Foule devant le Vatican

Quête de sens et envie de trouver la paix : le retour en grâce du tourisme religieux

© Kai Pilger

Porté par l’intérêt renouvelé pour la foi et les néospiritualités, le tourisme religieux se reconfigure et fait de nouveaux adeptes.

Juste avant la disparition la disparition du pape François, une forte hausse de la demande pour des circuits thématiques centrés sur sa figure était enregistrée par la plateforme de visites guidées Civitatis – que ce soit à Buenos Aires, où il est né, ou au Vatican. Alors que plusieurs millions de visiteurs sont attendus à Rome cet été pour le Jubilé, en février, déjà, un raz-de-marée inespéré déferlait sur les églises à l’occasion du mercredi des Cendres. Plus tôt, plusieurs prêtres et sœurs rencontraient un fort succès en ligne, et le Carême devenait populaire sur TikTok… Autant d’éléments pour confirmer une tendance : le contexte sociétal semble de nouveau (très) favorable à la religion catholique. Et ce regain d’intérêt se ressent dans le secteur du voyage : après plusieurs décennies en berne, c’est le retour en grâce du tourisme religieux.

L’étude Marché du tourisme religieux – Évaluation et prévisions de l’industrie mondiale de Vantage Market Research évaluait cette activité à 15,5 milliards de dollars en 2023 et projette 37,2 milliards de dollars d’ici 2032. Rien d’étonnant pour Augustin Marbacher, directeur de Ritrit, association qui, via une application, met en lien les communautés religieuses avec le tout-venant : « En 2022, 16 000 personnes avaient fait une demande de réservations via Ritrit. En 2023, ils étaient 51 000. Et en 2024, 76 000 ! Et la tendance se confirme depuis le début de l’année 2025... »

Religieux et athées en quête de sens

En cause, l’instabilité géopolitique mondiale et l’angoisse provoquée par la crise climatique. Contexte qui, pour Didier Arino, à la tête du cabinet spécialisé Protourisme, fait naître chez certains « une quête de sens et un besoin de ralentir dans un monde qui s’accélère, portant ainsi le tourisme religieux. » Et qui provoque chez d’autres une volonté de mieux se comprendre. Ainsi, pour Nour Farra Haddad, Docteure en Anthropologie religieuse, c’est dans la nature profonde du tourisme religieux que l’on trouve l’une des raisons de son succès : « C’est avant tout un tourisme d’ouverture, culturel et d’une culture de la paix, car il vise à s’ouvrir à l’autre et à sa foi, à les comprendre. » Guilhem de Vasselot, qui dirige l’agence de voyages et de pèlerinages chrétiens Routes Bibliques, abonde en son sens, soulignant « un besoin de lien fort, de fraternité ».

Au niveau individuel, Augustin Marbacher note, lui, une volonté « de couper du quotidien, de se ressourcer, de se reconnecter au silence, à la nature et à soi, dont on a pris conscience collectivement pendant le Covid. » Une quête qui touche religieux comme athées. Ceux-ci composent d’ailleurs le cœur de cible de Ritrit : 40 % des retraites réservées sur l’application le sont à l’occasion d’une première expérience. « Beaucoup visent le ressourcement, via la méditation, l’introspection, la contemplation. Une partie vient aussi à des moments significatifs de vie », comme un deuil, un chômage, un mariage…

Le tourisme spirituel, nouvel avatar du tourisme religieux ?

Le tourisme religieux ne s’arrête pas aux pèlerinages, volontourisme, et autres rassemblements à Lourdes, Saint-Jacques-de-Compostelle. Il englobe aujourd’hui toutes les spiritualités. Du New Age au chamanisme en passant par les sorcières et autres druides, toutes ces pratiques bénéficient elles aussi d’un regain d’intérêt auprès d’un public éloigné des religions monothéistes. Sur Instagram et TikTok, les mises en scène de retraites se succèdent et se ressemblent : assis sous la tutelle d’un guide local ou debout sous une fontaine, les utilisateurs crient, pleurent, et sous-titrent leur vidéo « Guérir à Bali » ou « Cérémonie de purification dans un temple indonésien ». Nour Farra Haddad reste, pour sa part, circonspecte : « Certes, certaines activités de ces retraites visent à nourrir l’âme, mais elles ne s’inscrivent pas dans une démarche de foi. »

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