Après la « menstrutech » et la « sextech », c'est au tour de la « vagitech » de proposer des solutions techniques. Des tampons bio aux sextoys bourrés de technologies, L'ADN fait le point.
Cachez ce vibro que je ne saurais voir. Le salon du CES de Las Vegas a retiré début janvier le prix attribué à la startup LoriDiCarlo. La raison ? L'innovation n'était pas éligible dans la catégorie « robots et drones » et le règlement interdit les candidatures qu'il juge « immorales, obscènes, indécentes ou profanes ». L'entreprise avait à l'origine reçu le prix pour « Osé », un sextoy capable de reproduire les sensations de bouche, de doigts ou de langue.
Sur son site web, la fondatrice Lora Haddock a dénoncé le sexisme du salon : « Deux aspirateurs, un skateboard, quatre jouets pour enfants, un compagnon pour faire du shopping… On dirait que tous les centres d’intérêt des femmes sont couverts ». D'autant que des robots sexuels féminins avaient été présentés en 2017... Ça en dit long sur la place du vagin dans le monde des technologies.
Pourtant les innovations ne manquent pas. Et ce n'est pas parce que certains s'amusent à les cacher qu'elles n'existent pas.
Petite liste non exhaustive...
Un business pour le bonheur des dames...
Finis les sextoys tout mignons, tout roses, aux oreilles de lapin. Aujourd'hui, de nouveaux jouets érotiques connaissent le plaisir féminin à la perfection. Depuis que l'on sait que le clitoris est un organe, non pas de surface, mais qui entoure aussi les parois du vagin, on avance niveau plaisir.
En tête de liste le fameux « Osé » donc, dont nous vous parlions un peu plus haut, bourré de technologies et qui épouse parfaitement le vagin. Au salon EroFrame, le plus gros salon européen dédié à l'art de l'érotisme qui se tenait à Hanovre, en Allemagne, du 3 au 5 octobre dernier, on a pu voir de nombreux gadgets inédits. Comme le « Womanizer », un petit sextoy qui aspire légèrement le gland du clitoris. Ou encore LELO Sona, « clitoralement époustouflant », qui utilise des vagues de vibrations à la fois internes et externes.
Le marché des menstruations...
Pour mieux suivre son cycle ou noter ses rapports, de nombreuses applications mobiles ont investi le créneau. Clue par exemple, en plus de son calendrier pour identifier les périodes de son cycle et ses syndromes prémenstruels, donne aussi des conseils de contraception. Flo Period Tracker, Glow ou My Cycles Period and Ovulation reposent aussi sur le principe du calendrier et des informations allant de l'humeur à la mesure des sécrétions vaginales... De quoi faire de jolis graphiques...
Après le marasme médiatique qui a suivi l'amputation de la mannequin Lauren Wasser, victime d'un syndrome de choc toxique, les mentalités se sont éveillées : mais au fait, que contiennent les tampons et les serviettes hygiéniques ? Réponse : un joli cocktail de produits dangereux (jusqu'à des pesticides ! ). Alors, de jeunes start-up proposent des alternatives.
La culotte Fempo, par exemple, s'utilise pendant les règles, sans avoir besoin de protection supplémentaire. Elle est fabriquée en coton, bambou et une partie imperméable en polyuréthane, un plastique technique et respirant. Pas tout à fait bio, donc, mais « traçable », précise L'Express.
La culotte menstruelle n'est pas une nouveauté. Aux États-Unis, on connaît la culotte menstruelle Thinx, traitée aux nanoparticules d'argent. Mais ces dernières sont suspectées par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) d'être dangereuses pour la santé. En Australie, Modibodi propose une alternative sans nanoparticules d'argent, mais avec de la laine merinos.
Du cash pour l'école des femmes
Après le buzz du tampon connecté (fake) qui avait laissé poindre une tendance de vagin connecté, la réalité va plutôt vers de l'innovation douce. My Little Paris, par exemple, vient de lancer sa box de tampons et serviettes bios. Baptisée Gina, cette box propose des produits en coton 100% bio, provenant d'une culture sans pesticide et certifiée GOTS (le référent du textile biologique). Mais l'innovation réside aussi dans l'aspect pédagogique. Un lieu a été ouvert pour l'occasion avec « des cours de SVT en mieux » dispensés par la gynécologue Shervine Sharifzadehgan ou des conférences avec Élise Thiébaut, autrice de l'ouvrage « Ceci est mon sang ».
Est-ce que l'innovation suprême résiderait dans la capacité pour les femmes de mieux se connaître et de se réapproprier leur corps ? Ou est-ce toujours cette même approche qui consiste à leur laisser croire qu'il faut forcément qu'elles payent - cher - pour s'en occuper ? On les laisse décider...
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