350 ans après que la technologie du plan-relief a été introduite par Louis XIV comme un outil de stratégie militaire, Microsoft et deux entreprises françaises proposent un parcours en réalité mixte pour redécouvrir la maquette 3D du Mont-Saint-Michel.
Au Musée des Plans-reliefs, dans les combles de l’Hôtel des Invalides, Brad Smith, président de Microsoft, inaugurait le 10 octobre un nouveau parcours en réalité mixte autour d’une maquette 3D du Mont-Saint-Michel. Oeuvre de moines de l’abbaye, elle fut plus tard offerte à Louis XIV.
La cartographie... une histoire de tech
Aidé du ministre Louvois, Louis XIV avait en effet introduit la technique des maquettes en plan-relief à des fins militaires. Au XVIIe siècle, cette technique de représentation géographique en trois dimensions a tout d’une révolution. Sans drones ni avions, difficile à l’époque d’obtenir des vues aériennes ! À l’aide de la réalité mixte, réalité hybridée entre réalité virtuelle et réalité augmentée, la maquette 3D du Mont-Saint-Michel se paye aujourd’hui une seconde jeunesse.
Présentant le projet aux côtés d’Emmanuel Starcky, Directeur de l’institution, Brad Smith explique : « Cartographier le monde a toujours été fondamental pour le progrès humain. La connexion entre le 17ème siècle et le 21ème siècle était évidente. Nous avons utilisé une technologie de l’époque et l’avons amélioré avec celles d’aujourd’hui ».
À l’occasion des 350 ans de la collection du musée, vous pouvez désormais découvrir le monument en tournant autour de sa maquette, casque HoloLens vissé sur la tête.
La réalité mixte au service du patrimoine français
Proposé par Microsoft et les entreprises françaises Iconem et HoloForge, ce parcours de 12 minutes permet aux visiteurs de découvrir l’histoire du Mont-Saint-Michel en accédant à des plans de coupe ou des salles souterraines en hologrammes.
Derrière le casque, la maquette semble prendre vie. On peut même voir l’eau apparaître autour de l’île à marée haute. « Ce qui n’était initialement qu’un ensemble de papier mâché, tissus et cartons teints se transforme en un écosystème vivant de clochers, ogives et murailles, à l’épreuve des marées et de la Guerre de Cent ans », rapporte un communiqué de Microsoft.
Garder une trace des patrimoines en péril
En matière de reconstitution 3D et de réalité mixte, le champ des possibles est vaste. En 2017, le CNRS avait aussi utilisé un casque HoloLens pour rendre compte des couleurs originelles d’un buste d’Akhenaton. « En termes d’application patrimoniale, je pense surtout au récent incendie qui a ravagé le musée national du Brésil », rapporte Florent Pelissier, Chef de produit HoloLens. Le 2 septembre dernier, une majeure partie de sa collection avait en effet été détruite par les flammes. Un appel lancé pour recréer virtuellement le musée a d’ailleurs été lancé depuis, rapporte Télérama.
Et le mouvement va, heureusement ou malheureusement, prendre de l’ampleur. À l’Institut du Monde arabe, on peut en ce moment voir les villes de Palmyre, d’Alep et de Mossoul renaître de leurs cendres grâce à l’imagerie 3D (à noter que l'entreprise Iconem est aussi à l'origine du projet). Dans le Grand Nord australien, des rangers aborigènes s’organisent pour préserver leur patrimoine artistique de la montée des eaux. En cartographiant en 3D les grottes sur lesquelles ils ont dessiné, ils archivent des œuvres millénaires qu’ils verront, plus tard, en réalité mixte.
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