Un barman qui verse un cocktail dans un verre

Le marché des « spiritueux » sans alcool progresse de 30 % par an

© MaximFesenko via GettyImages

Peu ou pas alcoolisés, les nouveaux « spiritueux » s'installent dans nos rayons. Mais les chiffres de la sobriété en hausse n'effacent pas les ravages de l'alcool.

Du 24 janvier au 1er février, la capitale accueillera l’édition 2020 de la Paris Cocktail Week. Cette année, il y a une grande nouveauté au programme. À l’issue d’une semaine de festivités autour des cocktails, la Paris Cocktail Week nous invitera à découvrir le OFF, un bar spirit-free, c’est-à-dire sans une goutte d’alcool. Plutôt contre-intuitif pour un évènement dédié aux alcools forts. Pourtant, plus qu’une mode, la tendance nolo – pour no or low alcool – prend de l’ampleur.

Un marché en hausse de 30,5 % en 2018

Le mouvement est originaire des États-Unis mais en France aussi les spiritueux sans alcool se font une vraie place à table. Et on commence à avoir les chiffres. D’après les données du cabinet ISWR reprises par Les Échos, en 2017, le marché français des boissons « nolo » a progressé d’environ 20 %. En 2018, il a fait un bon de 30,5 %. Des chiffres qui n’ont pas échappé aux marques. Début 2020, Pernod Ricard a étendu la commercialisation de Ceder’s, une boisson « saveur gin » à 10 nouveaux pays dont la France.

Outre-Manche, la brasserie Brewdog a profité du Dry January pour inaugurer le premier pub sans-alcool de Londres. Au programme : 15 bières pression sans éthanol. La British Beer and Pub Association lui promet un bel avenir puisqu’elle estime que près de 5 millions de pintes de bières sans alcool ou à faible teneur en alcool seront vendues au mois de janvier 2020. Des prévisions cohérentes avec la tendance dans les pays voisins. Depuis 2015, la consommation de bières sans ou avec peu d’alcool a augmenté de 18 % en Europe de l’Ouest. Avec une prévision de 12 % d’augmentation à la fin de 2022.

Mais l’alcool continue de faire des ravages

De quoi réjouir les organisations de santé publique ? Pas vraiment. La consommation d’alcool est effectivement en baisse depuis les années 60. Mais Santé Publique France rappelle que c’est essentiellement grâce à la baisse de la consommation quotidienne de vin à table. La France reste donc parmi les plus gros buveurs de l’OCDE. Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, 1 adulte sur 10 consomme des boissons alcoolisées quotidiennement. Mais ce sont surtout les chiffres de la consommation ponctuelle importante – soit plus de 6 verres d’un coup – qui inquiètent puisqu’ils sont en hausse dans toute la métropole. Le bon vieux binge drinking se place donc en contre-point de la tendance nolo.

Même aux États-Unis, où la tendance a fait son apparition, on meurt toujours à cause de l’alcool. Et beaucoup. Le média américain Vox parle même d’une épidémie dans le pays où les boissons alcoolisées sont d’ailleurs plus mortelles que toutes les autres drogues combinées. Comme quoi, même les tendances les plus vertueuses ne chassent pas les mauvaises habitudes.

commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire