voudraient suivre la tendance de la retraite (très) anticipée.

Ils s’appellent Mr Money Mustache, Mr Tako ou The Green Swan. Leur point commun ? Ils vivent tous (correctement) sans travailler. Dit comme ça, ça fait rêver. Et un peu flipper… Ces trentenaires en quête de voyages essayeraient-ils de nous embrigader dans une sorte de secte étrange ? Rien n’est moins sûr : à l’heure où certains mangent du burn-out au petit-déj, ils ont tout bonnement décidé de sortir du système plus tôt que la moyenne. La recette n’a rien de miraculeux : arrêter de travailler tout en s’assumant financièrement n’est que l’aboutissement d’une stratégie bien ficelée. Présentation.

C'est quoi l'early retirement ?

Concrètement, l’early retirement, c’est une retraite avant l’heure dans des conditions financières favorables. Et le mouvement semble gagner des adeptes aux États-Unis.

De blog en blog, on part à la rencontre de familles qui, en ayant bien géré leurs acquis, peuvent se permettre de profiter tout au long de l’année. « En mettant régulièrement de côté et en prévoyant avec précaution mon avenir, j’ai réussi à accumuler suffisamment de richesses pour être financièrement indépendant, et prendre ma retraite à 33 ans », confie ainsi le blogueur Justin McCurry, de Root of Good. Ce père de trois enfants livre régulièrement ses conseils sur la façon de bien gérer son argent, réussir ses investissements, et profiter de la vie sans la contrainte du travail. Année après année, il décrit les étapes de son indépendance financière, le tout saupoudré de voyages de rêve — à la sauce américaine.

Ce qui ressort de la plupart des blogs, c’est la nécessité de commencer à économiser dès le premier cent gagné. « Alors qu’en moyenne les gens économisent à hauteur de 5% aux États-Unis, j’ai réussi à mettre de côté 50% de mon salaire pendant 10 ans », déclare The Green Swan. Son credo : « work harder, work smarter » (« travailler plus, travailler plus intelligemment » ). Et c’est là que l’on se rend compte que prendre sa retraite ne se fait pas sur un coup de tête : « À l’époque je m’étais dit que si je pouvais finir parmi les premiers de ma classe, je devrais être capable d’avoir un salaire plus important que la plupart. (…) J’ai sacrifié beaucoup de mon temps personnel (…) et ai régulièrement travaillé entre 60 et 70h par semaine. C’est un sacrifice qui vaut le coup, pour moi et ma famille ».

Éloge de l'avarice

Au-delà de savoir économiser, il faut apprendre à vivre dans la frugalité – l’idée n’étant pas de dépenser tout son butin du jour au lendemain. « Il y a toujours quelque chose à optimiser », confie JW Brooks, fondateur de The Green Swan. « Par exemple, il y a deux ans, ma femme a commencé à me couper les cheveux à domicile ». Une doctrine qui contredit l’idée de profiter de sa retraite anticipée ? « Non. Je me sépare des choses qui n’ont pas d’importance, mais je suis décidé à dépenser mon argent durement gagné pour celles que je chéris – après avoir trouvé le meilleur deal possible, bien entendu… ». TV grand écran, maison de 3 000 m2 dans le MidWest américain et vacances optimisées : on peut être radin et faire rêver – si l’on a la bonne équation mathématique.

Mr Tako, de son côté, raconte son expérience en n’ayant que peu d’égards envers ses congénères. « Au-delà des besoins de base que constituent avoir un abri, de quoi se nourrir et être en sécurité, les gens veulent être entourés et reconnus par les autres. Pour y parvenir, la plupart suivent des règles sociales et se soumettent à une certaine pression. (…) Ils jouent leur rôle dans la machine capitaliste ». Très peu pour lui…

Le rêve américain, la méfiance française ?

Finalement, ces blogs de jeunes retraités ressemblent à s’y méprendre à nos commentdevenir-riche.com et consorts – en moins cheap et plus chics.

Ce qui est flagrant, c’est que la majorité des récits semble porter un idéal, celui de la valeur travail comme passage obligé et non comme un principe immuable auquel on ne peut pas déroger. Difficile d’imaginer le même état d’esprit de ce côté-ci de l’Atlantique – croyez-nous, on a cherché. Les Inrockuptibles avaient à ce sujet publié un reportage sur ces Français qui abandonnent le monde du travail, une action assimilée au renoncement d’ « un vecteur de socialisation », comme le concédait l’un des interrogés. Un constat partagé par Louis, jeune financier qui gagne 68 000 euros par an et qui aimerait, dans l’idée « créer son entreprise, ou même ne plus travailler du tout » à terme. « Après, peut-être que c’est illusoire, je pense que c’est plus compliqué que "j’ai gagné beaucoup d’argent – maintenant je suis tranquille". Il y a aussi l’aspect psychologique, le statut social qui vient avec le job… Et la prise de risque. Je pense que ça demande beaucoup de courage », nous explique celui qui réussit pourtant, grâce à un statut particulier, à mettre de côté 100% de son salaire.

Dans l’Hexagone, Alexandre le bienheureux, ça n’est donc pas pour tout de suite. Mais les mentalités pourraient bien changer : en plus des blogueurs gourous, des sites comme Forbes ou CNN s’intéressent au phénomène…

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
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