Ces « organisations autonomes décentralisées » ambitionnent de révolutionner le web. Pour d’autres, elles ne sont qu’un nouvel objet de spéculation pour amateurs de cryptomonnaies.
Vous venez tout juste de comprendre la signification de NFT ? Désolé, mais il va falloir se coltiner un nouveau sigle issu de la cryptosphère : les DAO (Decentralized autonomous organizations ou organisations autonomes décentralisées). Ce terme désigne un moyen de construire une communauté sur le web, basé sur la blockchain – sinon ça ne serait pas drôle. Les DAO sont l’un des éléments du Web 3.0, cette nouvelle version du web où nos échanges et productions de contenus ne seraient plus organisés et centralisés par les grandes plateformes (Web 2.0), mais administrés et détenus par chacun d’entre nous. En gros : imaginez un Facebook qui appartiendrait à l’ensemble de ses utilisateurs, et dont chaque nouvelle fonctionnalité serait soumise à un vote.
Pour décider, il faut payer
Concrètement, les DAO peuvent s’apparenter à des groupes de discussion (sur Discord, Telegram...), des communautés de passionnés d’art ou d’investissement… régis par les membres eux-mêmes. Chaque DAO a ses propres règles. Généralement, pour pouvoir intégrer une DAO et avoir un pouvoir de décision, il faut commencer par investir dans le token associé au groupe. Souvent, plus vous investissez, plus vous avez de poids. Si la popularité du groupe s'accroît, alors la valeur du token augmente aussi (et vous pouvez d’ailleurs revendre vos tokens à tout moment pour faire une plus-value).
« C’est une communauté sur internet qui partage un compte commun », résume l’investisseur Cooper Turley, lui-même membre de divers DAO, à CNBC. Car avec le butin accumulé, les membres de la DAO peuvent choisir d’investir dans un artiste, un NFT, un nouveau projet, organiser des événements…
Certains membres travaillent pour l’organisation : ils font la trésorerie, gèrent les réseaux sociaux etc. Souvent, ils sont récompensés en tokens pour leurs efforts.
Collectionneurs de NFT et amateurs de whisky
Il existe toutes sortes de DAO : Herstory promeut par exemple les œuvres de crypto-artistes noires, PleasrDAO et FlamingoDAO collectionnent des NFT, Whiskey Pioneers fait vieillir du whisky...
Les crypto-enthousiastes voient dans ces communautés autogérées un moyen de révolutionner le web, voire le modèle de gouvernance des entreprises, ONG, clubs de foot… Les fonds traditionnels commencent d’ailleurs à s’y intéresser de près. En septembre, Andreessen Horowitz et d’autres investisseurs prestigieux ont investi 10 millions de dollars dans « Friends With Benefits », une DAO qui se définit comme « l'abonnement culturel ultime, alimenté par une communauté d’artistes, d’opérateurs et de penseurs du Web 3.0 liés par des valeurs et des motivations communes. » (Niveau d’enfumage du discours : 9/10). Plus prosaïquement, Friends With Benefits est un groupe de discussion sur Discord, accompagné d'une newsletter et de quelques événements. Et pour y avoir accès, il faut détenir au moins 75 $FWB, soit environ 7 000 euros (à l’heure où sont écrites ces lignes).
Mi-forum mi-système pyramidal
D’autres observateurs plus sceptiques soupçonnent les DAO de n’être au mieux que des nouveaux moyens de spéculer, au pire de vastes arnaques. Comme le titrait un article du New Yorker : « les DAO c’est un peu comme une cryptomonnaie, un peu comme un forum, un peu comme un système pyramidal ». Dernièrement, les membres d’AnubisDAO ont ainsi perdu pour certains les centaines de milliers de dollars investis dans ce projet, avant de voir l’argent récolté mystérieusement transféré hors du groupe. Arnaque ou pas, les DAO sont quoi qu’il arrive des investissements risqués, car le projet, comme une jeune startup, peut très bien s’arrêter au bout de quelques mois, ou voir la valeur de son token chuter drastiquement.
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