tournage en extérieur nuageux

« Tournages responsables Â» : les sĂ©ries se mettent au vert

© guruXOOX via Getty Images

Plus belle la vie, Baron Noir… de plus en plus de séries tentent de limiter l'impact environnemental de leurs tournages. Du recyclage des décors au transport des comédiens en voiture hybride, tous les moyens sont bons, même si le chemin est encore long.

Projecteurs gourmands en énergie, gaspillage alimentaire, tournages à l’autre bout du monde et trajets en avion… l’industrie audiovisuelle n’est pas réputée pour sa conscience environnementale. En France, le secteur émet environ 1 million de tonnes d'équivalent CO2 dans l'atmosphère chaque année, dont environ le quart est directement lié aux tournages, révèle le CNC avec Ecoprod, collectif luttant pour une industrie audiovisuelle plus responsable.

Moins de plastique, gestion des déchets… quand les tournages se mettent au vert

Depuis quelques années pourtant, le secteur fait son autocritique et tente de mettre en place des solutions concrètes sur les lieux de tournage. Vous serez d’ailleurs surpris d’apprendre qu’en France, la série marseillaise Plus belle la vie est pionnière en la matière. En 2017, Le Parisien saluait déjà des efforts de longue date de la part des équipes de tournage. Au Mistral (quartier fictif de Marseille où se déroule la série, ndlr), on consulte le script de chaque épisode sur tablette, on se déplace en voiture hybride pour se rendre sur le plateau et on limite au maximum le gaspillage alimentaire en cuisine.

« Le chef travaille avec des producteurs locaux, les Ă©pluchures servent Ă  faire du biocompost... Et l'ancienne machine Ă  cafĂ© dotĂ©e de capsules jetables a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une machine Ă  grains moins gourmande. Ă€ la clĂ©, une Ă©conomie de près de 80 000 capsules par an et autant de dĂ©chets en moins, rapporte le mĂ©dia. Ne cherchez pas non plus une assiette ou une cuillère en plastique. La vraie vaisselle est privilĂ©giĂ©e pour Ă©viter de mettre Ă  la poubelle 20 000 assiettes en plastique par an. Â» Du bon sens donc, mais pas que.

Autre exemple, la sĂ©rie Baron Noir dont le tournage de la troisième saison s’est achevĂ© en aoĂ»t dernier. Selon Sciences et Avenir, l’entreprise spĂ©cialisĂ©e en Ă©co-tournage Secoya est notamment intervenue sur le plateau pour optimiser la gestion des dĂ©chets. LancĂ©e en 2018, la sociĂ©tĂ© se targue notamment d’avoir Ă©conomisĂ© plus de 80 000 bouteilles d’eau, Ă©vitĂ© l’utilisation de plus de 50 000 capsules de cafĂ© et recyclĂ© plus de 700 poubelles. « On sensibilise sur la consommation de papier et de donnĂ©es numĂ©riques avant et pendant le tournage, on mutualise les voitures pour le transport, on privilĂ©gie des hĂ´tels engagĂ©s, des dĂ©cors rĂ©utilisables, l'usage de gourdes, et la nourriture provient de circuits courts. On fait de petits pas ! Â», explique l’un des fondateurs au mĂ©dia.

Hollywood s’y met aussi

Outre-Atlantique, Hollywood se met aussi à l’éco-production. Il y a quelques années, rappelle Variety, plusieurs studios de production (NBCUniversal et le syndicat Directors Guild of America notamment) se sont réunis pour lancer The Green Production Guide, un guide détaillant certaines des actions à mettre en place pour limiter l’impact des tournages sur l’environnement. Selon le média américain, ses directives incluent notamment l’élimination des ustensiles en plastique au profit du papier, le recours au réseau électrique des studios plutôt que l'utilisation de générateurs alimentés avec du carburant et même de la signalétique pour inciter aux bonnes pratiques. 

Souvent pensĂ©s Ă  usage unique, les dĂ©cors sont aussi dans le radar de l’éco-production. Ă€ ce titre, le mĂ©dia amĂ©ricain s’appuie sur l’exemple du film d’horreur The Possessions of Hannah Grace (Sony Pictures), sorti en 2018. Lors d’une scène Ă  frissons, l’actrice principale, Shay Mitchell, se retrouve dans un dĂ©dale de couloirs fabriquĂ©s Ă  partir de cubes Emagispace, une entreprise spĂ©cialisĂ©e dans la conception de dĂ©cors en bois modulables et rĂ©utilisables. À noter que Sony devrait prochainement devenir « le premier studio Ă  installer des panneaux solaires Â» sur certains de ses plateaux.

Petits et grands, les exemples d'Ă©co-conception sont lĂ©gion. La difficultĂ© ? Trouver une alternative Ă©cologique Ă  chaque maillon de la chaĂ®ne de production.

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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