
SciMatch prétend analyser votre visage pour identifier vos traits de personnalité, et trouver une personne vous correspondant. Problème ? Elle s’appuie sur une pseudo-science controversée.
Lassez de swiper ? Remettez-vous en à la reconnaissance faciale. C’est l’étrange proposition de SciMatch une application de rencontre américaine. Elle est également disponible depuis la France, mais en anglais. Ici, nul besoin de remplir un profil, il « suffit » de scanner son visage. SciMatch se charge ensuite de vous attribuer quelques adjectifs (enthousiaste, dynamique, affectueux...) puis de calculer votre présupposé compatibilité amoureuse avec d’autres utilisateurs. « Rien ne vaut de lire sur le visage de quelqu'un pour savoir s'il est bien ce qu'il prétend être », avance l’application sur son site. L’algorithme ferait à la fois attention aux similitudes et à la complémentarité des deux profils. « Si vous êtes névrosé, vous voudrez probablement un partenaire moins névrosé que vous », explique Yanina Strylets, l’une des co-fondatrices, au Wall Street Journal.
L’appli, qui a été lancée en 2022, est gratuite. Une version payante coûtant 10 euros par semaine permet d’obtenir des fonctionnalités supplémentaires, comme de rencontrer une personne qui ressemble à votre célébrité préférée.
Le Wall Street Journal rapporte qu’environ 5 000 personnes utiliseraient l’appli chaque mois, de manière régulière. C’est très peu, Tinder en compte 75 millions à titre de comparaison. Mais le discours de ces utilisateurs est intéressant. L’un de ceux interviewé par le quotidien explique s’être tourné vers SciMatch après s’être lassé des autres applications de rencontre. La description que l’algorithme lui a attribuée après analyse de son visage pourrait correspondre à de nombreuses personnes - « vous êtes une personne chaleureuse et attentionnée qui accorde beaucoup de soin et d'attention à ses relations intimes ». Lui l’estime en tout cas meilleure que tout ce qu'il aurait pu écrire. SciMatch semble ainsi pousser la logique algorithmique qui orchestre déjà nos rencontres à son paroxysme. Puisqu’ici même la description d’un individu peut être déterminée par un calcul mathématique. Le problème c’est que celui-ci s’appuie sur une pseudo-science controversée.
Le Tinder, sauce phrénologie
SciMatch présuppose que les traits du visage révèlent votre personnalité. Par exemple : un visage en forme de cœur serait le signe d’un être créatif doté d’un fort tempérament. SciMatch me décrit comme « nourricière, affectueuse et enthousiaste ». Mes chances avec Dylan* (le prénom a été modifié), « Dynamique, rapide et compétitif » sont plutôt moyennes (53 % de comptabilité). Je confirme que la description ne m’enchante guère. En revanche, ça colle bien mieux avec Bob*, fiable, dévoué et responsable (78 % de comptabilité). Pas plus envie de passer la soirée avec Bob, mais merci quand même. Je n’en saurai pas beaucoup plus sur le pourquoi du comment. L’appli fournit peu d’informations sur le fonctionnement de son algorithme. Contactée par mail, Yanina Strylets nous explique ceci : « Nous avons formé une série de réseaux neuronaux profonds sur un vaste ensemble de données étiquetées qui associe les images faciales aux principales caractéristiques de la personnalité. Chaque réseau neuronal étant formé pour prédire une dimension spécifique de la personnalité, telle que l'extraversion etc. Grâce à ce système d'apprentissage automatique, nous pouvons faire un profil de personnalité multidimensionnel à partir de votre image, avec un taux de précision impressionnant de 87 %.»
