L’homme d’affaires américain, propriétaire de l’OM, a annoncé un partenariat avec Sciences Po Paris et l’Université de Georgetown pour financer à hauteur de 100 millions de dollars une nouvelle mouture du web.
Mais que vient donc faire Frank McCourt, milliardaire, magnat de l’immobilier et président de l’Olympique de Marseille, à Sciences Po ? À l’occasion d’une conférence de presse organisée dans l’école parisienne lundi 21 juin, l’homme d’affaires américain a annoncé un investissement de 100 millions de dollars pour reconstruire le web, en partenariat avec Sciences Po Paris et l’université de Georgetown aux États-Unis. « Si nous savions ce que le web deviendrait au moment de sa création, nous aurions certainement réfléchi à un autre cadre », estime-t-il. Comme d’autres, l’homme tient les réseaux sociaux, la concentration de leurs pouvoirs et leur gestion des données personnelles, responsables de la désinformation et de l’extrême polarisation de la société. « Alors pourquoi ne pas réinitialiser internet ? », se demande tout simplement Frank McCourt.
Le but de son initiative baptisée « Project Liberty » est d’abord de construire une nouvelle infrastructure décentralisée dont le lancement est prévu à l’automne. Ce protocole s’appelle DSNP (Decentralized social network protocol), il sera open-source et basé sur la blockchain. Il permettra notamment à chaque utilisateur de posséder et contrôler ses données, plutôt que de les confier à une plateforme centralisée. L’idée est aussi que chaque publication puisse être tracée, que l’identité d’une personne soit vérifiable. De quoi dissuader la publication de fake news, argumente Braxton Douglas, à la tête de la partie technique du projet.
Écrire les nouvelles lois du web avec des experts en sciences sociales
Le choix de partenaires comme l’université de Georgetown, spécialisée en sciences sociales, et Sciences Po plutôt qu’une école d’ingénieur étonne. Mais pour Frank McCourt il est urgent de faire participer des experts des sciences sociales à l’écriture d’un nouveau web. Un processus que le milliardaire compare à l’écriture de nouvelles lois. Quoi de mieux donc que des spécialistes des institutions politiques ? « Les échanges autour des technologies ont été trop accaparés par des spécialistes de la tech », estime-t-il. Par ailleurs, l’école parisienne est positionnée depuis plusieurs années sur les questions numériques avec le centre de recherche Medialab ou encore la chaire Good for tech lancée en 2019.
Jack Dorsey a lui aussi son idée du nouveau web
D’autres personnalités réfléchissent à un web plus décentralisé. Tim Berners Lee, l’un des pères du web, y travaille depuis plusieurs années via ses projets Solid et Inrupt. Jack Dorsey, le PDG de Twitter, a annoncé de son côté qu’il finançait un projet d'infrastructure baptisée Blue Sky, pour que chacun crée son réseau social. Frank McCourt précise à L’ADN que ces projets ne sont pas concurrents du sien, mais qu’au contraire son institut songe à des moyens de les imbriquer.
La décennie 2020 sera sans doute marquée par ces initiatives tentant de créer un “Web 3.0”, où les données ne seront plus la seule monnaie d’échange, et les grandes plateformes ne seront plus les seuls maîtres à bord. Et il est intéressant de voir certaines personnalités - souvent pas si étrangères au web actuel - prendre leur ticket pour être de la partie.
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