TikTok est un formidable outil de militantisme… Mais pour attirer les faveurs de l'algorithme et celles des internautes, les activistes sont plus créatifs que jamais.
Qui a dit que la jeunesse ne s’intéressait plus à la politique ? Sur TikTok, une nouvelle génération de militants a su trouver les formats les plus efficaces pour sensibiliser les Z à leurs arguments et leurs discours critiques.
En 2020 déjà, les chercheurs Ioana Literat, de l’université de Columbia et Neta Kligler-Vilenchik, de la Hebrew University of Jerusalem racontaient au New York Times comment des millions de jeunes s’ouvraient à la critique du capitalisme sur une plateforme destinée avant tout à mettre en avant du playback et des sketchs rigolos.
Pour être bien visibles sur la fameuse page For You de TikTok, ces créateurs militants ont donc recours à des formats très inventifs et dont l’objectif est toujours le même : faire en sorte que les spectateurs restent jusqu’au bout. En effet, l’une des caractéristiques des algorithmes de TikTok est de favoriser les contenus dont le temps de visionnage est le plus long possible. Petit passage en revue des différentes techniques.
Alors elle danse !
On dit que les charmeurs de serpents arrivent à hypnotiser les animaux grâce au mouvement incessant de leur flute. C’est la même technique que toni.nagy utilise. Cette jeune femme dégingandée ponctue chacune de ses phrases avec des pas de danse loufoques. Pour expliquer notre dépendance aux grosses compagnies financières ou la fascination des Américains pour les armes à feu, elle joue des chorégraphies tellement drôles et improbables que l’on est obligé de regarder jusqu’au bout.
La technique du tuto beauté
C’est par ce format que sont arrivés les premiers TikTok « politiques » durant la campagne présidentielle américaine. Une jeune femme se maquille face caméra et déclame en même temps un discours militant. L'objectif est le même que les militants qui dansent : il s'agit avant tout de « tromper l’algorithme » de la plateforme. Mais là encore, il n'y a pas que l’algorithme qui tombe dans le panneau. On veut voir le résultat final, on reste donc jusqu'à la fin, ce qui augmente le watchtime et donc la viralité d’une vidéo.
Des leds et du gros débit pour casser les mythes
Sur la forme, les vidéos de @Vattica respectent les codes les plus classiques de TikTok : un montage très cut, un flot de paroles très rapide et une pièce décorée des éternelles bandes de leds. Mais sur le fond, ses vidéos dépotent. Voulant mettre à mal le mythe du self made man / woman qui, sur fond de rêve américain, est censé s'être fait tout.e seul.e, il raconte la véritable biographie des stars. Comment des Lady Gaga, Lana Del Rey, Ed Sheeran ou autres Kid Rock viennent de familles aisées, quels ont été les prix de leurs très chères universités et écoles et qui sont les personnalités très influentes qu’ils fréquentent dans le privé.
Celui qui se prend pour Woody Allen
Baron Ryan est un cas à part sur TikTok. Cet auteur et acteur produit des vidéos qui semblent toutes tirées d’un film de Woody Allen. Il a gardé du cinéaste un fort penchant politique et philosophique sur le sens de nos existences et le fonctionnement de notre société. C’est toujours malin et poétique même si le style intello à lunettes ne plaît pas à tout le monde. Sa série où il incarne un journaliste radio qui interviewe un extraterrestre portant un regard absurde sur l’humanité reste ce qu’il fait de mieux.
Celui qui flotte dans le ridicule
itspusher a une drôle de façon de vous faire prendre conscience du dérèglement climatique ou du problème des loyers trop chers dans les grandes villes. Il se place devant un tissu vert, incruste un fond étoilé et flotte dans cet espace tout en chantonnant des petits morceaux entêtants. C'est à la fois totalement ridicule et terriblement efficace.
Des mini-documentaires animés
« Quel est l’objectif de la société moderne », « Pourquoi autant d’adultes souffrent de maladies mentales » ; autant de questions sociétales dont s’empare @Dormroomphilosophy. Le format court et percutant met surtout en avant des mini-documentaires mélangeant animation, collage et images d’archives.
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