Selon cette artiste, les NFT reproduisent « les pires aspects du marché de l’art »

Plutôt que d'enrichir les artistes, les NFT vont parfois jusqu'à leur coûter de l'argent

© Executium via Unsplash

Vous pensiez que les NFT allaient sauver les créatifs ? Dans un article Medium détaillé, l’artiste canadienne Kimberly Parker alerte sur les chiffres de vente biaisés affichés par les grandes plateformes d’art basées sur la blockchain. 

Les NFT, ou jetons non fongibles, devaient permettre aux artistes de monétiser leurs œuvres numériques tout en les protégeant du plagiat. Une belle idée, basée sur la blockchain, qui retombe aujourd’hui comme un soufflé. Car si beaucoup d’artistes tentent leur chance, la plupart ne pourront jamais en vivre, alertent des créatifs. 

Une manne pour les spéculateurs, pas pour les artistes

Dans les colonnes de The Atlantic, les créateurs de la technologie, l’entrepreneur Anil Dash et l’artiste numérique Kevin McCoy, sonnaient déjà l’alerte au mois d’avril. « En concevant une technologie dédiée à un usage artistique, nous pensions l’empêcher de devenir un outil d’exploitation de la créativité. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Notre rêve de donner plus de pouvoir aux artistes n’a jamais vu le jour, et a laissé place à une hype commerciale exploitable. » Car dans les faits, ce sont surtout les collectionneurs détenant de l'Ether (l'une des cryptomonnaies les plus utilisées pour acheter de l'art virtuel) qui en profitent.

Dans un rapport publié sur Medium le 19 avril, l’artiste canadienne Kimberly Parker avance les mêmes arguments, chiffres à l’appui cette fois. En se basant sur les résultats de vente affichés par des plateformes de crypto-art comme OpenSea, Nifty Gateway et Superrare, elle déconstruit l’idée selon laquelle les artistes peuvent percevoir des revenus réguliers grâce aux NFT. Elle a concentré ses recherches sur une période de 10 jours (du 14 au 24 mars 2021) – lors de la « ruée vers l'or des NFT » déclenchée par la vente record de l’artiste Beeple chez Christie’s – et ne s’intéresse qu’aux ventes primaires, soit le moment où un artiste vend son NFT pour la première fois. 

Un système biaisé et illusoire

Selon l’artiste, la manière dont ces grandes plateformes calculent le prix de vente d’un NFT est faussée, car ces dernières ne considèrent qu’une seule métrique, celle de la moyenne. « Il existe donc un autre calcul utile, explique-t-elle, celui de la médiane (une valeur numérique qui sépare la moitié supérieure de la moitié inférieure d'un ensemble de chiffres, ndlr). Cela vous donnera un meilleur aperçu de ce que signifie être un artiste "au milieu du peloton". »

De cette manière, Kimberly Parker a découvert qu’un tiers des ventes réalisées (33.6%) durant cette période faste pour les NFT avaient seulement rapporté 100 dollars…, ou moins. On est loin des 69 346 250 dollars décrochés par Beeple lors de la vente du 11 mars. « Mais ça n’est pas le pire », poursuit l’artiste, car aucune des plateformes mentionnées ne parle des frais qu’elles perçoivent sur chaque vente. Si votre œuvre fait partie de cette tranche de NFT vendus à 100 dollars ou moins, « attendez-vous à ce qu’entre 72,5% et 157,5% de votre vente soient déduits des frais, précise-t-elle. Cela représente une moyenne de 100,5%, ce qui vous laisse avec un déficit de 0,50 dollar ou plus. »

Si révolution des NFT il y a, elle est donc loin d’être en faveur des artistes, les ventes exceptionnelles étant réservées à une poignée de créateurs. Vous pensez toujours que les NFT représentent une opportunité financière décentralisée ? « Peut-être au contraire reproduisent-ils les pires aspects du marché traditionnel des beaux-arts, questionne finalement l’artiste. Les galeries facturent des frais, les artistes établis peuvent gagner d'énormes sommes d'argent et les artistes en difficulté – qui en ont le plus besoin – n’y ont pas accès parce qu'ils n'ont pas de relations. Sauf qu'au lieu de vendre de l'art, ces sites vendent des reçus, et l'art est susceptible de disparaître. »

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.

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commentaires

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  1. Avatar Virgil dit :

    C'est parce que ces artistes passent par la blockchain ethereum et que ses frais de transactions sont trop haut.ils leur suffit de passer par "wax" Les seuls frais que prend le site sont 10% par ventes. Les frais reseaux sont ridicules! Meme moi qui ne suis pas un artiste j'arrive a me faire de l'argent! Il ne faut juste pas viser les plateformes avec Des transactions abusives.

  2. Avatar Dortu dit :

    Wax ? Pouvez-vous donner plus d'infos ? C'est le nom d'une plateforme de vente en ligne ? Je ne la trouve pas.

  3. Avatar Anonyme dit :

    Tout est dit dans cet article, le commentaire le montre. Les NFT n'ont rien avoir avec l'art, des JPG b*llshit par milliers, et les sommes depensées sont celles de quelques individus qui se sont enrichis dans les crypto. Piege a *** ou comment rendre payant ce qui ne l'est pas (clic droit sur l'image d'un NFT et ça suffit)

  4. Avatar Anonyme dit :

    Tout est dit dans cet article, le commentaire le montre. Les NFT n'ont rien avoir avec l'art, des images bul***t par milliers, et les sommes depensées sont celles de quelques uns qui se gavés dans les crypto. Piege a *** ou comment rendre payant ce qui ne l'est pas (clic droit sur l'image d'un NFT et ça suffit)

  5. Avatar Bonsens dit :

    Les Nfts ne sont pas une révolutions dans l'Art, certains crypto artistes comme Arsèn Eca font des Nfts avant même l'existence des Nfts, cependant ce qui change c'est la facilité de spéculer dessus.

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