Dessin, pixel art... la catégorie Art de Twitch, ce hâvre de paix créatif

La catégorie Art de Twitch est un véritable havre de paix créatif... et décolle

© kwaiicrystal Via Twitch

Aussi efficace qu’une séance d’art thérapie, la catégorie « Art » de la plateforme Twitch, qui montre des artistes en train de créer, a quasiment doublé son nombre de vues en 2020. Une parenthèse virtuelle bienfaisante à l’heure où nos journées sont encore rythmées par la pandémie.

Au moment où cet article prend forme, le dessin de la twitcheuse brésilienne Cristal se dévoile lentement sous nos yeux. À l’écran, on ne voit que ses mains vernies s’affairant sur l’esquisse d’un crâne de pirate. Les contours sont déjà tracés. Elle y ajoute des couleurs à l’aide d’une palette de peinture acrylique, tandis qu’une musique relaxante vient compléter ce charmant tableau. On se sent bien. En la regardant faire, on atteindrait presque l’état de « flow », cette zone mentale dans laquelle se trouve une personne particulièrement absorbée par une activité.

Nous sommes sur Twitch, plus précisément dans la catégorie « Art » de la plateforme. Lancée en 2018 pour donner voix au chapitre aux artistes au sein d’une communauté majoritairement composée de gamers, elle leur permet de créer, d’échanger avec leurs fans et de montrer l’évolution de leur travail en direct. 

Art thérapie

Dessin et art du manga, coloriage, arts graphiques sur Photoshop… l’espace foisonne de créatifs de tous horizons et a connu une croissance de 84% de son audience en 2020 par rapport à 2019. La faute aux confinements ? Certainement. Forte de 2,1 millions d’abonnés pour une moyenne de 10 000 téléspectateurs, la catégorie enregistrait 6,5 millions d’heures visionnées en 2020, contre 3,5 millions sur une période similaire en 2019. 

Autant dire que l’on est loin de certaines des catégories phares de la plateforme, commente le média Ctrlz, comme Just Chatting (qui cumule en moyenne 350 000 spectateurs) ou encore Musique (30 000 spectateurs). Pour autant, la percée n’est pas anodine au vu du contexte. À force de tourner en rond chez eux, les internautes trouvent une forme d’apaisement et de réconfort dans ces vidéos de création plastique et/ou numérique en direct.

Il faut dire que la chaîne posthume du peintre Bob Ross, première de la catégorie avec près de 753 000 heures visionnées en juillet 2020, n’a rien à envier à la tendance de l’ASMR. L’artiste, qui animait l'émission The joy of painting sur PBS entre 1983 et 1994, a désormais un véritable fan club sur Twitch. On le voit apposer des couleurs sur des canevas et former, lentement mais sûrement, des paysages bucoliques, des cours d’eau, des nuages et des montagnes.

Un esprit collaboratif

La catégorie, initialement créée pour compiler tout ce qui n'appartient pas au monde du jeu vidéo, regorge aussi de petites pépites, comme ce sculpteur qui transforme de l’argile en de jolies petites figurines, cet artiste italien qui fait de l’art avec une machine à écrire ou encore les streams étranges de la body artiste Mizzy.

On trouve enfin le live Twitch Make Pixel Art qui se targue d’être « le premier stream intégralement interactif » de la plateforme. L’expérience, qui invite les participants à ajouter des pixels de couleur sur une toile virtuelle toutes les 5 secondes, produit des oeuvres éphémères qui fluctuent en fonction des groupes y participant. Elle s’inspire d’un projet expérimental similaire, Place, mené sur Reddit en 2017. 

De manière générale, les streams de la catégorie portent tous ce même aspect collaboratif. Tuyaux et conseils, échange privilégié avec des artistes, construction d’une communauté… il y règne un esprit de franche camaraderie qui donne du coeur à l'ouvrage. Là où une plateforme comme Instagram permet seulement d’admirer le travail de créateurs sans nouer de lien réel, Twitch montre l'envers du décor sans artifice et déconstruit le mythe du talent sans effort. Un esprit maker qui donne envie de faire des choses de ses mains, l'appât du like en moins.

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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