un musée virtuel avec un tableau

Occupy White Walls, le Minecraft de l’art pour créer son musée

© Occupy White Walls

Sur Occupy White Walls, vous créez votre galerie, choisissez les œuvres qui vous font vibrer et organisez son contenu comme un vrai collectionneur d’art. Un genre de Minecraft pour hipsters ? Tout sauf ça, selon ses créateurs. 

Sale temps pour la culture. Alors qu’un retrait de 22 milliards d’euros est annoncé en France pour le secteur, l’activité annuelle des musées et des monuments devrait dégringoler de 65% en 2020. Et puisque les pertes des uns renflouent souvent les caisses des autres, les rares gagnants de la crise liée au Covid-19 sont les plateformes numériques et les jeux vidéo. En témoigne le regain de popularité du jeu londonien Occupy White Walls durant le confinement, une plateforme à la Minecraft permettant aux joueurs de créer et gérer leur propre musée en ligne. 

Selon le New York Times, le jeu multijoueurs aurait attiré 10 000 utilisateurs entre les mois de mars et avril, lesquels s’ajoutent aux 40 000 joueurs déjà inscrits. Près de 50 000 galeries d’art couvrant plus de 65 millions de mètres carrés virtuels ont été créées sur la plateforme depuis son lancement en novembre 2018. De quoi faire pâlir Le Louvre qui a récemment rouvert ses portes. D’autant plus qu’ici, nul besoin de payer son entrée ou de poireauter 10 ans derrière une horde de touristes pour voir La Joconde

Des galeries d’art personnalisées

 
 
 
 
 
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Gallery kbold⁠ ⁠ oww.io/gallery⁠ ⁠ #steam #gamers #art #gamedev

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Une fois leur compte créé (il existe deux options; gratuite ou payante), les joueurs peuvent concevoir leur propre espace artistique en choisissant parmi plus de 2 300 blocs de design et d’architecture. « Vous êtes plutôt du style Musée de l’Hermitage, MoMa Ps1 ou Trump Tower ? Nous avons ce qu’il vous faut », plaisantent les créateurs du jeu. Les collectionneurs en herbe accèdent ensuite à une bibliothèque d’environ 7 000 œuvres, dont une bonne partie provient de collections publiques, et peuvent ainsi habiller leurs murs. 

 
 
 
 
 
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Vous ne connaissez rien à l'art ? Aucun problème. Une IA prénommée DAISY est là pour vous aider à faire votre choix. Au fur et à mesure de vos recherches, elle exclut automatiquement le type d’œuvres que vous n’aimez pas. Soudain, vous avez le coup de foudre pour un Vermeer ou un Van Gogh. Cela dit, vous avez aussi le béguin pour le travail de ce photographe que vous venez tout juste de découvrir. Alors vous déboursez des « cubes », la monnaie locale du jeu. Si votre musée vient d’ouvrir, vous n’en aurez sûrement pas assez. Pour ça, il faut jouer et surtout y attirer du monde. 

Plus vous achetez d’œuvres, plus les autres joueurs viennent voir votre musée. Et plus il y a d’affluence, plus vous gagnez des cubes pour compléter votre collection. Il est également possible d’acquérir des œuvres en négociant avec d’autres collectionneurs sur le chat du jeu. 

Les seules personnes concernées par le “marché de l’art” sont les marchands d’art (ou du moins, 1% d’entre eux) et les collectionneurs ultra-riches. Nous sommes là pour changer ça.

Repenser la politique des musées

De quoi rendre les visites culturelles plus ludiques et moins « rebutantes » pour certains publics, estime StickiPixels, la société qui a développé le jeu. Une façon aussi de donner de la visibilité aux artistes émergents qui peuvent faire circuler leur travail librement en conservant leurs droits d’auteur. 

 
 
 
 
 
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« Le modèle de l’exposition physique est dépassé (...), estime l’éditeur. Il ne fonctionne pas pour les galeries et les musées qui ne peuvent généralement qu’afficher 5% de leur collection avec le reste caché au sous-sol. Il fonctionne encore moins pour les artistes qui peinent à émerger et à atteindre leur public. Les seules personnes concernées par le “marché de l’art” sont les marchands d’art (ou du moins, 1% d’entre eux) et les collectionneurs ultra-riches. Nous sommes là pour changer ça. »

Un engagement que la plateforme compte tenir sur la durée. Dernièrement, elle a téléchargé presque la totalité de la collection de la National Gallery de Londres, soit plus de 2 300 œuvres dont une partie, (58%) n'est pas exposée entre ses murs, affirme un communiqué. Et tout est gratuit puisque qu’elles sont désormais tombées dans le domaine public. « Tout comme la plupart des gens ont désormais des collections personnelles de musique, de films ou de jeux, nous envisageons un monde où ils auront également une collection d'art, et ce, même s'ils ne sont pas des oligarques. »  

Selon le New York Times, plusieurs institutions culturelles auraient depuis approché la plateforme pour discuter d’éventuelles collaborations. 

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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