Homme devant son ordinateur

Qu'est-ce que le « no-code », la nouvelle lubie de la tech ?

© gradyreese via Getty Images

Plus besoin de connaissances en informatique ni de développeurs pour lancer une appli ou un business en ligne. C’est la promesse du « no code » .

Vous avez profité du confinement pour enfin vous farcir ce MOOC sur les bases du code ? Et bien vous auriez peut-être mieux fait de faire du pain et du yoga comme tout le monde. Car désormais, plus besoin de maîtriser le langage informatique pour créer une application mobile, un site web, une newsletter, un chatbot ou encore un assistant vocal… C’est en tout cas ce que promettent les plateformes « no-code » ou « low-code » comme Bubble, Microsoft PowerApps... Ces interfaces de programmation visuelle permettent à tout un chacun de créer sa solution informatique en quelques clics et sans taper la moindre balise.

« L'avenir de l'informatique », dixit Microsoft

La tendance existe en fait depuis quelques années, mais fait particulièrement parler d’elle depuis le début de la crise sanitaire. Pour s’adapter pendant cette période inédite, certaines entreprises ont dû mettre en place des solutions informatiques simples et rapides. Du pain béni pour les éditeurs de solutions no code. Bubble et Cube, agence low-Code spécialisée dans la technologie Bubble.io, ont constaté une augmentation de l’utilisation de leurs services en mars et en avril, raconte Maddyness.

Dans les colonnes de Korii, Sophie Pietremont, directrice de l'entité Business Applications de Microsoft explique comment une application pour le Réseau des acheteurs hospitaliers (Resah), la centrale d'achats pour les hôpitaux, a pu être conçue en 15 jours pendant la pandémie grâce à sa plateforme PowerApps. Pour l’éditeur, le no code est le « futur de l’informatique ».

Chacun pourrait monter son petit business solo

Dans une tribune publiée sur Fast Company, Leah Solivan, la fondatrice de TaskRabbit va jusqu’à présenter le no code comme une solution à la crise économique à venir. Elle prêche pour sa chapelle : son fonds d’investissement finance Ikaria, l’une des entreprises du secteur. Pour elle, les néo-chômeurs pourraient se transformer en « solopreneurs » très facilement grâce aux plateformes no code.

« Imaginez un avenir dans lequel tout individu peut faire d’une compétence ou d’un service spécifique - cuisine, yoga, promenades pour chiens, jardinage... - un business sans avoir à contracter de prêt, embaucher de développeur ou suivre des cours de commerce, se projette-elle. Pensez à ce qui arrivera à notre économie si chacun des millions de chômeurs (sans parler des étudiants diplômés d'une économie incertaine) peut choisir de gagner sa vie différemment.»

Le mythe du tous entrepreneurs et indépendants, ça ne vous dit rien ? C’est aussi le modèle vendu par Uber, Deliveroo et l'ensemble de la gig economy, dont on connaît la précarité des travailleurs.

Mais justement, en donnant la possibilité à chaque individu de créer sa propre application, le no code pourrait-il permettre de s’affranchir de ces plateformes ? Ou simplement de déplacer le problème d’une plateforme à une autre...

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
commentaires

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  1. Avatar Mehdi Berhili dit :

    Je pense que le no-code est une bonne initiative innovante, certes qu'adviendra-t-il aux étudiants ayant une expérience informatique basée sur la programmation ?

  2. Avatar Olivier dit :

    Je crois en effet à la fin des plateformes de mise en relation qui a terme n'apporteront plus de valeur. Offre et Demande, comme en lévitation, se rencontrerons naturellement avec les nouvelles technos (unicode, ..?)

  3. Avatar Luc dit :

    Article très intéressant et je vois que vous êtes averti et qu'on ne peut pas vous la faire à l'envers. Ça sent la ruse à plein nez !

    En réalité, le no-code, c'est juste une communication pour mettre en valeur de nouvelle applications qui veulent s'emparer d'une grosse partie du marché en grignotant la part des indépendants et freelance (codeur etc). Uber, ça y ressemble mais ça reste quand même different car ils ont tout de même une valeur ajoutée avec leur plateforme . Je pense qu'on pourrait plus comparer avec Wix. Ok y a pas de code mais le service est médiocre d'une part, vous êtes marié avec eux (vous n'avez pas la propriété intellectuelle entière de votre application ou site web) et en plus vous n'avez pas de liberté de faire ce que vous souhaitez.

    Bref tout ça c'est de la Com et le code à encore de longs jours devant lui, c'est certain. (Je ne suis pas codeur). Je mentionne même pas le fait que ça aidera peut-être les gens pour le "time To market", mais le no-code ne leur évitera surement pas de se passer d'autres connaissances comme la vente, le marketing, l'analytics etc. Dire que des "chômeurs" feraient mieux de créer un commerce plutôt que de se former pour aller sur le marché du travail, c'est du suicide. Tout le monde ne peut pas être entrepreneur, il y a le mentale et faut surtout en avoir envie étant de donnée la charge de travail monumentale derrière (encore plus vrai quand on est seul) !

    Bonne soirée à vous.

    • Avatar Anonyme dit :

      tout à fait d'accord, le "no code" a une réelle utilité pour des PME/TPE concernant des solution limités en terme de possibilité, mais ça s'arrête là.
      Mais les progrès de l'informatique ne sont pas négligeable, lorsque l'IA sera plus mature des métiers disparaîtront, plus l'IA gagnera en maturité en moins il y aura besoin de techniciens informatiques sur les tâches de les plus redondantes et de codage "bas niveau".

  4. Superbe promesse ! Comme pour les éditeurs WYSIWIG en HTML il sera toujours très utile de comprendre le code qui est derrière pour pouvoir utiliser au mieux du Nocode. Je parie que beaucoup de powers users du Nocode seront des codeurs ravis de ne pas avoir à ouvrir le capot.

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