
Les promesses dithyrambiques sur « l'avenir du diagnostic à partir de 3 gouttes de sang » vous ont manqué ? Pas d’inquiétude, de nouvelles startups reprennent le flambeau de l’analyse sanguine miraculeuse.
Billy Evans est un fringant entrepreneur et père de famille qui a récemment bénéficié d’un long article dans le New York Times. Sa startup, nommée Haemanthus (le nom d’une fleur communément appelée « lys de sang » ), est justement en cours de lancement et son créateur espère lever 50 millions de dollars. Son objectif ? « L’optimisation de la santé humaine » à travers un appareil d'analyse sanguine capable d'effectuer une multitude de tests de laboratoire complexes à partir d'une simple piqûre au doigt. Ça vous rappelle quelque chose ? Si une voix hurle en vous « Theranos, la fameuse startup qui a levé 724 millions de dollars sur un mensonge ! », vous avez gagné. Vous avez d’autant plus gagné que Billy Evans n’est autre que le compagnon de vie d’Elizabeth Holmes, la fondatrice de Theranos qui purge actuellement une peine de 11 ans de prison pour fraude !
On prend les mêmes et on recommence !
Petit rappel des faits pour ceux qui ont zappé l’histoire de la plus grande arnaque de la Silicon Valley : en 2003, Elizabeth Holmes, 19 ans à peine, quitte Stanford pour fonder Theranos, une startup qui promet de diagnostiquer des centaines de maladies avec quelques gouttes de sang prélevées au bout d’un doigt. Après avoir levé des millions et lancé des prototypes en pharmacie, le monde de la tech pense tenir l’avenir de la médecine augmentée. Mais en 2015, le journaliste John Carreyrou, du Wall Street Journal, publie une série d’articles révélant que les machines ne fonctionnent pas, que la startup fait la majorité des tests en cachette et que les patients reçoivent des diagnostics faux. Un procès retentissant plus tard, le monde de la tech a oublié l’idée de révolutionner les tests sanguins. Mais il faut croire que les « bonnes » idées ne disparaissent jamais vraiment.
D’après les documents destinés aux investisseurs que le New York Times a pu consulter, le prototype — qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux fameuses machines Edison d’Elizabeth Holmes — devrait pouvoir analyser des échantillons de sang, d’urine et de salive. Si, à terme, la machine est destinée à être utilisée pour la médecine humaine, Billy Evans semble plutôt viser le marché vétérinaire et plus particulièrement la santé des animaux de compagnie. Reste que la route est encore longue avant un lancement officiel et même une levée complète de fonds. Pour le moment, l’entreprise a levé 3,5 millions de dollars auprès de proches et tente d’atteindre 15 millions supplémentaires auprès d’investisseurs fortunés d’Austin et de la baie de San Francisco. La boîte est surtout composée de l’équipe de direction de Luminar, une startup en faillite spécialisée dans les voitures autonomes, et le seul investisseur cité ouvertement dans les documents est Matthew E. Parkhurst, copropriétaire d'un bar à tapas méditerranéen dans le centre-ville d'Austin. On comprend mieux pourquoi Billy Evans se présente sur les réseaux comme le CEO d’une « start-up clandestine ».
Pour quelques gouttes de plus
Si cette nouvelle tentative tend à faire sourire, Haemanthus n’est pas la seule startup à vouloir relancer l’idée des tests sanguins miniaturisés. Selon Les Échos, plusieurs entreprises comme la canadienne Vital Biosciences ou l’américaine Truvian Health sont sur les starting-blocks pour lancer leurs machines. Vital, qui bénéficie d’une levée de 48 millions de dollars auprès d’investisseurs comme Sam Altman, promet notamment une cinquantaine de tests en moins de vingt minutes sur 6 gouttes de sang — une technologie qui n'a pas encore été validée par la FDA.
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