Depuis la pandémie le e-commerce explose, mais il serait déjà has-been à en croire la croissance explosive de Threads Styling, un spécialiste de la mode de luxe qui veut faire du « chat shopping » la nouvelle norme.
Threads Styling fait dans la vente de vêtements et d’accessoires de luxe, mais pas la peine de passer des heures sur son site web : vous ne trouverez rien à mettre dans votre panier. Tout se passe sur Instagram, Snapchat et via messageries (WhatsApp et WeChat).
Sur ses comptes Insta et Snapchat, l’entreprise londonienne répertorie des articles pointus : des pochettes Fendi asymétriques, poilues (et très rares), une nouvelle collection de mini doudounes Prada vendue en quelques heures la saison dernière, un crop top Jacquemus rouge… Pas de lien vers la boutique de ces marques de luxe, mais une incitation et un lien pour contacter Threads Styling en messagerie privée sur WhatsApp ou WeChat. Le potentiel acheteur sera alors mis en relation avec l’un des personal shoppers de la startup.
Un business qui a explosé avec la pandémie
Celui-ci s’assure de mettre l’article de côté pour le potentiel acheteur. Y compris si le produit en question est en rupture de stock sur d’autres sites. Threads compte de nombreux partenariats avec des enseignes du luxe, qui lui réservent certains articles de leurs collections, tout en s’occupant de gérer les stocks. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles les fashionistas sollicitent le service : traquer un article introuvable ailleurs sur le web. Le paiement se fait via un lien envoyé par messagerie. Le personal shopper donne aussi des conseils mode et suggère des articles en privé à l'utilisateur. Et ce dernier peut lui demander conseil sur son style évidemment, mais aussi sur la gestion de sa garde robe. Une sorte de « meilleur ami » snob et fortuné qui vous accompagne pendant votre shopping.
Depuis la pandémie, les ventes de l’entreprise à mi-chemin entre le site de e-commerce et le réseau social auraient doublé, rapporte le média The Business of Fashion. Mais les choses se présentaient déjà bien avant pour le service lancé par Sophie Hill dès 2009. En 2019, Threads Styling enregistrait 30,8 millions de livres de chiffre d’affaires (soit 36,1 millions d’euros), en hausse de 74 % par rapport à l’année précédente.
Z et riche
La clientèle de ce service est majoritairement jeune (et très riche). Elle est capable de dépenser plusieurs milliers d’euros en une session, explique The Business of Fashion. Le panier moyen serait autour de 2 700 dollars. Bien plus que la moyenne dépensée sur des sites de e-commerce à la pointe de l’industrie du luxe comme Farfetch et Net-a-porter… Threads a donné le la (en Occident du moins), mais c’est loin d’être le seul acteur à s’intéresser au e-commerce dit « conversationnel ».
L’essor de Threads illustre aussi l’arrivée massive d’acheteurs plus jeunes sur le marché du luxe, analyse le magazine spécialisé. En 2019 les Z représentaient 8 % des acheteurs du luxe, contre 13 % en 2020 et potentiellement 20 % en 2025, selon le cabinet Bain-Altagamma.
Uber du shopping
La plateforme est présente en Europe, mais aussi aux États-Unis et en Asie depuis 2019. Pour maintenir son rythme de croissance effréné, Threads a lancé fin août un service baptisé Threads Connect, qui s’apparente à une sorte d’Uber du shopping. Il met en relation des personal shoppers indépendants et des clients de Threads. Une centaine de shoppers freelance auraient déjà été recrutés.
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