
Une quarantaine d’activistes de Greenpeace a débarqué en kayak aux Cannes Lions 2022 pour interpeller les participants sur leur responsabilité dans la crise climatique.
Après avoir interrompu la cérémonie d’ouverture du festival international de la « créativité » le 20 juin 2022, Greenpeace récidive et s'invite cette fois-ci à un événement organisé par le groupe WPP. La raison : l'ONG reproche à ce dernier de travailler régulièrement pour des entreprises climaticides telles que Shell, Exxon, Chevron et BP.

L’industrie fossile mise à l’honneur lors des Cannes Lions : « this is fine »
Les activistes de Greenpeace arrivés depuis la mer ont envahi la plage où s’étaient réunis des professionnels de la publicité et de « l’industrie fossile climaticide », indique le communiqué de l'ONG. Certains activistes portaient des pancartes « interdisons les pubs fossiles », d’autres étaient déguisés en chien – celui du célèbre mème « This is fine » – pour dénoncer le « déni et la complicité des agences de pub travaillant pour l’industrie fossile, malgré l’urgence climatique ».

Cessons de promouvoir l’industrie fossile
Si WPP a largement communiqué sur son « ambition » d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025, Greenpeace déplore que le groupe travaille encore régulièrement pour des majors pétrolières et gazières telles que Shell, Exxon, Chevron ou encore BP. « Quid de sa responsabilité dans l’impact carbone de ses clients ? », interroge l'ONG.
Selon Clean Creatives, mouvement rassemblant les professionnels du secteur engagés à ne plus travailler pour l’industrie des biens et services fossiles, l’empreinte carbone des entreprises issues de l’industrie fossile clientes de WPP est 423 fois plus importante que le reste des activités du groupe. « Nous venons de vivre la canicule la plus précoce jamais observée en France ; le climat s’emballe, les alertes des scientifiques se multiplient et les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus fréquents… Mais les agences publicitaires continuent à travailler et promouvoir l’industrie fossile, responsable de 86 % des émissions mondiales de CO2, comme si de rien n’était », dénonce Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France.
C’est la troisième journée d’action aux Cannes Lions pour Greenpeace, présente depuis le début du festival. Après avoir interrompu la cérémonie d’ouverture, l’ONG a organisé une projection de nuit, listant les prix reçus par les entreprises des biens et services fossiles depuis L’Accord de Paris.

Elle a également mené une action de collage dans la ville du célèbre mème « This is fine » (tout va bien) accompagné du message « No awards on a dead planet » (pas de prix sur une planète morte.) David Lisnard, le maire de Cannes, a vivement condamné l'opération.

L’interdiction des publicités fossiles, mesure cruciale dans la lutte contre le changement climatique
Face à l’urgence climatique et indépendamment des beaux discours, Greenpeace regrette que le passage à l’acte du secteur de la publicité et de la communication soit trop lent et rare. Pour faire évoluer la législation au niveau européen, l'ONG, accompagnée de 40 organisations, a lancé une initiative citoyenne européenne « pour une interdiction à l’échelle européenne des publicités, partenariats et mécénats pour les entreprises vendant des biens et services fossiles ». L'objectif : atteindre 1 million de signatures pour que ce projet de loi soit examiné par la Commission européenne. « La désinformation et le greenwashing des entreprises vendant des biens et services fossiles ne sont plus tenables. L’Union européenne a déjà interdit la publicité pour l’industrie du tabac, il est temps d’en faire de même pour l’industrie des énergies fossiles, qui détruit à la fois la santé, la biodiversité et le climat », conclut Edina Ifticene.
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