
Une journaliste de l'Opinion, spécialisée dans l'industrie agricole est au coeur d'une polémique qui a embrasé Twitter ce weekend.
Le vendredi 13 septembre 2019, le journal Libération a publié une enquête concernant Emmanuelle Ducros, une journaliste qui est au cœur de plusieurs polémiques depuis près d'un an. D'après l'article, cette dernière aurait créé un deuxième compte Twitter sous le pseudo de @RaysonElla et opèrerait depuis ce dernier, une campagne de harcèlement envers plusieurs journalistes. L'une de ces « cibles » favorites serait Robin Andraca, un journaliste de Libération et ancien d'Arrêt sur Image qui avait déjà signé une enquête sur Emmanuelle Ducros et ses liens très serrés avec les lobbies de l’agroalimentaire en juin 2019. Derrière ce deuxième compte qui a bien été ouvert avec son adresse e-mail professionnelle et son numéro de téléphone portable, la journaliste aurait fait tourner des rumeurs sur un éventuel licenciement de Robin Andraca.
THREAD Des nouvelles du journalisme d' @lopinion_fr en France
La journaliste @emma_ducros aurait donc créé le compte anonyme @RaysonElla pour harceler et insulter ses confrères qui la critiquaient https://t.co/xKzB69Aday
Florilège (ça aidera @FallaitPasSuppr)#NaufrageEllaFé
— Olivier Berruyer (@OBerruyer) September 14, 2019
Pourquoi Emmanuelle Ducros et CheckNews se font la guerre ?
Journaliste spécialisée dans le domaine de l'industrie agricole pour l'Opinion, Emmanuelle Ducros est surtout connue pour sa position très défensive de l’agriculture industrielle et intensive. Elle est particulièrement réactive sur les sujets qui tournent autour de l’usage du glyphosate qu’elle soutient fortement. Avec la journaliste du Point Géraldine Woessner, elle n'a de cesse de dénoncer « l'alarmisme » et le « populisme » de certains journalistes qui iraient contre les consensus scientifiques dans leur traitement sur le désherbant de Monsanto. En janvier 2019, elle s’est particulièrement attaquée à Élise Lucet et son émission Envoyé Spécial consacrée à ce sujet et qu'elle considère comme complètement biaisée.
Elise Lucet ne reconnaîtra jamais de défaut à ses enquêtes, fussent-elles scandaleusement biaisées. La bonne nouvelle, c'est qu'enfin, on l'interroge comme un "vulgaire" patron du Cac40. Qu'elle dise ce qu'elle veut. Nous savons, désormais, qu'#EnvoyéSpécial n'est pas l'Evangile https://t.co/TXQ1DPGOYN
— Emmanuelle Ducros (@emma_ducros) January 31, 2019
Suite à de nombreuses et virulentes passes d'armes, CheckNews entrera en scène afin de passer en revue les informations du documentaire. La rubrique est prise à partie par Emmanuelle Ducros. En résulte l'enquête sur la journaliste de Robin Andraca. Ce dernier l'accuse notamment de participer à de nombreuses tables rondes organisées par des lobbies et d’avoir accepté le défraiement d’une participation. Depuis, on assiste régulièrement à des échanges tendus entre CheckNews et Emmanuelle Ducros sur Twitter.
Quand la ligue des « Ze » rentre en scène
Grâce à son positionnement en faveur d'une agriculture industrielle forte, Emmanuelle Ducros est soutenue sur Twitter par la ligue des Ze. Il s'agit d'internautes ultralibéraux ou libertariens dont le pseudo commence par « Ze ». Le plus connu d'entre eux est @ZeBodag, un trader travaillant à Londres et qui s'est fait connaître sur les réseaux en 2016. Ce militant est lui aussi en combat contre la rubrique CheckNews qui a consacré un article à sa communauté. À la suite de la publication de l'enquête sur le double compte d'Emmanuelle Ducros, ZeBodag a écrit un long thread expliquant qu'il serait, en fin de compte, le vrai responsable des propos tenus sur le compte @RaysonElla.
Je me suis dit qu'il n'était plus possible d'utiliser les arguments classiques, mais qu'il était important de montrer à tous, les réelles intentions de Cédric Mathiot et de son équipe. J'ai donc diffusé les messages à la fois sur mon compte et celui de @RaysonElla !
— Ze New Bigoudi (@zebodag) September 14, 2019
L'objectif de son plan très alambiqué ? Assurer la défense d'Emmanuelle Ducros et prouver que les journalistes de CheckNews ne vérifient pas leurs informations afin de les discréditer. Sa déclaration est bien évidemment impossible à vérifier, mais quelques détails semblent contredire cette version. La journaliste d'habitude si volubile sur les réseaux n'a pour le moment pas réagi publiquement à l'article et le fameux compte secondaire a été supprimé de Twitter ce weekend. De plus, une centaine de tweets très virulents émanant du compte principal d’Emmanuelle Ducros ont été effacés dans la même période. Reste à savoir pourquoi la personne qui se trouve derrière ce compte a effectué un coup de balai si tardif. Twitter n’a pas fini de servir de cour de récréation pour les personnalités médiatiques.
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