Propagande : des rappeurs disciplinés célèbrent les 100 ans du Parti communiste chinois

Propagande : des rappeurs disciplinés célèbrent les 100 ans du Parti communiste chinois

© Hip-Hop Fushion

Pour célébrer le siècle du Parti communiste chinois, le label de hip-hop Fushion a dévoilé un morceau performé par 100 rappeurs. Entre gloire du parti et rayonnement magistral du pays, la chanson entend faire vibrer la corde patriotique des jeunes Chinois. 

Après Wings of Songs, cette comédie musicale sortie au mois de mars qui déguisait le sort de la minorité Ouïghour en Chine, le Parti communiste chinois s’est attaqué à un tout autre registre musical, et pas nécessairement des plus attendus en matière de propagande. 

Du rap pour célébrer les 100 ans du Parti 

À l’occasion des 100 ans du Parti communiste du pays, le 1er juillet prochain, le label de hip-hop Fushion a sorti le morceau 100%, une sorte de compilation de paroles chantées et rappées par cent artistes chinois à la gloire de ses réalisations depuis sa création, en 1921.

« De l'extrême pauvreté au succès, je ne regrette pas d'être né en Chine, de nouveaux trains à grande vitesse, de nouveaux ports, de nouveaux looks et une nouvelle histoire, allez la Chine, rajeunissons notre grande nation », célèbrent certaines des paroles relayées par le magazine Quartz. Dans un autre couplet, un rappeur vante la longueur d’avance de son pays sur le reste du monde. « Nous n’avons pas peur de la comparaison avec les autres, nous avons déjà pris les devants, nous avons de l’argent à la banque… Nous nous jetons sur le monde pour rester au sommet. »

Les paroles, qui chantent les louanges de l’Empire du milieu, sont sûrement moins surprenantes que le choix du genre musical lui-même, le rap étant à l'origine l’instrument des mouvements contestataires sociaux et politiques aux États-Unis. 

Un choix loin d’être anodin

Interrogé par Quartz, Nathanel Amar, directeur du Centre français de recherche sur la Chine contemporaine, explique que les rappeurs du pays doivent occasionnellement montrer patte blanche pour « conserver leur popularité auprès du grand public ». Selon lui, et plutôt que d’interdire le hip-hop, « les autorités essayent de coopter les rappeurs pour diffuser une énergie positive », quand bien même certains fans ne seraient pas tous dupes. 

Outre les artistes, ce sont aussi les influenceurs qui se chargent parfois de redorer l’image du pays. Sur YouTube, la chaîne bucolique de Li Ziqi, une douce jeune femme qui s’occupe de sa grand-mère, de la cuisine et du jardin dans ses vidéos à succès, est soupçonnée d’être une arme de propagande redoutablement efficace dans la promotion des valeurs du pays. Bart Baker, un ancien youtubeur américain spécialisé dans les parodies de tubes pop, a quant à lui recyclé son succès en Chine où il traduit et chante en anglais les paroles de tubes patriotiques locaux. 

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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