Crevettes et croquettes et éprouvette sur fond jaune

Viande d’antilope, croquettes pour chiens, fruits de mer… C’est fou tout ce qu’on peut cultiver en laboratoire

© Galina Shafran, Juanmonino et Moppet via getty images

On connaît (un peu) la viande de bœuf ou de poulet fabriquée en laboratoire et déjà en vente à Singapour depuis fin 2020. Ces derniers mois les projets d’agriculture cellulaire – qui restent à un stade de développement précoce – se sont considérablement diversifiés. 

De la viande de souris pour les chats

Il existe déjà quelques alternatives de croquettes à base de plantes pour mettre son animal de compagnie au régime vegan. Une nouvelle génération de startups va un cran plus loin en proposant de la viande cellulaire à nos amis poilus. L’une des pionnières du genre s’appelle Because, Animals et nous vient de Philadelphie. En août 2021, elle a annoncé la production de biscuits pour chats à base de viande artificielle de souris (obtenue grâce à la mise en culture de cellules souches du rongeur), mélangée à des protéines végétales. De quoi, avance l’entreprise, proposer une alternative aux croquettes garantie sans cruauté animale et plus durable.

La pet food n’est pour le moment qu’une petite partie de l’industrie des protéines alternatives, mais elle pourrait s’imposer plus rapidement sur le marché que les viandes et poissons in vitro pour les humains, car la réglementation est moins contraignante, estime le média Green Queen. Because, Animals devrait vendre ses produits aux États-Unis dès le début 2022. Wild Earth, une autre jeune pousse américaine qui investit le créneau des croquettes made in labo, a également annoncé un lancement commercial en 2022 pour ses croquettes à base de bœuf, de poulet et de fruits de mer de synthèse

Des steaks d’antilope 

Il n’y a pas que le bœuf et la volaille dans la vie. Il y a les antilopes aussi… La startup sud-africaine Mogale Meat parie en tout cas sur ce gibier très présent dans la gastronomie de son pays. La jeune pousse créée en octobre 2020 est loin d’avoir mis au point un steak d’antilope artificiel. Elle s’attèle pour le moment à mettre en place une vaste banque de cellules souches d’antilopes sauvages et d'élevage. Mogale Meat avance que le steak d’antilope cultivé en laboratoire est non seulement un moyen de lutter contre le dérèglement climatique mais aussi contre la malnutrition, qui sévit dans le sud du continent africain. 

Des fruits de mer

La startup Shiok Meats, fondée par deux chercheuses singapouriennes et financée par les poids lourds de l’industrie agroalimentaire asiatique, développe de la viande de crevette cellulaire. En juillet 2021, Shiok Meats a annoncé une nouvelle levée de fonds pour accélérer la construction de la première usine au monde dédiée à la culture de crustacés en laboratoire. Ses premiers prototypes de crevettes in vitro ont été mis au point en 2019. L’entreprise prévoit de lancer ses produits sur le marché singapourien au plus tard en 2023. En plus des crevettes, Shiok Meat planche aussi sur du homard et du crabe artificiel… Tout l'enjeu pour Shiok Meats est de réduire le coût de production de ces crustacés artificiels, qui sont pour le moment estimées à 1 500 dollars le kilo...

De la fourrure animale

Sortir du dilemme entre plaisir et culpabilité, c’est en ces termes que la startup néerlandaise Geneus Biotech définit son ambition. Celle-ci a lancé un projet de fourrure animale cultivée en laboratoire baptisée Furoid. Au départ, le principe est le même que pour la viande in vitro : Geneus met en culture des cellules souches animales. Une fois les tissus cultivés, la startup les imprime en 3D pour créer un bio-matériau dont les propriétés en matière de qualité et de longévité seraient les mêmes que celles de la vraie fourrure. Les arguments sont semblables aux producteurs de viande artificielle : moins de cruauté animale, moins d’impact environnemental. On peut toutefois s’interroger sur la pertinence de cette idée alors que les marques de luxe abandonnent progressivement la fourrure… La jeune pousse envisage également de produire de la laine artificielle. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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