Jeune femme en train de vapoter

Malgré les scandales et les interdictions, le business de la vape se porte plutôt bien

© Aleksandr Kondratov

Les sociétés qui vendent des e-cigarettes, pourtant accusées de causer d’importantes inflammations pulmonaires, seraient déjà en train de rebondir, raconte Fast Company

Sale temps pour le vapotage ? L’effet de mode a vite laissé place aux polémiques et sanctions, qui se multiplient ces derniers mois. Selon différentes études scientifiques, les cigarettes électroniques seraient à l’origine de plusieurs inflammations pulmonaires. Les maladies qu’elles provoqueraient ont même un nom : Evali, acronyme anglais signifiant « pneumopathies liées à l’utilisation de produits de cigarettes électroniques ou de vapotage ». 39 personnes en sont déjà mortes aux États-Unis. Les e-cigarettes, en particulier celles aromatisées au bonbon et autre saveur pina colada, sont aussi accusées de rendre les plus jeunes addicts. Pour l’OMS c’est sûr, la cigarette électronique est « incontestablement nocive ». L'organisation l'a affirmé dans un rapport en juillet. Outre-Atlantique, leur commercialisation est complètement interdite à San Francisco, idem dans l’État de New York. Même décision en Inde.

Pourtant les entreprises de la vape ne s’en sortent pas si mal, constate un article de Fast Company. Certes, les ventes ont connu dans un premier temps un net recul. Mais les baisses des prix mis en place par les fabricants et les distributeurs suite aux polémiques et interdictions les ont fait redécoller. « Les magasins ont fait de gros rabais et les ventes sont montées en flèche », constate Cy Scott, fondateur et PDG de Headset, un réseau de points de vente aux États-Unis.

L’effet d’une mesure aussi radicale que l’interdiction pourrait avoir des effets contraires à l’objectif recherché, estime Fast Company. Elle peut booster les ventes, car les consommateurs vont chercher à faire des provisions, ou encore inciter les utilisateurs à acheter des produits sur le marché noir ou en fabriquer eux-mêmes.

#IVapeIVote, l’ultimatum des vapoteurs américains

Par ailleurs, l’interdiction de la vapoteuse n’est pas si populaire. Du moins, outre-Atlantique. Selon une étude américaine, une petite majorité (52 %) des répondants sont d’accord avec le fait d’interdire les e-cigarettes aromatisées, et 44 % s’y opposent. Sur Twitter, les vapoteurs utilisent le #IVapeIVote. Ils accusent les interdictions d’être anti-démocratiques et menacent de changer leur vote de 2020 pour un candidat qui autorisera leur usage. De quoi faire reculer Donald Trump, qui semblait pourtant bien décidé à interdire les vapoteuses aromatisées. Il devait signer le projet finalisé le 18 novembre avant de se raviser au dernier moment par peur de froisser certains électeurs, rapporte Associated Press.

Les polémiques ne sont tout de même pas sans conséquence pour les fabricants. En particulier pour les acteurs des vapoteuses à cannabis, car ces dernières seraient les principales responsables des affections pulmonaires recensées. William MacLean, PDG du fabricant de produits de vapotage Wildflower Brands, a noté une baisse de ses ventes de 50 % début octobre.

Mais certains acteurs sont plutôt optimistes. Ils estiment qu’il ne s’agit que d’une inflexion temporaire, et qu’un retour à la normale est déjà visible. Tim Conder, dirigeant de TILT Holdings, société commercialisant des produits liés au cannabis dont des vapoteuses, explique à Fast Company que son activité s'est stabilisée depuis que le drame entourant les interdictions s'est dissipé. « Nous avons constaté des effets sur les revenus, mais nous sommes déjà en train d'augmenter nos ventes. »

Un « mois de la vape » en France

En France, pas d’interdiction de commercialisation à ce jour. Mais les autorités sanitaires mettent en place un dispositif pour surveiller les cas de pneumopathies liées à la e-cigarette. Les polémiques auraient tout de même fait chuter les ventes de 15 à 20 % selon Les Echos. La nouvelle hausse du paquet de cigarette pourrait toutefois profiter au marché de la cigarette électronique. C’est en tout cas l’effet recherché par les buralistes, qui ont lancé « le mois de la vape » en novembre (en réponse au mois sans tabac).

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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commentaires

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  1. Avatar Elicia dit :

    Le business de la vape se portera toujours bien tant que des gens auront besoin d'arrêter de fumer. Plus il y a de fumeurs, plus il y aura de vapoteurs... Ensuite un effet de mode, outre atlantique peut-être, ici pas vraiment non. Les seuls vapoteurs que je connais sont des gens qui essayent de se passer de la cigarette, ce n'est pas considéré comme un jouet en France. Et puis pneumopathies liées à la cigarette électronique, non toujours pas... Ces gens ont inhalé des liquides avec de l'huile de vitamine E dedans https://www.kumulusvape.fr/content/263-cigarette-electronique-vitamine-e tous les médias en parlent depuis maintenant 1 mois, même donald trump veut revenir sur l'interdiction, ça veut bien dire qu'il a compris qui était le responsable https://fr.vapingpost.com/usa-trump-rencontrera-finalement-des-representants-de-la-vape/

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