On est allé à la rencontre des fans de Sissy Mua, la créatrice de contenus fitness la plus influente de France. Si vous n'avez pas encore saisi le tsunami d'amour que peut provoquer le partage d'une passion commune... ils vont vous le raconter.
Paris. Un samedi d’automne. Il est à peine 9 heures et il fait beau. Tant mieux. Car en plein cœur du Marais, tout près de la mairie du 3eme arrondissement, des centaines de personnes forment une interminable queue et ils attendent. Cette longue file indienne va s’étendre et serpenter dans le quartier toute la journée. Et le lendemain encore. Eux sont là pour découvrir la collection capsule proposée par Sissy Mua, influenceuse fitness au 1,5 million de followers sur Instagram, 642 000 sur TikTok, et 200 000 sur Facebook. Et il va leur falloir être patients. Car pour atteindre les portes de la boutique, il faudra compter plus de huit heures. Et une heure encore pour arriver aux caisses. On n’avait pas vu ça depuis les grandes heures d’Apple ! Mais la relation que noue Sissy Mua avec ses « Fit gens » va très au-delà de ce que les love brands des hautes heures du marketing de masse provoquaient chez leurs consommateurs. Ici, s’activent beaucoup de sentiments - de l'admiration mais aussi de l'attachement profond, et une envie débordante de vivre plein de trucs ensemble. Vous n’avez pas trop compris le marketing de l’influence ? Vous pourriez être étonné par le marketing parasocial !
Faire huit heures de queue, pour elle, c’est pas un problème
« Je déteste faire la queue. D’habitude, je préfère payer, même très cher, plutôt que d’attendre... Mais pour Sissy, ça me fait plaisir d’être là. » Yasmina a 55 ans, et pour quelqu’un qui n’aime pas attendre, elle explique avec une pointe de fierté qu’elle a commencé sa journée par 40 minutes de voitures, qu’elle est arrivée dès 10 heures avec sa fille, qu’il est 16 heures passé et qu’elles n’ont toujours pas déjeuné. Ce n’est d’ailleurs pas grave. Elle trouve même que c’est « hyper sympa » que l’équipe de Sissy soit passée les voir : « Ils ont fait des selfies avec nous. Ils sont tous super accessibles, ils doivent être là depuis 7 heures du matin, mais ils continuent à sourire. »
Yasmina et sa fille viennent à peine d’entrer dans le hall du pop-up store où elles découvrent les trois portants de vêtements. La collection capsule comptent quelques leggings, t-shirts et pulls, tous proposés en divers couleurs – vendus autour de 40 euros. Rien de très original, si ce n’est le logo Train Sweat Eat, nom de l’appli de Sissy qui dit tout de son programme (on peut traduire par : s’entraîner, suer, manger). Mais rien ne semble pouvoir décevoir Yasmina. « J’aime vérifier la qualité des produits avant de les acheter – et là, hé bien, je suis convaincue. » Elle n’avait pas pu se faire plaisir lors d’une première vente organisée en ligne, tous les produits avaient été sold out en quelques heures – elle est d’autant plus décidée à se faire plaisir. Uniquement des habits : « 80 euros l’ensemble, ça monte vite, je pense que je vais dépenser dans les 400 euros. »
Tout travail mérite salaire, et elle, elle mérite amplement
L’événement est gratuit, ouvert à tous, et a été annoncé par Sissy à la communauté quelques jours avant sur les réseaux. La promesse : une collection de quelques produits – compléments alimentaires (une barre protéinée chocolat noisette en exclusivité), le parfum Warrior Girl dévoilé pour l’occasion, quelques goodies et une ligne de vêtements de fitness... Les premiers arrivés pourront repartir avec leurs commandes. Les autres devront précommander et patienter... encore. Mais quelques surprises ont été prévues pour les valeureux qui ont fait le déplacement : des mini-pancakes et des smoothies sont proposés à l’entrée. Mais c’est surtout à la sortie qu’arrive le point d’orgue de ce long parcours. Chacun pourra prendre un selfie avec Sissy Mua herself. Cela ne durera pas plus de trois minutes. Sissy, silhouette de guerrière affûtée dans son total look fitness, affichera son renversant sourire, et aura quelques mots adorables... et puis ce sera fini.
