
Chaque partie de notre corps peut faire l’objet d'un complexe. De la taille de notre nez à celle de notre front, la tendance du « body checking » passe en revue notre anatomie, jusqu'à nous faire réaliser que nous sommes tous moches et difformes.
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé si votre nez bouge de « la bonne manière » quand vous parlez, si votre visage est vraiment symétrique ou bien si votre front n'est pas plus grand que vos cinq doigts mis côte à côte ? Si oui, vous êtes sans doute déjà tombé dans ce recoin étrange de TikTok où l’on scrute le moindre centimètre de son corps, à coups de « body checking ». Petit passage en revue d'une tendance qui mène droit à la dysphorie ou au bistouri.
Atteindre la symétrie parfaite
On le sait tous, nos corps – et en particulier nos visages – ne sont pas totalement symétriques. Vous aurez toujours un œil plus haut ou une narine plus ouverte que l’autre. Si cette asymétrie n’est généralement pas un problème, elle devient pourtant une obsession pour les tiktokeurs qui utilisent le filtre inverseur de la plateforme. Ce dernier permet d’afficher une image de votre visage non pas comme il apparaît dans un miroir, mais comme les personnes extérieures peuvent le voir. En activant et en désactivant rapidement le filtre, on peut alors s’apercevoir plus facilement du manque de symétrie du visage – ce qui peut s’avérer traumatisant pour certains.
Heureusement qu’il existe toujours des Jean-Michel Perfection pour nous donner des conseils, comme dormir sur le dos ou mâcher deux chewing-gums au lieu d’un.
D'autres filtres plus fantaisistes, mais aussi plus controversés hantent la plateforme comme le fameux « golden ratio » qui détermine si les proportions de votre visage sont conformes au nombre d'or censé être un signe d'harmonie.
L'obsession du nez
Quand on sait que la majorité des actes de chirurgie esthétique concerne le nez (18 %), il n'est pas étonnant de voir le hashtag #nosejob cumuler plus de 6 milliards de vues sur TikTok. En scrollant sur les vidéos, on y croise beaucoup de jeunes femmes qui documentent en playback leur opération.
Vous n'avez pas encore sauté le pas du bistouri ? Pas de problème, de nombreuses vidéos vous apprendront comment « dégonfler » votre nez en le massant ou bien comment améliorer sa forme en y fourrant des petites arches en plastique qui sont très largement promues par des influenceurs.
« Ton front, c'est une piste d'atterrissage »
Ce commentaire peu sympathique peut être lu sous l'une des nombreuses vidéos du #foreheadcheck qui compte plus de 50 millions de vues. Le principe de ce challenge est simple. Mettre la main sur son front et dévoiler peu à peu la taille de ce dernier jusqu’à la première ligne de cheveux.
Un autre moyen de vérifier si l'on est bien dans la « norme » consiste à mesurer la taille de son front en comptant le nombre de doigts. Attention de ne pas dépasser 5 doigts sous peine d'être relégué dans la catégorie des moches.
Cachez ces dents jaunes
Le sourire et les dents ne sont évidemment pas épargnés par la tendance du bodycheck. Vous pouvez notamment vérifier si vos dents sont parfaitement blanches avec le yellowteeth challenge qui applique un filtre faisant ressortir la moindre nuance de jaune.
Une fois ce problème réglé, vous devez constamment penser à la manière dont vous parlez pour toujours montrer vos dents du haut et pas celle du bas. (Pourquoi ? Parce que).
Tout cela pourrait effectivement prêter à sourire tant ces challenges sont là pour s'amuser. Mais les choses peuvent prendre une tournure beaucoup plus sombre et TikTok le sait. Avec son algorithme, l'accumulation de ces vidéos portant sur les mêmes thématiques corporelles peut rapidement se multiplier sur la page For You des utilisateurs. Dans l'espace commentaires, il n'est pas rare de lire des insultes ou de voir des internautes indiquer qu'ils se sentent moches en comparaison des beautés parfaites qui sont sur la plateforme. Le terme « bodycheck » est aussi sous surveillance. Quand on le tape dans l'outil de recherche, on tombe sur une page qui nous propose de nous orienter vers une aide psychologique. Cela n'empêche pourtant pas la diffusion de challenges visant à établir des normes de beauté irréalisables ou la publication de filtres qui finissent par donner des problèmes de dysmorphie aux utilisateurs influençables.
On a tous été ados et complexés. Ça passe...! TikTok n'est qu'un système sans pilotes qui reflète bien les insignifiances au point de les rendre signifiantes. On pourra s'en passer !