L’Europe, fortement dépendante du gaz et du pétrole russes, décide de stopper ses importations de pétrole. Une décision qui vise à limiter le financement indirect de la guerre en Ukraine, mais qui sera lourde de conséquences pour les économies européennes.
Mercredi 4 mai en milieu de matinée, Ursula von der Leyen a pris la parole pour annoncer une décision forte : l’embargo sur les importations de pétrole russe. Cette décision qui mûrissait depuis plusieurs jours intervient dans un contexte où les pays européens ont indirectement financé l’effort de guerre russe en réglant l’équivalent de 52 milliards d’euros de factures en pétrole et gaz depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier (Centre for Research on Energy and Clean Air).
L’Europe dépend du pétrole russe pour 26 % de ses importations
La décision d’un embargo sur le pétrole russe est lourde de conséquences pour l’Union européenne. Les importations de pétrole russe représentent 26 % de ses importations totales. Conscient d’avoir une forte influence sur le destin énergétique des pays européens, Vladimir Poutine avait entamé un bras de fer ces dernières semaines. Le maître du Kremlin a tenté d’imposer un paiement en roubles des transactions liées à l’énergie, de manière à soutenir artificiellement le cours de sa monnaie dont la valeur s’effondre sous le poids des sanctions économiques. Il est allé jusqu’à fermer le robinet, plaçant la Bulgarie et la Pologne, les deux pays ayant refusé ce principe, face à un risque de pénurie. Certaines sources rapportent toutefois que des acheteurs européens ont déjà décidé de consentir à ces mesures, quitte à contourner le bouclier de sanctions explicitement imposé par la Commission européenne.
En Allemagne, les entreprises frémissent à l’idée d’un Day X
La situation est encore plus critique pour le gaz puisque l’Europe dépend de la Russie pour 40 % de ses importations de gaz naturel (Reuters). Si l’Europe devait décider d’un embargo sur le gaz russe, l’Allemagne pourrait alors entrer en récession. Les stratèges d’outre-Rhin s’affairent depuis plusieurs semaines pour tenter d’anticiper les conséquences d’un tel choc économique. Dans ce pays connu pour son industrie lourde, un mot est sur toutes les lèvres : le Day X, soit le jour où les entreprises du pays pourraient cesser de fonctionner du fait des ruptures d’approvisionnement en gaz. La cellule de crise du gouvernement encourage d’ores et déjà les particuliers et les entreprises à réduire leur consommation, en anticipation de possibles futures sanctions visant la Russie et son gaz.
La décision de la Commission européenne s’inscrit dans une feuille de route qui vise à progressivement réduire la dépendance aux énergies fossiles russes. Les 27 travaillent déjà à plusieurs scénarios pour compenser un arrêt des importations de pétrole mais aussi de gaz. Toutefois, les robinets ne seront pas coupés du jour au lendemain et l'embargo sera mis en œuvre de façon graduelle. La situation géopolitique vient surligner la dépendance des économies occidentales aux énergies fossiles. Plus encore pour les régions qui ne sont pas productrices de pétrole et de gaz, à l’instar de l’Union européenne. Le sujet de la décarbonation de nos économies devrait donc nécessairement s’imposer comme l’une des thématiques majeures des mois à venir.
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