En revanche, toutes les animations ont été annulées. L’équipe de coachs sportifs de Sissy devait assurer des séances d’entraînement. Et Yasmina de s’enthousiasmer : « Ils n’avaient pas prévu que tant de monde viendrait, ils ont été dépassés par le succès. C’était ingérable de maintenir les ateliers. C’est vraiment formidable comme ils arrivent à faire des choses avec trois fois rien. »
Je n’avais jamais fait ça pour quelqu’un d’autre
Alice et Manon, deux collègues trentenaires volubiles, ont, comme Yasmina, bataillé pour être là. Elles arrivent de Bruxelles, se sont levées aux aurores, et feront l’aller-retour dans la journée. Quant aux jumelles Laure et Emma, leurs voisines rencontrées dans la queue, elles ont carrément pris l’option week-end à Paris : elles sont arrivées la veille de Moselle, et ne partiront que dimanche. Elles ne savent pas encore ce qu’elles vont s’offrir, mais sont décidées à ne pas regarder à la dépense. « Entre compléments alimentaires et vêtements, on devrait chacune dépenser dans les 200 euros calcule Laure. On s’est retenue plusieurs semaines pour pouvoir s’offrir des trucs ici. » Emma confirme : « On ne regrette pas. Tout travail mérite salaire et Sissy mérite amplement. Tout ce qu’elle fait est tellement qualitatif, on achète aussi pour la soutenir et lui faire plaisir. »
Chacune est abonnée à l’appli de Sissy. Elles découvrent qu’aucune d’entre elles ne paie la même somme. Elles s’en amusent, et en membre actif et concerné de la communauté, savent trouver l’explication : « Ils font souvent des promos sur l’abonnement et quand tu le prends, tu le gardes au même tarif à vie. Pour le contenu, c’est pas cher, déclare Manon. Et pourtant, je ne pensais pas être un jour cliente de ce genre de produits. Moi ça me coûte 85 euros par an. Je suis devenue tellement accro, je m’en sers presque tous les jours... Franchement, par rapport à n’importe quel abonnement en salle, ça vaut plus que le coup. »
Elle m’a sauvé du confinement, elle a changé ma vie
La plupart ont découvert Sissy pendant les confinements. Elle proposait alors un live quotidien, gratuit, tous les soirs à 19 heures. « Elle m’a sauvé la vie, s’emballe Alice. C’est simple, dès que je me levais, j’attendais ce moment et on était des milliers à suivre ses entraînements. Aujourd’hui, c’est la personne qui m’accompagne tous les jours. » Marie, la vingtaine, étudiante en marketing, acquiesce : « Sissy a changé mon rapport au sport. » Et quand on demande pourquoi Sissy plutôt qu’une autre, les arguments fusent. Parce que Sissy et son équipe de coachs font les exercices en même temps et qu’ils transpirent, qu’ils galèrent, qu’ils se plaignent parce que c’est difficile et qu’ils souffrent comme nous, avec nous. Parce qu’ils arrivent à casser les barrières de l’écran. Et aussi, pour son énorme communauté très saine et très bienveillante qui motive beaucoup. Manon renchérit : « Sissy t’encourage – on a l’impression qu’elle te parle – elle arrive à te motiver pour que tu restes et que tu ne lâches pas pour faire l’exercice jusqu’au bout. Elle te félicite et fait des séances de questions réponses en direct, elle est très proche. Il y a plein d’autres applis, mais ça n’a rien à voir. Elle, elle nous parle. »
Entrepreneuse et femme forte avant tout
Elsa est une fidèle parmi les fidèles. Depuis 8 ans, elle se lève tous les matins à 5 heures pour suivre les programmes de Sissy : « Pendant des années, j’ai fait beaucoup de sport, notamment de la danse classique. Avec l’université, tenir les horaires était devenu plus difficile, maintenant j’ai repris le rythme. » Mais pour elle, Sissy est bien plus qu’une simple influenceuse fitness, elle fait partie de sa vie. Et quand Tini, compagnon de Sissy, son associé et coach sportif lui-même, passe dans la foule pour saluer tout le monde, elle est moins impressionnée qu’émue : « Ce sont de vrais compagnons. Je les vois tous les jours, alors quand je le vois en vrai, j’ai l’impression de retrouver un vieux copain ». Marie confirme mais ajoute une pointe d’admiration : « Sissy est partie de rien. Elle a commencé à faire des petites vidéos YouTube dans sa chambre d’étudiante et aujourd’hui c’est une vraie chef d’entreprise ! C’est vraiment un exemple inspirant et qui donne confiance en soi. Moi, elle m’a aidé sur un plan très personnel. Je fais partie des 5% de femmes qui ont demandé la main de leur mec - et si je l’ai fait, c’est en partie grâce à elle. Elle dit toujours : prenez votre vie en main et poursuivez vos rêves. » Alice confirme : « Elle est la première à le dire : si vous n’aimez pas ce que je fais, partez – ne le faites pas. »
C’est pas la Kardashian...
Dans la foule, Zoé nous raconte. Elle travaillait dans la gestion et vient de tout plaquer pour entrer dans la police. Pour elle aussi, Sissy est comme une amie qui nous veut du bien. « Elle prône de rester soi-même. Ça fait tellement de bien. C’est pas comme les Kardashian qui disent qu’il faut avoir le boule comme ça, les hanches comme ci... Les mannequins, les pubs, en fait, on s’en fout ! Des hanches ou pas de fesses, des seins ou des épaules larges... du moment que ton corps te plaît, que tu te respectes, l’avis des autres, on s’en fout ! » Quand on remonte à ses premières vidéos, les changements physiques de Sissy se constatent. Elle n’a pas le galbe ultra-transformé de KK, mais répond à tous les diktats du corps ultra-sain et magnifiquement ciselé. Cependant, elle ne cesse de répéter que c’est surtout au moral qu’elle mesure les effets de ses entraînements : c’est en puissance qu’elle a gagné, une puissance qui se mesure aussi dans la force mentale qui lui permet d’affronter la vie. Zoé acquiesce.
La meilleure version de soi-même
Marie sent aussi qu’elle a changé. À son rythme. « J’ai énormément progressé, je me suis vraiment vu évoluer d’un programme à l’autre – et d’ailleurs quand j’arrête, je vois aussi que je régresse. Il y a tout un suivi personnalisé très stimulant... On peut se mettre des notes – voir et partager sa progression. Comme ce sont des séances assez courtes, entre 20 et 40 minutes, qu’il y en a pour tous les niveaux, chacun peut choisir d’aller à son rythme. » Un plaisir qui passe par les écrans, mais qui est loin d’être solitaire. De nombreux fans partagent leurs exploits à grand renfort de photos avant-après, mais où on n’hésite pas à demander conseils sur un ventre trop rond ou une peau d’orange qui ne se résorbe pas... Les commentaires sont toujours encourageants et donnent dans le conseil de filles délurées. À la question angoissée de Lou – « Hello les filles, des solutions EFFICACES contre la cellulite ? » – Mélanie répond, cash – « Changer les mentalités ». Une réponse que Sissy, toute en muscles et en gouaille, aurait pu lancer...
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