Une femme qui boit un cocktail

Cocaïne, cannabis, alcool : où en sommes-nous avec les addictions au travail ?

© urbazon via Getty Images

Alcool, tabac, drogues ou médicaments ne sont pas qu'une affaire privée. Leur consommation peut aussi avoir un impact sur son travail et engage la responsabilité de l'entreprise. Qui consomme quoi au travail ? Comment repérer et prévenir les conduites à risques ?

Tabac, alcool, drogues ou médicaments, les consommations addictives concernent plus de 20 millions d’actifs parmi les 29 millions en France, aussi bien les salariés du privé ou les agents de la fonction publique, en CDI comme en CDD. Quelle réalité se cache derrière ce chiffre ? Qui consomme quoi au travail ?  Zoom sur un phénomène encore tabou. 

Moins d'alcool mais plus de drogues pour les millenials

Premier enseignement du dernier Baromètre de la Santé au Travail de Malakoff Médéric Humanis, la consommation moyenne reste stable chez les salariés. Le tabac est toujours en tête des produits les plus consommés, avec 23% de salariés qui se déclarent fumeurs. La prise de médicaments (somnifères, anxiolytiques ou antidépresseurs) concerne 14% des salariés en moyenne. Un chiffre qui grimpe à 17% pour les managers et les plus de 50 ans, et à 16% pour les femmes.

Plus inquiétant, la consommation de drogues (cannabis, haschich, autres), qui concerne 7% des salariés en moyenne, est en augmentation auprès des managers (8%), des moins de 30 ans (12%) et des hommes (9%). À ce titre, il est intéressant d’observer que les millennials semblent bouder l’alcool mais consomment plus de drogues.

Enfin, la consommation d’alcool au quotidien est en très légère baisse (6% contre 7% l’an passé). Elle concerne principalement des hommes âgés de 50 ans et plus, employés du BTP ou managers, mais elle concerne aussi, de plus en plus, les femmes.

L’entreprise en première ligne

Les addictions ne sont pas qu’une problématique de santé individuelle : elles ont également des répercussions sur la vie professionnelle. Accidents du travail, absentéisme, troubles de la concentration ou plus largement problèmes de comportement dans l’entreprise…

Dans certains cas, c’est un véritable cercle vicieux qui s’installe, comme le souligne Lionel Barra, formateur spécialisé en addictologie qui intervient en entreprise afin de sensibiliser direction, RH, salariés et managers. « Nous vivons dans une société de la performance. Le rythme de travail, la pression, peuvent créer une ingérence émotionnelle. L’alcool ou les drogues deviennent un moyen de gérer la pression, de déconnecter. »

La prévention est donc primordiale, et l’employeur est en première ligne comme le mentionne l’article L4622-2 du Code du Travail. Problème : « Les DRH sont souvent démunis face à ce problème, poursuit Lionel Barra. Lorsque j’interviens dans une entreprise, je travaille avec les ressources humaines pour étudier, au cas par cas, les situations professionnelles problématiques, souvent complexes. Il s’agit de protéger l’employeur et de responsabiliser le salarié. » Pour cela, l’entreprise peut s’appuyer sur son conseiller santé, prévu par sa mutuelle, mais aussi sur des ressources externes : CARSAT, IPRP externes, addictologues… Bref, l’entreprise n’est pas seule.

Comment repérer et prévenir les conduites à risques ?

De son côté, la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) a mis en place un « portail des addictions en milieu professionnel » qui propose une sélection d’outils et de ressources pour prévenir les addictions.

Mais comme souvent, il y a la théorie, et il y a la pratique. Concrètement, que faire lorsque l’on est témoin d’un trouble du comportement dans son entreprise ? « Il faut immédiatement prendre en charge cette personne parce qu’elle peut être dangereuse, pour elle et pour les autres », avertit le Dr Philippe Hache.


Témoin d'un trouble du comportement dans votre entreprise ? Découvrez les trois réflexes à adopter en lisant la suite de cet article sur Le Comptoir de la nouvelle entreprise.


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commentaires

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  1. Avatar Neanderthalensis dit :

    Bonjour,
    En fait ce qui est dit à la fin de cet article n’est pas spécialement satisfaisant et n’apporte pas particulièrement de réponse adéquate.
    En effet, pour mon cas personnel, je ne suis pas addicte de quelconques substances particulières, il s’agissait plutôt des journées de travail à rallonge, que je traduis par probablement une certaine anxiété et une réponse à la pression quotidienne sur les impératifs de respect de toute sorte (Délai, coûts, qualité, …). Il fallait sans cesse faire des pirouettes et des miracles pour tenir les engagements et mettre régulièrement la main à la pâte avec les risques que cela comporte quand vous êtes seuls dans les ateliers (…Risque pour l’intéressé comme pour la hiérarchie en cas de pépin).
    Alors la solution mise en place a été extrêmement simple, pas de créativité dans ces cas là, on se sépare et on met au chômage….

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