Les réseaux sociaux ne semblaient qu'être plaisir et volupté. Pourtant leur utilisation a bel et bien un prix. Depuis avril dernier, le doute n'est plus permis. On sait désormais que Facebook fait à peu près ce qu'il veut de nos données personnelles. Pour autant, et malgré l'ampleur du scandale, sommes-nous réellement prêts à renoncer à notre dose quotidienne de pouces bleus ? - Une tribune de la Netscouade.
De l'amour dans l'air… Zuckerberg a également annoncé un nouveau site de rencontre sur sa plateforme pour favoriser les rencontres entre célibataires. Vous ne savez pas comment aborder votre collègue de travail et lui faire comprendre que ce n'est pas professionnel ? Il vous suffira de vous créer un nouveau profil (distinct de l'actuel pour conserver l'anonymat de ses actes) et Facebook se chargera du reste en vous proposant des rencontres en fonction de vos préférences, des choses et de amis communs. Vos amis sur le réseau n'en sauront jamais rien. C'est promis juré par Zucky, cette fois-ci ce ne sera pas que des « paroles, paroles ».
- Vous devez accepter de continuer à recevoir les mêmes publicités (comme pour les nouvelles Air Jordan Xi Low) adaptées à vos centres d'intérêts (comme votre passion pour les sneakers). Dans le cas contraire, vous recevrez quand même autant de publicités et vous fournirez toujours autant de données. Sait-on jamais, on vous demande tout de même votre avis.
- Facebook vous demande si vous souhaitez utiliser la reconnaissance faciale pour accéder à votre compte mais généralement vous utilisez déjà votre visage en photo de profil …
- Et de toutes façons, si vous n'êtes pas d'accord avec la nouvelle politique d'utilisation des données du réseau, vous n'avez d'autres choix que de quitter Facebook et rejoindre les rangs du #DeleteFacebook, un mouvement très vite monté (et très vite redescendu).
Le rêve d'un réseau social sans danger
Et quand bien même ils le feraient, une poignée d'entre eux seulement mènera la séparation à son terme, en supprimant Instagram et WhatsApp, car à eux trois ils forment un tout.
Enfin, quitter Facebook n'est pas une démarche définitive. À tout moment, il est possible de recommencer la relation en récupérant son compte, intact. Plus facile à dire qu'à tenir.
Malgré un appel lancé par le #DeleteFacebook, on ne s'attend pas à un exode. Pour le moment, les données récoltées par un sondage Ifop font part de potentielles intentions et non d'actions effectives. En effet, 1 Français sur 4 envisage de supprimer son compte Facebook, là où 22% envisagent de fermer leur compte Twitter et 19% leur compte Instagram. Comme un couple qui bat de l'aile, on est méfiant. On pense à partir. Mais pas vraiment prêt à les quitter, angoissé à l'idée d'une vie sans eux.
Alors pourquoi ne pas inventer un réseau social ultra-sécurisé, sans aucun danger pour une relation saine et stable ? Et si ce Saint Graal existait déjà ? De nombreuses alternatives, respectueuses des données personnelles, ont d'ores et déjà vu le jour. C'est le cas de Whaller, un réseau social 100% frenchie qui se veut anti-Facebook puisqu'il n'exploite pas les données personnelles de ses membres. D'autres réseaux comme EyeEm (22 millions d'utilisateurs actifs en 2017), ou Ello (entre 1,5 et 4 millions d'internautes) affichent de meilleurs scores. On peut aussi percevoir une montée d'initiatives contre le géant avec Diaspor-fr ou encore l' « open book challenge » qui met en compétition des startups pour établir un réseau qui fasse le poids face à Facebook. Mais il ne semble pas si facile de faire migrer les 2 milliards de membres Facebook vers ces alternatives et ce même pour un monde meilleur. Le cœur a ses raisons que la raison ignore.
Demain : une vie sans réseaux
Une étude australienne, « Le poids de nos amis numériques », confirme cette théorie. Interdiction totale de se connecter à Facebook pendant une semaine pour la moitié de l'échantillon, soit un break total dans sa relation toxique. Un luxe, qui n'est pas accordé à l'autre moitié, qui continue normalement son utilisation du réseau social. Les résultats ont prouvé que les personnes qui n'avaient pas touché à Facebook pendant la semaine étaient nettement moins stressées que les autres : elles affichaient un taux de cortisol (l'hormone du stress) plus bas que la seconde moitié du groupe. Une relation toxique n'est bonne pour personne. Malgré tout, une grande majorité des personnes privées de Facebook pendant une semaine a affirmé être heureuse de retourner sur la plateforme. L'impression de manquer des évènements, de ne plus être relié à ses contacts entraîne une impression de solitude. Un seul réseau vous manque et tout est dépeuplé.
Un pacte de confiance ébranlé entre les utilisateurs et les réseaux sociaux, des études qui prouvent leur influence néfaste sur notre santé, des témoignages qui montrent tous les bénéfices qu'offre l'abandon de Facebook… Cela commence à faire. Quitter Instagram, Snapchat, Twitter et Facebook pour aller ailleurs, serait-ce les trahir ? Pourraient-ils être jaloux ? Car ils le savent, ils n'y a qu'eux dans notre vie. Nous les aimons, indéniablement. Et nous aimons voir grandir notre nombre d'abonnés. Nous frétillons dès que la barre des 100 « j'aime » est atteinte sur notre dernière photo de profil. Nous nourrissons un besoin narcissique dans ces interactions numériques. Difficile de décrocher.
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Auteurs : Naïs Dala, Quentin Girardon
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