Un bateau de croisière sur fond bleu

Sur YouTube, on rêve de voyages à bord de bateaux géants

© George Desipiris

Ils ont une passion : écumer les sept mers à bord des bateaux de croisière les plus gros possibles. Et se retrouver en ligne pour en parler.

« Je pars faire ma première croisière (..), cela fait des années que je veux le faire (...) et je suis tombée dans un trou de lapin, le YouTube des croisières est vraiment intense les gars, je vous le recommande grandement, et j'ai décidé que j'étais obsédée par ça ! (...) Je ne vais nulle part de très excitant car ce qui m'intéresse c'est le bateau. Je suis un peu déjà une grand-mère en ce qui concerne mes goûts, mes hobbies et mon regard sur la vie, donc je n'aspire qu'à une chose : être sur un bateau géant, avec une salle à manger élégante et un open bar », raconte l'autrice américaine Alexa Donne en vidéo. Il n'en fallait pas plus pour partir en exploration dans ce recoin des Internets obnubilé par les très, très gros bateaux.

La croisière s'amuse (encore)

Sur YouTube, ils sont nombreux à décrire par le menu leur voyage en croisière, passant en revue les compagnies qui organisent des séjours aux quatre coins du monde, les différents modèles de navire de plaisance et destinations exotiques. Parmi eux, l'auteur de la chaîne Tips For Travellers. Avec plus de 90 croisières à son actif, le Youtubeur propose à ses quelque 400 000 abonnés plus de 1 000 vidéos parlant croisières. Sa mission : aider les internautes à tirer profit de leurs temps de vacances et de leur argent. Sur fond de mers bleu turquoise, de ports blindés de monde, de vacanciers déambulant en short en jean et en chapeaux, et de bateaux hauts comme des immeubles et long comme on ne sait combien de terrains de foot, il appelle les bateaux par leur petit nom (Carnival Dream, Oasis Of The Seas...). Pour cela, il enchaîne chaque année près de 10 croisières qu'il filme rigoureusement avant de les analyser avec minutie en face caméra. Parmi ses vidéos les plus regardées : un récap des pièges à éviter lorsqu'on part en croisière aux Caraïbes, un comparatif des croisières sur mers et rivières et un rapport sur les croisières Disney réservées aux adultes. Mais le youtubeur n'est pas le seul sur le créneau. Depuis 2016, Emma Cruises, 248 000 abonnés et 638 vidéos au compteur, a une spécialité : les croisières à thème. Restaurants suspendus au-dessus des flots, ultraluxe, années 90, spectacles de Noël... Et n'oublions pas Don et Heidi de la chaîne Eat Sleep Cruise, qui entendent nous aider à voir le monde « un port à la fois. »

Car cet engouement pour la vie sur un gros bateau n'est pas qu'un truc de boomer. Sur TikTok, le #cruise cumule 9,4 milliards de vues, le #cruiselife (vie de croisière) plus d'1,5. Ici, on assiste à tout un tas de choses : les préparatifs de soirées de jeunes filles qui s'enduisent de paillettes, un coucher de soleil aux Bahamas, le montage de toutes les activités amusantes proposées sur un même bateau (bowling, autotamponneuses, toboggans à gogo, piscines à remous, souffleries géantes permettant de flotter dans les airs, DJ déchaîné entraînant une centaine de personnes en habits de lumière dans l'apprentissage d'une chorégraphie...) et au décompte énoncé par sa copine de tous les plats et boissons qu'Adam peut avaler en une journée à bord d'un navire proposant une formule all inclusive.

Les croisières dans l’Antarctique, un enfer particulier

Qui dit croisière partout dans le monde dit croisière dans l’Arctique et l’Antarctique, des voyages particulièrement meurtriers pour l'environnement. Une énième occasion pour les influenceurs en tous genres de se mettre en scène en train de voyager près de la banquise qui rétrécit et des glaciers qui fondent. Récemment, Mediapart a mis en lumière la proposition commerciale effarante de La Compagnie du Ponant, propriété du milliardaire François Pinault. La société vend un accès au « paradis blanc », l'un des écosystèmes les plus fragiles au monde, dans lequel s'immerger sans avoir à quitter le confort de sa luxueuse suite. Qualifié d'écocides par le journaliste Mickaël Correia, ces croisières sont aussi l'occasion pour le personnel travaillant sur ces bateaux de luxe ultra-polluants d'assister à des scènes lunaires résumées sur Twitter par le journaliste ayant mené l'enquête : « passagers climatosceptiques ou jouant à Candy Crush lors des sorties sur la banquise, selfies avec des manchots empereurs, mégots jetés dans l'eau... ». En Europe, le premier opérateur de croisières pollue 10 fois plus que l'ensemble du parc automobile, affirmait Géo en 2019. Pour jouer sur téléphone et prendre un selfie avec un pingouin, cela valait bien le coup.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.

