Kittenfishing, benching, orbiting... maitrisez-vous le nouveau lexique amoureux ?

Kittenfishing, benching, orbiting : le nouveau lexique amoureux

© Never Have I Ever

Il fut un temps heureux où les termes anglophones « ghosting » et « catfish » étaient les seuls à avoir infesté notre vocabulaire.

Intentions floues, flemme, et déploiement de stratégies dignes de L'Art de la guerre... Le champ lexical des relations amoureuses n'est plus celui qu'il était. À tous les ardents défenseurs de la langue française, attention : cet article est truffé de néologismes anglophones aux définitions voisines et se terminant en « ing ».

Benching

Le sport a toujours été fertile en expressions transposables au glossaire amoureux. (Est-ce à dire que notre société aime à percevoir les relations amoureuses comme une compétition ? ) La dernière formule en date : le benching, ou le fait de « garder une personne sur le banc. » Comprendre : le banc où les suppléants demeurent en attendant que l'entraîneur daigne les appeler pour rejoindre l'équipe sur le terrain. Dans un contexte relationnel, il s'agira donc d’entretenir suffisamment la conversation et l’ambiguïté avec une personne pour se la garder sous le coude. Comment l'utiliser dans une phrase ? « J'ai benché quelques mecs mais je ne sais pas encore avec lequel je vais sortir jeudi soir. »

Breadcrumbing

Ce n'est ni une rupture, ni un véritable ghosting. Néanmoins c'est incontestable : les réponses aux textos se font de plus en plus espacées, et le premier message vient toujours de vous. En lieu et place de conversations menées frénétiquement sur Signal jusqu'à 3 heures du matin, vous ne récoltez qu'un sporadique « like » sous une photo Instagram ou un émoji à la signification indéchiffrable. (Merci, mais personne n'a que faire d'une fleur jaune sous sa photo de l'édition 2013 de We Love Green. D'ailleurs, vous ne vous rappelez plus vraiment de cette soirée.) Selon le nouveau lexique, ces maigres signes d'attention sont de "simples miettes de pain" (crumb) numériques destinées à vous égarer. Jusqu'à vous perdre. « Le breadcrumbing est une forme de manipulation, intentionnelle ou non, qui consiste à agir comme si on était sincèrement intéressé et investi dans une relation avec quelqu'un, alors que ce n'est pas le cas », précise la psychologue canadienne Monica Vermani à CNN. S'utilise aussi dans le cadre professionnel pour évoquer un chef faisant miroiter une promotion qui ne viendra pas. Comment l'utiliser dans une phrase ? « On se parle encore mais je n'ai pas eu de nouvelles depuis juillet. Je crois que je suis en train de me faire breadcrumber. »

Papercliping

À utiliser lorsqu'un ex resurgit dans votre vie sans raison. Il ou elle n'a pas envie de vous voir, il s'agit de se rappeler à votre bon souvenir. D'après le psychologue Bruce Y. Lee, la pratique tient son nom de Clippy, le très pénible personnage animé apparu au début des années 2000 dans les programmes Microsoft. Souvenez-nous : cette face de trombone apparaissait de temps en temps pour poser des questions qui vous distrayaient sans pour autant vous apporter la moindre aide utile. Ainsi, un ex vous fera parvenir un message non sollicité (un « ça va » dénué de ponctuation, par exemple) auquel il ne donnera pas suite une fois votre réponse envoyée. Comment l'utiliser dans une phrase ? « Il m'a vu sur Snap Map et m'a envoyé un texto juste pour me dire qu'il était dans le quartier. J'ai visiblement à faire à un cas de papercliping. »

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Kittenfishing

On connaissait le catfishing, pratique douteuse consistant à se créer en ligne un profil complètement bidon pour appâter et séduire sa cible. Le catfish (en français, poisson-chat) est donc une personne se faisant passer sur les réseaux pour ce qu'elle n'est pas. Dans une version édulcorée, le catfishing devient le kittenfishing (poisson-chaton) : un agrégat de semi-mensonges destinés à vous faire passer pour adorable et inoffensif. Comment l'utiliser dans une phrase ? « Je n'ai pas envie de le kittenfisher, mais je n'ai pas osé admettre que j'avais détesté Breaking Bad. »

Zombieing

Tout avait commencé comme une simple et sombre histoire de ghosting. Sans crier gare, cette personne que vous fréquentiez et/ou avec laquelle vous entreteniez une correspondance régulière disparaît brutalement de votre existence. Sauf qu'un beau jour, sans aucun signe avant-coureur, cette personne revient à la vie d'entre les morts, tel un zombie dans Land of the Dead. Comment l'utiliser dans une phrase ? « Pour éviter toutes tentatives de zombieing, j'ai bloqué tous mes ex sur WhatsApp. »

Situationship

La recherche d'une relation de couple aux contours correspondant aux injonctions de l'époque (en gros : combiner passion inépuisable avec profonde amitié) n'est plus l'alpha et l’oméga de la génération Z. « Ils trouvent plutôt de nouvelles façons de satisfaire ces besoins qui correspondent mieux à leur vie. Ce changement a donné naissance à l'idée de situationship – un terme qui décrit la zone grise entre amitié et relation amoureuse », explique la BBC. Sur TikTok, le #situationship génère de multiples contenus vantant les mérites ou énonçant les failles de cette forme de relation. Parmi les plus populaires, les vidéos listant les signes prouvant que vous êtes sans le savoir une situationship, ou expliquant pourquoi la situationship est souvent subie par l'une des deux personnes. Comment l'utiliser dans une phrase ? « Je ne suis pas sûre, mais je crois que je me suis retrouvée en situationship. »

Orbiting

Le terme a été créé en 2018 par la journaliste Anna Lovine sur son blog Man Repeller. L'orbiting est comme le zombieing, sauf qu'il s'étend dans la durée. Après avoir été ghosté, untel revient dans les bacs, likant une story par-ci, commentant une photo Facebook de 2015 par-là. Dans ce scenario, vous êtes la Terre, et lui ou elle un satellite qui vous tourne autour, en orbite, mais ne se posera jamais sur votre surface. Comment l'utiliser dans une phrase ? « Maxime est en pleine phase d'orbiting, c'est excessivement énervant. »

Crush

Ni un flirt, ni une liaison, ni un coup de foudre. « Le crush est à la fois une rêverie légère et une obsession, un sujet inépuisable de conversation et le prétexte à des enquêtes infinies sur les réseaux sociaux », raconte Christine Détrez, spécialiste des stéréotypes dans les représentations de genre. Dans son récent ouvrage Crush, la sociologue explique que le terme provient du verbe croissir, signifiant écraser, casser, briser. Apparu dès la fin du 19e siècle, il aurait été longtemps utilisé pour décrire et encourager les relations de saines compétitions entre jeunes filles dans les universités américaines non-mixtes. Quelques décennies plus tard, il décrit un engouement ayant vocation à demeurer caché, engouement fondé sur le fantasme, l'attirance physique et la rêverie. Comment l'utiliser dans une phrase ? « C'est qui ton crush au bureau ? »

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.

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