Objets de seconde-main

Design fiction : quelles pourraient être les tech pour un quotidien plus vert ?

Le cabinet de conseil Fabernovel se prête à un exercice de design fiction. Il imagine des solutions de réalité augmentée qui permettront (peut-être) nous aider à passer à des usages plus durables...

2030. Après avoir découvert les technologies augmentées dans des situations ludiques et de loisirs, les citoyens entrent dans un monde où elles deviennent un support de leur quotidien. Parce qu’elles démocratisent des usages, facilitent des interactions ou rendent plus inclusives des expériences, elles sont désormais le vecteur d’une société plus transparente et responsable.

Des objets qui ont la cote 

« 25 €... Il y a à peine une semaine je la vendais pour le double...»

Adam est déçu. Il scanne les pièces une à une, l’interface lui indique que leur cote s’est effondrée... Il comprend rapidement pourquoi. Le nombre d’items disponibles sur le marché a explosé en quelques jours seulement. Trois déménagements dans le quartier et tout autant de meubles en vente. Lui qui pensait vendre quelques objets dans les jours à venir, il attendra un peu. Il reprend son smartphone et scanne une dernière fois le salon. Tous les meubles qu’il a enregistrés sont identifiés en rouge, c’est mauvais signe... Leur cote est au plus bas. Peut-être pourra-t-il activer l’option “don” pour son gros meuble ancien qui prend tant de place… Finalement, un seul apparaît en vert, le panier acheté pour son chien lorsqu’il était encore tout petit. C’est la mode du chihuahua en ce moment à Limoges et de nombreux propriétaires cherchent un nid douillet pour leur compagnon. La demande est en hausse. Adam active la disponibilité en un clic. Cinq minutes s’écoulent. Une notification. Trois personnes sont intéressées. Il va enfin pouvoir faire de la place.

Un espace public participatif

« - La couleur me plait bien. Apparemment c’est un nouveau matériau à impact carbone très faible... Seulement quelques grammes de CO2 pour une tonne fabriquée.

- Mmm, c’est pas mal. La forme est un peu étrange. Combien ça t'a couté déjà ?

- Pas grand chose, laisse-moi vérifier »

Naomie sort son smartphone et l’approche de l’étiquette fixée au dossier. À peine quelques centimes. C’est la participation prélevée sur ses impôts par la mairie pour financer ce banc. Grâce à la blockchain et à la transparence qu’elle permet d’obtenir, elle peut désormais connaître un tas de détails sur les objets publics de son quartier.

En effet, ce banc et la poubelle d’à côté ont été fabriqués dans un nouveau matériau plus durable. Elle en est ravie car elle avait suggéré récemment d’adopter une approche plus responsable sur le mobilier urbain. Elle y pense d’ailleurs, elle souhaitait faire une suggestion pour le square dans lequel elle est installée. Elle sort son téléphone et scanne le parc. Grâce à l’application, elle peut rapidement identifier et sélectionner le vieux chêne central. Des oiseaux y nichent depuis quelque temps mais ses branches sont fragiles. Elle envoie donc une demande à la mairie pour créer des nichoirs. Pour appuyer sa demande, elle propose même d’être sponsor en dédiant une part de ses impôts à la cause. Elle espère que ça aidera la biodiversité à s’épanouir et qu’elle pourra continuer d’entendre les oiseaux chanter le matin.

Des meubles qui évoluent 

« - Paolo, lâche la tablette maintenant s’il te plait...

- Regarde maman, c’est ça que je voudrais pour ma chambre »

Il approche l’écran pour montrer à sa mère le modèle 3D qui tourne sur lui-même. C’est la chaise de sa chambre. C’est vrai qu’il a grandi dernièrement et qu’elle n’est plus très adaptée pour lui. Grâce à l’interface de la marque, il a pu modifier le modèle pour en faire la chaise de ses rêves. Elle est plus haute, et il a ajouté un coussin sur l’assise. Désormais, c’est simple comme bonjour de modifier son mobilier et les éléments qui le composent. Du haut de ses 12 ans, il n’a eu qu'à se saisir du stylet de la tablette pour sélectionner les pièces qu'il souhaitait modifier. Il a apporté une attention particulière aux matériaux des nouveaux modules. Depuis quelque temps, il a pris pour habitude de scanner tous les meubles de la maison pour regarder leurs fiches produit en réalité augmentée. Elles lui apprennent comment sont fabriqués ses objets et l’impact de leurs matériaux sur l’environnement et les humains qui les fabriquent. Il est devenu très sensible à ces sujets.

Sa mère vérifie rapidement sa proposition. C’est vrai que ce modèle serait plus adapté pour lui. Il s’est bien débrouillé et elle n’a aucune modification à apporter. Seulement 2 pièces sont à changer. Elle valide la demande et paie. Dans quelques jours, elle recevra les modules et pourra rendre au livreur ceux qui ne lui sont plus utiles. Ils seront recyclés par la marque ou utilisés en seconde main. 

Des travaux publics chirurgicaux 

« - Recule encore un peu ! Vas-y… une grosse croix ici puis tu tires un trait direct jusqu’au mur. Parfait ! »

Bianca avance vers son collègue. La bombe de peinture à la main, il suit depuis 15 minutes ses instructions. Des croix, des lignes et quelques cercles rouges pour identifier clairement tous les éléments. Elle l’oriente pour anticiper au maximum le travail des ouvriers qui doivent arriver demain matin à la première heure et identifier les zones de travail. Les passants les regardent, amusés du ballet que dansent les deux ouvriers mettant en place la zone de réparation de cette tuyauterie abîmée. Bianca fait défiler la liste des éléments à réparer et s’assure qu’ils ont bien tout pris en compte. Elle coche les cases l’une après l’autre. Tout est bon.

Sur l’écran de son smartphone, toute la tuyauterie de la ville se dessine. Pourtant, pas un seul trou n’a été creusé aujourd’hui. La ville cartographie depuis des années le réseau d’eau et elle a accès à un labyrinthe en trois dimensions directement appliqué au bon emplacement. Elle et son collègue ont préparé le terrain. Demain, les ouvriers-chirurgiens perceront les trous minuscules qui leur permettront d’injecter le produit qui bouchera les fuites. Ils positionneront aussi le morceau de tuyau qui viendra remplacer celui trop endommagé. Il a été imprimé en 3D pour remplacer parfaitement la section abîmée. Désormais, fini les travaux de grande ampleur qui dévisagent la rue et empêchent les riverains de profiter du quartier.

Par Justine François, project manager chez EY Fabernovel

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