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commentaires

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  1. Avatar Laurent Dané dit :

    Sans compter que ces navires ont tellement de passagers, que personne ne pourra venir les sauver en cas d'incendie qui est le risque le plus probable. Tout est en double, y compris la passerelle de navigation mais...

  2. Avatar RENNESSON dit :

    Des bateaux de cette envergure ne devrait pas exciter!!! Mais ARGENT,ARGENT,quand tu nous tiens!!!!

  3. Avatar delboulbes francis dit :

    des immeubles flottants, le rève! afin que les touristes ne soient pas trop dépaysés il faudrait leur organiser des manifestations et peut etre allumer quelques feux de poubelles sur le pont

  4. Avatar Anonyme dit :

    voilà je n'aime pas du tout ces bateaux :: une ville !! pour dépenser beaucoup d'argent !!

  5. Avatar a dit :

    Les paquebots actuels sont impersonnels, ils sont tous, à peu de chose prêt, construit sur le même moule, on aurait des boites d'allumettes empilées les unes sur les autres. Je prends la liberté de faire un tel constat car, dans la ma jeunesse, j'ai eu l'occasion de voyager à bord de différents paquebots, grâce à mon père qui était haut fonctionnaire, à l'époque où la FRANCE avait des colonies (surtout sur le continent africain; nous voyagions en 1ère classe, chose qui n'existe plus maintenant, tout le monde est logé à la m^me enseigne, la seule différence, c'est la catégorie de cabine choisi et, maintenant, pour obtenir quelqu chose, presque tout est payant; il faut faire chauffer la carte bleue si on veut se payer un (ou des) extra(s) et, e bout de ligne, on risque d'avoir de sacrés surprises si l'on ne fait pas attention. A l'époque, les relations équipages passagers étaient plus amicales, presque tout le monde se connaissaient, sympathisaient plus facilement et rapidement. On avait la possibilité de prendre le petit déjeuner dans sa cabine, si on le voulait, sans bourse à délier, idemn pour le déjeuner et le diner, maintenant, c'est chose pratiquement impossible. La tenue vestimentaire, pour aller prendre le petit déjeuner et le déjeuner pris dans l salle à manger était décontractée par contre pour le diner, tenue costume, cravate pour les hommes et robe élégante étaient exigés, maintenant, certains passagers arrivent en tenue négligée, ils croient se trouver dans un camping. Maintenant, les départs des paquebots se font, presque, anonymement, dans l'indifférence totale, à l'époque, il y avait tout un rituel, c'était une véritable fête et surtout, des visiteurs pouvaient monter à bord pour accompagner leur famille ou amis ceci, gratuitement et pour leur information, le paquebot cornait, 1/2 heure avant le départ, 1 fois, pour signaler le départ imminent et pour dire aux visiteurs de penser à descendre ensuite, rebelote 1/4 heure avant pour rappel et; à l'heure du départ, il cornait 3 fois pour inviter les derniers visiteurs à descendre, le bateau décollait du quai, généralement, 1/4 après le dernier avertissement. Rares étaient les visiteurs qui oubliant de quitter l navire, après c'était leur problème, avaient des comptes à rendre à la compagnie, on les débarquait à la prochaine escale et ils étaient dans l'obligation de payer leur bref voyage, pour leur retour, c'était leur problème.
    Bref, voici, en gros, comment se passait un départ et une traversée à bord d'un paquebot. J'ai déjà effectué certaines croisières, en compagnie de ma famille (femme et enfants) et je regrette, à chaque fois, c'est avec nostalgie que je pense à la bonne époque. Toutes les compagnies maritimes que j'ai connu ont, malheureusement, disparues (Compagnie Générale Transatlantique, Compagnie Navigation Paquet, Messageries Maritime et une fis, une compagnie italienne ( Grimaldi) et là, on avait embarqué dans la rade de CANNES car le bateau était resté en rade; sur de bateau, on a mangé toutes sortes de pâtes (du 1er au dernier jour) et ce, jusqu'aux antilles secteur dont je suis originaire.

  6. Avatar Mathias Poujol-Rost dit :

    C'est vraiment un univers parallèle

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