Les grandes innovations du numérique proviennent en majeure partie de l'univers du X ! A l'image de Dorcel, la french touch qui a su anticiper toutes les évolutions technologiques, et les usages jouissifs qui vont avec. Explications de Grégory Dorcel.
GRÉGORY DORCEL : C’est en constatant que nos produits étaient distribués dans des endroits qui ne partagaient pas nos exigences de qualité que nous avons décidé de créer nos chaînes de télévision, nos plates-formes VOD, nos sites. Quand nous nous sommes lancés dans les sextoys, nous nous sommes confrontés aux mêmes problèmes : clairement, personne ne voulait acheter ces produits parce que l’on ne les trouvait que dans des endroits terriblement crasseux. Le déploiement de notre réseau de boutiques a répondu à une logique strictement identique à celle que nous avons déployée pour nos contenus : nous avons de bons produits, il nous faut de bons écrins.
G. D. : La technologie n’est pas une fin en soi. Nous avons presque 40 ans, et nous savons que ce qui existe aujourd’hui n’existera plus demain. Notre réelle motivation est d’offrir à nos clients une expérience de qualité, et dans ce cadre, la technologie n’est qu’un outil. Nous devons surtout rendre notre univers de marque très reconnaissable car nous proposons une vision de l’érotisme et de la luxure plutôt haut de gamme. Nous n’avons jamais assimilé le sexe à quelque chose de vulgaire.
G. D. : Juste parce que l’on regarde ce qui bouge, et que l’on se dit qu’il y a un truc dingue à faire. On ne sait pas comment on va le faire, mais on sait que, dans moins de six mois, on l’aura fait. Quand je veux lancer quelque chose, je réunis deux personnes, je dis : « On va lancer ça », sans avoir à présenter un business plan ou une étude de marché. On décroche notre téléphone, on visite tous les prestataires de la planète, on comprend, on assimile, et l’on sort quelque chose. Nous avons fait le choix de ne pas avoir de département technique parce que nous voulons pouvoir changer de technologie du jour au lendemain. En revanche, nous avons d’excellents chefs de projets. Nous sommes de toute façon contraints à séduire nos clients car notre industrie navigue dans des eaux particulièrement agitées : elle est non seulement très concurrentielle, mais elle est aussi mise à mal par le piratage. Par ailleurs, nous ne pouvons pas faire de publicité dans les médias mainstream, et nous ne bénéficions d’aucune aide – ni du CNC, ni des chaînes de télévision. Heureusement, notre public a de l’appétit pour des expériences améliorées, il est prêt à payer pour ça, et comme nous sommes en contact direct avec lui, cela nous permet de le connaître et de pouvoir lui proposer très vite nos nouveautés.
G. D. : Il faut mettre ces changements en perspective. De 1975 à 1979, le cinéma X représentait en France plus d’un tiers des entrées en salle. À cette époque, il faisait partie intégrante du paysage audiovisuel, et la sexualité était plus visible qu’aujourd’hui. Une émission comme le « Collaro Show » était diffusée le samedi soir à 19 h 45 juste avant le JT de TF1. On y voyait des filles faire des strip-teases, et cela faisait marrer tout le monde. Il n’y avait pas de problème. Aujourd’hui, on a banni le sexe de la sphère publique avec des réglementations de plus en plus strictes : des contraintes d’horaires de diffusion, des codes parentaux, du cryptage… alors que, dans le même temps, Internet est devenu une jungle totalement incontrôlée, avec une profusion de contenus, et surtout n’importe quel type de contenus.
G. D. : D’un point de vue économique, Internet nous apporte un développement considérable, pourtant je souhaiterais que l’on clarifie les choses. Je voudrais savoir dans quelle société je vis. Si la règle est la modération, alors elle doit s’appliquer partout.
G. D. : Je ne suis pas là pour juger – ce n’est pas mon job –, je suis là pour appliquer le Code pénal français et, par ailleurs, je pense qu’il est justifié. Nous produisons des fictions et pour les décrypter, il faut tout simplement avoir vécu la réalité. Des gamin.e.s sont confronté.e.s aujourd’hui à des images qu’ils ne sont pas en capacité de décrypter. Cela nous choque moralement, et l’on se bat contre cela autant que l’on peut… mais on ne peut pas beaucoup. La question reste de savoir si le comportement sexuel des adolescent.e.s a changé. Pour avoir travaillé avec à peu près toutes les associations de protection de l’enfance et des pédopsychiatres, on constate que les jeunes parlent différemment de la chose que leurs aîné.e.s, c’est indéniable. Cependant, nous avons nous-mêmes financé des enquêtes, et aucune n’indique que les comportements aient changé.
G. D. : On pourrait imaginer des dispositifs efficaces mais pour cela il faut bien comprendre le Net, il ne s’agit pas d’être hyperspécialiste, juste de le pratiquer au quotidien. Là, nous nous confrontons à un vrai problème générationnel dans le personnel politique. Par ailleurs, ces sujets ont été essentiellement portés par des lobbies qui avaient des ambitions moralisatrices. Nous suivons beaucoup ces débats et je me souviens d’une réunion où les revendications de régulation du Net se noyaient dans des propos du type : « Si les filles se font violer, c’est parce qu’elles prennent la pilule. » Quand on en arrive là, je comprends que les politiques préfèrent se tenir à distance. Se mettre à dos les adolescent.e.s, assumer une posture de censeur.e, pour finalement donner l’impression de servir la soupe aux mouvements les plus sectaires… ce n’est pas évident.
G. D. : Les sextoys vont continuer à se développer avec toujours plus de dispositifs qui aident à mieux jouir, de manière décomplexée, pour obtenir des expériences plus qualitatives, et qui augmentent les performances. Du côté des médias, nous voudrions mettre au point des hologrammes fonctionnant sans lunettes ni casque. Nous n’avons pas encore trouvé la bonne technologie. Mais la véritable évolution est celle du plaisir féminin. Les femmes sont davantage maîtresses de leurs désirs, et les hommes sont aussi plus aptes à les accepter.
Directeur général de MARC DORCEL, il a intégré la société en 1998 afin d’en superviser le développement à l’international. Il est ensuite devenu Directeur Général en 2003. Avec les lancements innovants du 1er CD-ROM, du 1er DVD multilingue de la 1ère plateforme VOD, et ensuite des 1ers services en 3D, Grégory Dorcel a transformé cette société « hors normes » en un véritable groupe média. Chaînes de Télévision, plateformes VOD, magazines, sites Internet, e-commerce, concept store… face à un marché en crise, il a imposé cette marque comme un leader mondial de son secteur. Avant d’intégrer MARC DORCEL, la société que son père, Marc Dorcel, a fondée en 1979, Gregory Dorcel a travaillé au sein de la régie publicitaire de France Télévisions. Il a commencé sa carrière en 1997 après avoir obtenu le diplôme de l’ISG à Paris.
- VOD : dorcelvision.com, 2,5 millions de streaming et de téléchargements
- DORCEL TV : une diffusion 24/24 h pour + de 1 million d’abonnés en Europe
- DVD : + de 5,5 millions/an distribués dans le monde
- Internet : 2,5 millions de visiteurs uniques/mois
Participer à la conversation