
Dans le sillon de Tinder et Happn, de plus en plus d'acteurs se disputent le juteux marché de l’amour.
Aujourd’hui, c’est Facebook qui entre dans la danse. Lancée aux États-Unis et en Asie du Sud-Est, la fonctionnalité Facebook Dating qui reprend les codes de Tinder se serait selon Menlo Park imposée parmi les premiers services de rencontres en ligne.
Le miel et les abeilles
Ultra concurrentiel et très alléchant, le marché des rencontres ne cesse d’attirer de nouveaux acteurs. En témoigne la récente apparition de l’application française Hoop, qui mélange le swipe de Tinder aux fonctionnalités d’échange de Snapchat. Alors que les utilisateurs se disent pour beaucoup blasés, fatigués et déçus par leurs échanges sur les sites et applications de rencontres, les swipers fous ne sont tout de même pas prêts à décrocher. Selon un sondage YouGov*, 1 Français sur 5 se déclare accro à son application de rencontres préférée. Et chaque semaine, 67% des Français passeraient près de quatre heures sur leurs applications de rencontre.
Les app et sites ont donc de beaux jours devant eux, et le géant américain entend bien tirer son épingle du jeu. En septembre dernier, le responsable de Facebook Dating Nathan Sharp a annoncé que la nouvelle fonctionnalité de Facebook devait arriver sur nos écrans « début 2020 », sans toutefois re-spécifier entre temps le calendrier du lancement. Rien d’étonnant à ce que Facebook se lance à son tour sur le marché de l’amour. « Du réseau social au site de rencontres, il n'y a qu'un pas qui ne demande pas un énorme investissement technologique », a expliqué Julien Pillot, enseignant-chercheur à l'école de commerce Inseec.
Le dating au service de la data
Selon l’expert, Facebook « a copié tout ce qui marchait bien sur les autres applications et rajouté deux ou trois fonctionnalités. Ce qui les intéresse, c'est surtout d'inciter les utilisateurs à renouer avec le partage de contenus privés. » L’horizon serait donc, encore et toujours, l’aspiration de données. Publié en début d'année par le Conseil du Consommateur Norvégien, le rapport « Out of Control » stipulait que des applications de rencontres comme Tinder et Grindr partageaient nos données avec parfois près de 135 entités, parmi lesquelles Twitter et... Facebook. Pourquoi en somme ne pas s'improviser site de rencontre et capter directement l'information à la source?
La tâche ne sera peut-être pas si aisée. Effarouchés par de récents scandales (Cambridge Analytica, oui encore…) liés à la surveillance et à l’absorption des données, les utilisateurs Facebook avaient quelque peu délaissé la zone. Fin 2019, un sondage Piplsay révélait que sur 21 000 Américains sondés, seuls 23% d’entre eux faisaient confiance à Facebook quant à la sécurité de leurs données personnelles. Un second sondage**, réalisé par Diplomeo, souligne la baisse de l'engouement généré par le réseau social : 64% des jeunes de 16 à 18 ans n’utilisent plus Facebook, alors qu’ils étaient encore 50 % l’an dernier. En outre, Facebook rafle la première place du réseau le plus supprimé par les jeunes tous âges confondus (12 %), devant Snapchat (9 %), Twitter (8 %) et Instagram (6 %). La nouvelle fonctionnalité gratuite suffira-t-elle pour donner envie aux utilisateurs de renouer avec le géant ? Les swipes à venir le diront.
Méthodologie* : étude menée par YouGov Plc pour Once auprès de 1 007 personnes représentatives de la population française entre le 4 et 5 septembre 2018.
Méthodologie** : étude menée auprès de 4312 jeunes âgés de 16 à 25 ans personnes représentatives de la population française entre le 10 et 17 janvier 2020.
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