L’hypothèse selon laquelle l’analyse d’un visage peut nous en dire beaucoup sur le comportement d’une personne est très largement controversée dans le milieu scientifique. Yanina et Viktoryia Strylets, les deux fondatrices de SciMatch, expliquent s’appuyer sur une étude publiée en 2021 par des chercheurs chinois. Celle-ci montrait que cinq grands traits de personnalité - nervosité, extraversion, ouverture, sympathie et sérieux - pouvaient être prédits à partir d'images faciales avec un taux d'exactitude de plus de 70 %. Celle-ci ne mentionne aucunement toutefois de relation entre ces traits de personnalités et de potentiels rapprochements amoureux.
Par ailleurs, d’autres travaux montrent que le lien entre formes du visage et comportement n’est pas fondé. En 2021, une étude publiée dans Nature Genomics montre une coordination génétique entre le développement du cerveau et celui du visage. Toutefois, les chercheurs concluent qu’il n’y a pas de liens significatifs entre le profil génétique associé à un certain développement du cerveau et du visage et le comportement ou les capacités cognitives.
Interrogé par le Wall Street Journal, Paul Eastwick, professeur de psychologie à l'université de Californie à Davis, qui étudie les relations amoureuses, estime que cette façon de prédire une relation relève de la “magie”.
Collecte de données biométriques ?
De plus ces théories, qui refont surface avec les technologies de reconnaissance faciale, ont souvent servi à légitimer des idéologies plus que problématiques. La morphopsychologie (le fait de déterminer la personnalité d’un individu selon sa morphologie) est une variante de la phrénologie (qui s’intéresse à la forme du crâne), et de la physiognomonie. Ces pseudo-sciences ont notamment servi a donné une caution scientifique à l’esclavage ou encore au génocide juif pendant le IIIème Reich.
Autre problème : l’application pourrait poser un problème de collecte de données biométriques. Sur Twitter, Willmary Escoto, avocate spécialiste de la protection des données personnelles, s’inquiète de voir des applications comme SciMatch arriver sur le marché. “Je suis extrêmement agacé par les technologies qui exploitent les vulnérabilités des gens ! L'amour, c’est beau, mais l'exploiter pour obtenir des données biométriques est répugnant. (...) N'oubliez pas que RIEN N'EST GRATUIT - la collecte de données peut être sournoise. SciMatch prétend être « gratuit", mais attention. (...) Nous avons besoin de beaucoup plus de transparence sur le fonctionnement de cet algorithme, (...), sur les données de formation utilisées, sur la manière dont l'entreprise atténue les risques, etc.” Précisons que SciMatch assure ne pas vendre les données biométriques à des tiers, mais reconnaît les collecter pour assurer son service. Très peu d’informations sont données sur son site web. Par mail Yanina Strylets précise que les données sont à la fois des données en accès libre et collectées auprès de volontaire, sans en dire beaucoup plus pour des raisons de "copyright" et de "respect de la vie privée des utilisateurs".
Après plus de 30 années d'observation, je peut aujourd'hui affirmer que tous les couple de très longue période ont ce qu'on peu appeler le visage miroir, c'est à dire forme et disposition du nez, des yeux, de la bouche et des oreille sont identiques et ce quelle que soit l'origine ethnique la taille et le poids. Mais malheureusement, après toutes ces années, je n'ai toujours pas trouvé celle qui me convient. Car après ce critère très révélateur (90% de réussite), il faut ensuite tenir compte de la personnalité de la personne.
Sinon, il y a aussi les lignes de la main, les tarots, la boule de cristal… Sans oublier l'horoscope, une valeur sure dans tous les canards qui veulent avoir des lectrices.
30 ans ! Et, sans indiscrétion, vous avez commencé à quel âge ? En tous cas, n'oubliez pas que dans les Ehpads, les hommes meurent les premiers. Si vous faites partie des "happy few" qui survivent, vous serez le Chippendale des petites vieilles, heureux veinard.
Au fait, si vous avez "scientifiquement démontré" 90% de réussite, il vous faut au moins 10 échantillons (et encore, c'est de la stat pataphysique). Donc, par 9 fois, l'article rare vous est passé sous le nez.